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Hariri retourne sous les verrous

Après plus de trois mois de cavale, le pirate de l'air Hussein Hariri a été arrêté lundi au Maroc. La Suisse va demander son extradition.

Le pirate de l’air s’initiait à l’aéronautique dans sa cellule vaudoise et les autorités veulent des explications.

Condamné à la réclusion à vie pour avoir détourné un avion à Cointrin en 1987 et abattu l’un des passagers, le Libanais purgeait sa peine dans les Etablissements pénitentiaires de la plaine de l’Orbe. Le 8 septembre dernier, après un congé, il n’avait pas rejoint sa cellule.

Ce sont les efforts conjoints du Ministère public de la Confédération (MPC), de la police judiciaire fédérale et de la police cantonale vaudoise qui ont permis de localiser le fugitif et de le faire arrêter par les autorités marocaines le 23 décembre, a indiqué mercredi le MPC.

Demande d’extradition

Les fonctionnaires de la police judiciaire fédérale se sont rendus sur place. Et la Suisse va transmettre rapidement une demande d’extradition aux autorités marocaines.

Il n’existe pas de traité entre la Suisse et le Maroc. Toutefois, plusieurs extraditions ont déjà eu lieu entre les deux pays. Le retour d’un prisonnier dans le pays qui le réclame prend entre quelques jours et plusieurs mois.

Le Ministère public de la Confédération n’a pas voulu préciser où était détenu Hariri. «Nous ne pouvons pas dire pour quelle raison il se trouvait dans ce pays», a encore souligné Hansjürg Mark Wiedmer, porte-parole du Ministère public fédéral.

Des documents suspects retrouvés à Bochuz

«Nous avions des indices sur sa présence là-bas, et la coopération a bien fonctionné entre la police fédérale et les autorités marocaines», s’est contenté de préciser Hansjürg Mark Wiedmer.

Hariri était recherché à la fois par le canton de Genève, responsable de l’application de sa peine, et par le Ministère public de la Confédération, qui a lancé une nouvelle enquête contre lui pour soupçons de préparation d’actes délictueux.

Des documents et des manuels portant sur la technique aéronautique ont en effet été retrouvés dans sa cellule de Bochuz. Et les autorités veulent à tout prix éviter que le pirate de l’air détourne de nouveaux avions.

Elles estiment par ailleurs que le Libanais aurait bénéficié de complicités pour organiser sa fuite. Le juge d’instruction cantonal vaudois a donc ouvert une enquête pour entrave à l’action pénale contre une personne «inconnue du grand public et des médias», et qui était apparemment en relation avec Hariri.

Consternation d’une conseillère nationale

La conseillère nationale Anne-Catherine Ménétrey (Verts/VD), qui prépare un livre d’entretiens avec le pirate de l’air, déplore quant à elle l’enchaînement des événements.

«Hussein Hariri aurait sans doute pu être libéré d’ici deux ans», a déclaré l’élue jeudi dans une interview au quotidien «Le Matin».

«Hussein Hariri est en prison depuis 15 ans, expulsé à vie du territoire suisse» a encore précisé Anne-Catherine Ménétrey. «Et d’ajouter, «ça n’a pas beaucoup de sens de le ramener ici pour le remettre en prison».

En décembre 1999, les Chambres fédérales avaient refusé accorder la grâce, même partielle, au pirate de l’air.


swissinfo avec les agences

23 juillet 1987: Hussein Hariri détourne un avion de ligne d’une compagnie africaine sur le trajet Paris-Rome. L’appareil se pose à Genève-Cointrin. Le terroriste veut aller à Beyrouth et faire libérer des détenus. Après quatre heures de négociations, il abat un passager et blesse un homme d’équipage.

24 février 1989: Il est condamné à la réclusion à vie par la Cour pénale du Tribunal fédéral. Il est incarcéré à Bochuz (Etablissement pénitentiaire de la plaine de l’Orbe), en régime de sécurité renforcée.

8 septembre 2001: Hariri ne réintégre pas le pénitencier vaudois au terme d’un congé. Il bénéficiait depuis 1998 d’un allègement progressif de ses conditions de détention. Sa libération conditionnelle aurait dû intervenir en mars 2004.

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