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La globalisation sans dessus dessous

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«Carte postale» de la Cinquième Suisse... Fabrice Rochat nous écrit de Brisbane, en Australie. Et évoque la mondialisation – presque – sans faille qui s’est emparée de la planète Terre.

Il est 6 heures du matin sur la côte est de la plus grande île-continent du Pacifique, lorsqu’une alarme électronique fabriquée en Corée du Sud se met à sonner bruyamment.

Une femme se lève péniblement de son nouveau lit importé des Etats-Unis d’Amérique. Après une douche rapide, elle enfile ses habits tissés en Chine. Puis, elle dévore précipitamment son bol de Corn Flakes et avale un expresso italien à l’odeur des champs de café du Brésil. Elle enfourche sa motocyclette, dont les diverses pièces ont été montées au Japon, et elle file vers son lieu de travail au centre-ville.

Au même instant, à l’autre bout de la planète, la nuit vient de tomber. Un homme se déconnecte de son système d’exploitation Windows 7 nouvellement installé sur son ordinateur portable «made in Taiwan». Après avoir pris un ascenseur d’origine suisse, il entre dans sa voiture allemande parquée dans un garage souterrain. Puis, il retourne directement vers son appartement de banlieue. Après avoir réchauffé un plat précuit de nouilles chinoises dans son micro-ondes de la même provenance, il s’assied devant sa télévision à écran plat produite sur une chaîne de montage des alentours de Kuala Lumpur, en Malaisie. Avant de s’endormir, il regarde une série télévisée américaine.

L’homme est un expatrié australien travaillant pour l’ONU à Genève et la femme, une Suissesse vivant depuis bientôt 15 ans à Brisbane en Australie. Mais ils auraient bien pu être des Américains travaillant sur le vieux continent européen ou des ingénieurs asiatiques envoyés dans des mines d’Afrique. Ils représentent tous le flux migratoire des millions de personnes vivant et travaillant loin de leur lieu de naissance.

La mondialisation à outrance

Il est indéniable que la libre circulation des personnes dans les pays de la communauté européenne, le libre échange des marchandises et la dissémination des nouvelles technologies a créé davantage de richesse dans les pays industrialisés.

Mais chaque pièce a son revers, et le fossé entre les pays riches et les pays pauvres ne cesse de se creuser. Des milliers de réfugiés (sri-lankais, afghans et irakiens pour la plupart) n’hésitent pas à s’embarquer sur des rafiots de fortune depuis des ports indonésiens en direction de l’eldorado australien.

La grande majorité est appréhendée puis redirigée par la marine nationale dans un camp de réfugiés sur l’île – bien nommée – de Noël (territoire australien de Christmas Island). D’autres immigrés font des traversées tout aussi périlleuses en Méditerranée, entre le continent africain et la ‘riche’ Europe.

Le trafic aérien constant des voyageurs aux quatre coins de la planète est l’un des principaux facteurs de la propagation accélérée des nouvelles pandémies, telle la grippe porcine de l’année dernière.

L’accroissement des échanges commerciaux à travers la planète amène les consommateurs à acheter des produits similaires et à utiliser les mêmes technologies. Cela peut engendrer des aberrations comme l’importation de fruits et légumes récoltés à des milliers de kilomètres, mais moins chers que ceux produits sur place.

Dans un registre économique, la dernière crise financière, liée aux subprimes aux Etats-Unis, s’est propagée dans le monde entier. Elle a durement affecté des petit pays aussi isolés que l’Islande.

Si l’Asie, et plus particulièrement la Chine, devient l’usine du monde, l’influence culturelle des Etats-Unis d’Amérique est primordiale.

L’«amalgamation» des cultures

Il fut un temps où chaque vallée, en Suisse Romande, parlait son patois distinctif. Chaque canton avait son costume traditionnel porté occasionnellement par ses habitants. Maintenant le jean et le T-shirt sont devenus l’habillement le plus courant, en Suisse et partout ailleurs dans le monde. Le français s’est standardisé dans toute la Francophonie, avec comme seul point de dissemblance, les différents accents locaux. Ici en Australie, à part l’accent prononcé des gens vivant dans la campagne (le bush), il est impossible de distinguer la différence de langage entre un habitant de Perth ou de Sydney, distant de plus de 3500 kilomètres.

L’anglais est indéniablement devenu la langue internationale pour communiquer. Même en Suisse, les jeunes apprennent de plus en plus cette langue pour dialoguer entre les diverses régions linguistiques du pays, souvent au détriment des idiomes nationaux.

Le monde est inondé de séries télévisées et de longs métrages réalisés en Amérique du Nord, ce qui influence la culture des nouvelles générations de la planète. Du point de vue culinaire, il n’y a plus beaucoup de grandes villes qui n’ont pas leur restaurant ‘fast food’ à l’arche dorée. Si c’était possible, cette grande entreprise américaine ouvrirait certainement une de ses franchises au sommet de l’Eiger ou sur Ayers Rock, ce monolithe de pierre au centre de l’Australie.

La globalisation de la culture passe aussi par des rites religieux commémorés dans le monde entier, par exemple les fêtes de Noël célébrées dans des pays ne pratiquant pas le christianisme. L’image du père Noël avec son habit rouge et sa barbe blanche a d’ailleurs été empruntée à la marque de boisson gazeuse Coca-Cola lors de sa campagne publicitaire des années 1930, et dorénavant représente le personnage universellement.

Tel le rite païen d’origine celtique d’Halloween (la Toussaint en France), rajeuni en Amérique du Nord à la fin du 19ème siècle. Actuellement, la nuit du 31 octobre, des enfants de tous pays se déguisent en vampires, sorcières et autres squelettes pour aller frapper aux portes du voisinage, et demander des friandises – ou sinon jouer un mauvais tour à leurs voisins.

Quant au Nouvel-an chinois, il n’a plus de chinois que son nom, puisqu’il est fêté dans plusieurs pays, dont l’Australie. Et pourquoi pas un jour, un feu du 1er Août avec flambeaux devant l’opéra de Sydney? Vive la différence…

Vaudois. Fabrice Rochat est né en 1968 à Prilly, près de Lausanne. Il passe sa jeunesse à Bussigny.

Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à l’UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.

Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.

Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.

Queensland. Avec environ 1,8 millions d’habitants, Brisbane, capitale de l’Etat du Queensland, est la 3ème ville d’Australie, derrière Sydney et Melbourne.

Origine. Elle est située à environ 950 kilomètres au nord de Sydney sur le fleuve Brisbane. A l’origine, l’endroit fut un centre pénitentiaire, créé en 1824.

Tropical. Brisbane bénéficie d’un climat idéal presque tout au long de l’année en raison de sa situation tropicale (température moyenne de 25° C).

Touristique. Son architecture est inspirée d’un style mêlant période victorienne, style colonial et architecture moderne. Perçue longtemps comme une simple ville de province, la ville est aujourd’hui la capitale de l’Etat le plus touristique de l’Australie.

Secondaire et tertiaire. Plusieurs industries s’y sont développées (raffinage pétrolier, travail du métal, manufacture diverses). Le tertiaire y est également bien représenté: informatique, services financiers, hautes écoles et administration publique se concentrent dans le «Central business district» de Brisbane.

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