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Le bras droit de Charles Pasqua interrogé sur ses comptes en Suisse

Charles Pasqua est soupçonné d'avoir financé son parti par des fonds étrangers. Keystone Archive

Jean-Charles Marchiani, député européen et bras droit de Charles Pasqua, est entendu aujourd'hui dans la capitale française par les juges parisiens qui enquêtent sur le financement du Rassemblement pour la France (RPF). Trois de ses comptes, richement alimentés, ont été bloqués à Genève.

Les juges français Philippe Courroye et Isabelle Prévost-Desprez soupçonnent Charles Pasqua, ancien ministre de l’Intérieur, d’avoir financé son parti, le RPF, par des fonds étrangers. C’est interdit par loi. Parmi les généreux donateurs, la justice montre du doigt le marchand d’armes Pierre Falcone, emprisonné depuis la fin de l’année dernière.

En Suisse, le juge genevois Daniel Devaud a demandé à tous les établissements financiers de bloquer les comptes ouverts par Charles Pasqua, son fils Pierre Pasqua, et plusieurs de leurs proches, depuis le 1er janvier 1990.

La pêche a été bonne, puisque la justice a découvert des comptes appartenant à Jean-Charles Marchiani, député européen, à Etienne Leandri, un collaborateur de Charles Pasqua, décédé en 1995, et à Bernard Poussier, ancien patron de la Société française d’exportation de matériel de sécurité (Sofremi).

Ces trois personnes entretenaient des relations avec Pierre Falcone, inculpé pour avoir vendu des armes à l’Angola, pays en guerre. La Sofremi est sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, et Bernard Poussier a déjà été inculpé en France pour «commerce illicite d’armes»

Jean-Charles Marchiani, qui est entendu aujourd’hui comme «témoin assisté», a de fortes chances d’être à son tour inculpé. En effet, il lui faudra des arguments solides pour expliquer comment des dizaines de millions de francs (et de dollars) ont pu transiter sur ses trois comptes en Suisse. Notamment lorsqu’il était préfet, et donc haut fonctionnaire français.

Apparaissant sous le pseudonyme de «Robert» dans la comptabilité du marchand d’armes, le député européen RPF a notamment reçu 300.000 dollars cash en novembre 1997, et 450 000 dollars en janvier 1999.

Le cas d’Etienne Leandri est plus énigmatique. Proche collaborateur de Charles Pasqua, il avait ouvert un compte à la IBZ Investment Bank à Genève. L’homme est mort en 1995, mais son compte lui a survécu jusqu’à présent.

Quant à Charles Pasqua, convoqué en même temps que Jean-Charles Marchiani, il a trouvé une nouvelle excuse diplomatique pour repousser le rendez-vous avec la justice française.

Ian Hamel

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