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Le 1er août au Canada… dans une station de ski

Justin Veuthey

Quelques 3000 Suisses se sont réunis dans les montagnes québécoises pour la plus grande célébration de la fête nationale hors pays. Cor des Alpes, accordéon et tir au petit calibre ont fait vibrer les grands espaces canadiens.

C’est sur le Mont Sutton dans les «Cantons de l’Est» du Québec, à 2 heures de route de Montréal, que s’est déroulée la fête du 1er août pour les Suisses vivant dans l’Est du Canada.

Cette petite station de ski, un peu vétuste mais charmante, a accueilli pour la 33ème fois les célébrations patriotiques des immigrés helvétiques, de leurs familles, et de leurs amis.

Bon nombre de gens étaient en habit traditionnel, peut-être en partie car cela dispensait des frais d’entrée de 10 dollars canadiens (soit 9,90 francs suisses).

Pour tout les goûts

La journée a commencé tôt pour un samedi matin, à 8 heures, avec les compétitions de tir au petit calibre. Pour l’occasion la petite ville québécoise de Sutton avait été décorée d’une myriade de drapeaux rouges à croix blanche.

À 11 heures, un service œcuménique multilingue a lancé officiellement les festivités. Ont suivi toutes sortes de musiques et d’activités folkloriques. Les quatre coins de la petite station de ski ont rapidement été envahis par des différents spectacles et compétitions folkloriques.

Il y avait foule à presque tous les stands, que ce soit pour admirer le vacarme des sonneurs de cloches, écouter les chœurs et les jodleurs ou pour faire un tour de télésiège jusqu’au sommet de la montagne à 840 mètres d’altitude.

Président de la Fédération des sociétés suisses de l’Est du Canada, qui organise la fête, Bruno Meli explique qu’une petite armée de 150 bénévoles se sont affairés depuis quelques jours pour que l’événement soit un succès. Le beau temps aidant, c’est en effet le cas: à peu près de 3000 participants ont gravi les flancs du Mont Sutton pour fêter la Suisse.

Tous au même endroit

Pour Bruno Meli, la fête 2009 a peut-être été victime de son propre succès, ainsi que du soleil, car à l’heure de pointe, la file d’attente était bien longue pour s’acheter la traditionnelle saucisse de veau et le verre de blanc importé de la région lémanique.

Ininterrompue depuis 1976, la tradition de faire la fête sur le Mont Sutton a tissé des liens forts entre les différentes communautés de Suisses habitant la région. Avant cette grande fête centralisatrice, il y avait de nombreuses petites célébrations éparpillées dans la province.

Bruno Meli souligne que Sutton, grâce à sa relative proximité avec les centres urbains, a permis de créer un événement unique qui fait se rencontrer les Suisses du terroir avec les Helvètes qui ont immigré dans les villes.

Suisses des champs

Un cor des Alpes à l’épaule, Hans Metzger a par exemple quitté le canton de Saint-Gall en 1982. Il était encore jeune lorsque ses parents ont acheté une ferme au Québec et ont immigré avec leurs six enfants. Hans, qui est maintenant lui-même père de trois enfants canadiens, est venu au 1er août habillé d’un costume traditionnel rouge vif avec de belles broderies en cuivre.

Il parle les langues de son pays d’accueil mais préfère s’exprimer en suisse alémanique. Ayant repris le domaine familial à Saint-Cyrille-de-Wendover, il y exploite quelques 220 hectares de cultures céréalières et possède un cheptel de 180 vaches.

Près des terrains de lutte tapissés de copeaux de bois, j’ai rencontré le vigoureux Richard Rubeli, membre du Club de lutte suisse du centre du Québec. C’est lui qui est responsable du bon échauffement des quelques 40 lutteurs qui ont participé aux compétitions de Sutton.

Originaire du Canton de Fribourg Richard Rubeli a émigré avec sa femme dans la région des Bois-Francs il y a dix ans. Quand il n’organise pas des combats de lutte à la culotte, il élève quelque 200 brebis.

Et Suisses des villes

Dans la file d’attente pour acheter un authentique «crème schnitzel», je rencontre Oli Dervey, qui vient de s’installer à Montréal il y a tout juste trois mois.

Ce Zurichois de 27 ans a une formation en communication. Il travaille pour un grand groupe proche de l’industrie aéronautique canadienne et apprécie l’ouverture d’esprit et l’accueil des Québécois. Mais il ne veut pas pour autant négliger ses liens avec la communauté suisse, d’où sa présence au Mont Sutton.

Un peu plus loin, près du stand pour les boissons, la famille Boursiquot est un bel exemple de la diversité de l’identité suisse au Canada. C’est la quatrième année qu’ils font le trajet de 4 heures depuis Gatineau, dans l’ouest du Québec.

Gustave Boursiquot, le sympathique patriarche, est d’origine haïtienne mais s’est marié avec une Lucernoise. Leurs enfants, déjà adultes, sont des Canadiens qui ont perdu l’accent suisse, au grand désarroi de leurs parents.

Plus suisse qu’en Suisse

Quant à Antonio Conconi, tessinois d’origine, il est depuis six ans professeur de biologie à l’Université de Sherbrooke, à 2 heures de route de Montréal. C’est la première fois qu’il participe à la fête du Mont Sutton.

En regardant les massifs lutteurs à la culotte s’écraser dans les copeaux de bois, le professeur Conconi confie que l’événement lui plaît et qu’il est impressionné par la quantité d’activités suisses.

«C’est probablement la fête la plus suisse que j’ai jamais vue de ma vie. Même quand j’étais gamin au Tessin, quand on allait au 1er août, il n’y avait pas autant d’activités suisses qu’ici au Canada!»

Justin Veuthey, swissinfo.ch au Mont Sutton

Plus de 38’000 Suisses inscrits auprès de consulats vivent au Canada , selon le ministère suisse des Affaires étrangères (statistique du 31 décembre 2008).
L’Est du Canada, composé du Québec et des quatre petites provinces de l’Atlantique, regroupe plus de 12’000 Suisses inscrits au consulat de Montréal.
68% d’entre eux sont doubles nationaux.

La Fédération des sociétés suisses de l’Est du Canada a été fondée en 1965.

Aujourd’hui, 15 clubs en sont membres.

Les membres du Comité central de la fédération sont élus par les membres des clubs et des associations qui y participent.

En 2009 on y trouve des clubs de jass, de lutte à la culotte, et de chants folkloriques, entre autres.

La fédération a pour mission de promouvoir la culture suisse.

L’événement principal dont elle est responsable est l’organisation de la Fête du 1er août.

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