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La situation des étudiants se détériore

La plupart des étudiants peuvent compter sur le soutien financier de leurs parents. Keystone

Les bourses ne sont pas suffisantes pour financer des études supérieures. Neuf jeunes universitaires sur dix travaillent ou comptent sur leurs parents.

Selon une enquête de l’Office fédéral de la statistique (OFS), la situation sociale des étudiants s’est détériorées dans les dernières années.

«Alors que le nombre d’étudiants augmente d’année en année, leur condition sociale se dégrade», fait remarquer le secrétaire d’Etat à l’éducation et à la recherche Charles Kleiber.

Selon l’étude de l’OFS, 16% des étudiants perçoivent une bourse d’étude pour suivre leurs études dans les écoles supérieures suisses (université, école polytechnique et hautes écoles spécialisées). Ce qui ne suffit pas à couvrir la moitié de leurs dépenses.

Les résultats publiés mardi révèlent en effet que les dépenses mensuelles des personnes en études s’élèvent en moyenne à 1650 francs et laissent entrevoir les difficultés financières auxquelles sont confrontés les étudiants.

Un coup de pouce parental

Pour ceux qui vivent hors du cocon familial, le logement représente la principale charge financière. Viennent ensuite la nourriture, l’habillement, puis la santé. Les coûts liés directement aux études (transport, taxes, frais d’études) constituent entre 20 et 36% du total du budget.

Les jeunes ne pourraient guère mener des études sans un coup de pouce parental, qui intervient neuf fois sur dix. Ce soutien représente plus de 50% des ressources des étudiants dans leur ensemble. Un peu moins de 40% de leur budget est couvert par une activité rémunérée.

«Pour un étudiant, le fait de travailler n’est plus une exception. Il est devenu une règle. Durant les dernières décennies, le pourcentage des étudiants obligés de travailler a augmenté de manière préoccupante», explique Charles Kleiber.

L’enquête met effectivement en exergue la place «prépondérante» des «jobs». Quelque 77% des étudiants ont travaillé durant l’année précédant l’enquête de l’OFS (60% pour les autres pays de l’UE). 83% d’entre eux ont également poursuivi cette activité rémunérée pendant la période de cours.

Disparité sociale

Quant à l’origine sociale des étudiants, plus du tiers (36%) a au moins un parent diplômé d’une haute école. Seuls 9% sont issus d’une famille sans aucune formation post-obligatoire.

Alors qu’elle est de 23% dans les hautes écoles spécialisées (HES), la proportion d’étudiants ayant des parents hautement diplômés grimpe même à 42% dans les universités. La surreprésentation des classes favorisées est particulièrement patente en médecine et pharmacie (universités), ainsi qu’en théâtre et musique (HES), où elle atteint jusqu’à 50 %.

Pour le Secrétaire d’Etat à l’éducation et à la recherche «la précarité de la situation sociale des étudiants menace le principe de l’égalité des chances d’étudier et la qualité même de la formation».

Harmonisation des bourses

De plus, la situation sociale actuelle entraîne un prolongement de la durée de formation et par conséquent des coûts plus élevés. Dans ce contexte, le système des bourses doit être repensé.

«Avec les nouveaux cycles de formation et de diplômes des universités suisses, les études deviennent plus concentrées et souvent plus lourdes. Pour les étudiants, il sera donc encore plus difficile de pouvoir travailler parallèlement», commente Charles Kleiber.

«Le système des bourses d’étude est actuellement très problématique, rajoute-t-il. Car il faut frapper aux portes des 26 cantons pour savoir quels sont leurs chiffres.»

Les étudiants satisfaits

L’Association des étudiants des Hautes écoles suisses (AES) va dans le même sens et estime qu’il est impossible de mener de front études et travail sans nuire à la qualité des premières et sans rallonger leur durée.

Pour parvenir à l’égalité des chances, il s’agit d’augmenter les fonds dédiés aux aides à la formation, selon l’AES. Le nombre et le montant des bourses d’étude doivent être augmentés.

«Cette étude réfute le mythe selon lequel les étudiants sont tous des privilégiés riches et paresseux», souligne Rahel Imoberteg, coprésidente de l’Union des Etudiant-e-s de Suisse.

«En Suisse, les disparités concernant les chances d’accès aux études supérieures s’aggravent. Les bourses d’études veulent contrer ce phénomène mais elles ne sont pas suffisantes», conclut-elle.

swissinfo avec les agences

La Suisse compte 10 universités, 2 écoles polytechniques fédérales et 7 hautes écoles spécialisées.
En 2005, il y avait plus de 110’000 étudiants immatriculés dans les universités et les écoles polytechniques.
50’000 étudiants étaient inscrits dans les HES
Les femmes représentent 48% du corps des étudiants et les étrangers le 23%.

– Selon l’enquête de l’OFS, réalisée en 2005 sur échantillon de 20’000 étudiants, le budget moyen d’un étudiant est de 1650 francs par mois.

– En moyenne statistique, 50% du financement provient des parents, 40% d’une activité professionnelle et 10% d’une bourse d’étude.

– Le système des bourses d’étude est de la compétence des cantons. Actuellement les disparités entre cantons sont énormes.

– 36% des étudiants ont au moins des parents qui dispose d’un diplôme de valeur universitaire. Ce pourcentage est deux fois plus grand que celui du reste des autres jeunes suisses.

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