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Deux ans pour miner la violence contre les femmes

Amnesty International veut mettre un terme à la violence faite aux femmes. L’ONG vient de lancer la plus importante campagne de son histoire.

En Suisse, l’artiste Pipilotti Rist et la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey ne sont pas les dernières à soutenir son programme.

«Dans le monde entier, la violence contre les femmes constitue la violation des droits humains la plus répandue», assure Amnesty International.

«De la naissance à la mort, en temps de paix comme en temps de guerre, les femmes sont confrontées à cette violence et à la discrimination dont se rendent coupables les Etats, la société et les familles», poursuit l’ONG.

Selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la violence est simplement la plus grande cause de mortalité des femmes entre 16 et 44 ans.

Sur les champs de bataille comme dans les chambres à coucher, les femmes sont victimes d’un degré terrifiant de violence, martèle la secrétaire générale d’Amnesty International.

Selon Irene Khan, «jusqu’à ce que nous tous, hommes et femmes, nous disions ‘Je veux que cela cesse’, cela continuera».

Une femme sur trois violentée

Dans un rapport récent, Amnesty souligne qu’au moins une femme sur trois subira dans sa vie de graves violences qui sont le plus souvent le fait de proches ou de parents.

Le viol, ou les tentatives de viol, concerne une femme sur cinq et devient de plus en plus souvent une arme de guerre, constate l’organisation.

«Il faut citer les fillettes enrôlées de force dans l’armée, couramment violées par les autres soldats, les civiles de tout âge mutilées, violées et tuées par les troupes de l’autre camp pour qui ces actes constituent une arme de guerre (…); bref, les conflits armés ont des répercussions désastreuses sur les femmes, bien au-delà de la violence inhérente à la guerre».

Toujours selon Amnesty, deux millions de fillettes âgées de cinq à 15 ans sont contraintes de se prostituer chaque année. Un marché qu’Amnesty évalue à sept milliards de dollars.

En Zambie, cinq femmes meurent chaque semaine, victimes de leurs conjoints ou de leurs parents les plus proches, déplore encore l’organisation, insistant sur le fait qu’aucun pays n’est réellement parvenu à protéger les femmes dans leurs foyers.

Une Américaine est ainsi battue par son conjoint toute les 15 secondes et un viol est commis toute les 90 secondes aux Etats-Unis. En France, 25’000 femmes sont violées chaque année.

Des excisions par millions

Amnesty stigmatise aussi les pratiques religieuses telles que l’excision, dont 135 millions de femmes ou fillettes ont été victimes et qui se répand au rythme de deux millions supplémentaires chaque année.

Les femmes, ajoute Irene Khan, «sont les premières à subir la pénurie de services sociaux, les premières à être privées d’éducation et de soins de santé. Les conséquences de la mondialisation économique appauvrissent et marginalisent de plus en plus de femmes.»

Avec sa campagne mondiale, l’organisation humanitaire exige que «les droits des femmes s’imposent enfin comme des droits humains»: les femmes doivent être protégées, les crimes poursuivis et les auteurs de violences punis.

Amnesty réclame notamment que les gouvernements respectent leurs engagements internationaux, que les lois discriminatoires soient abrogées et remplacées, et que les femmes puissent exercer leurs droits sociaux, culturels, politiques et civiques.

L’ONG compte s’engager en priorité contre la violence faite aux femmes dans les situations de conflits et post-conflits, ainsi qu’au sein de la famille.

Amnesty publiera des rapports tous les trois mois tout au long de sa campagne de deux ans.

swissinfo et les agences

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