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Le Conseil des droits de l’homme doit faire ses preuves

Jusqu'ici, le Conseil a été incapable de prendre la moindre résolution sur la tragédie du Darfour. Keystone

Après six mois d'existence, le nouvel organe des Nations Unies doit encore prouver qu'il est plus efficace que la défunte Commission des droits de l'homme.

Le Conseil, créé à l’initiative de la Suisse, reprend lundi à Genève sa deuxième session ordinaire. Les travaux doivent durer deux semaines.

Alors que plusieurs ONG ont déjà critiqué la politisation et la partialité du Conseil, comme ce fut le cas ces dernières années pour la Commission des droits de l’homme, son président Luis Alfonso de Alba reste confiant.

«Les critiques portent sur le fait que le Conseil a consacré trois sessions spéciales au Proche-Orient, explique l’ambassadeur mexicain. Je pense qu’elles étaient pleinement justifiées. Des sessions sur d’autres crises peuvent fort bien avoir lieu à l’avenir».

Résolutions sur le Darfour

Plusieurs ONG, comme Human Rights Watch (HRW), ont regretté que le Conseil ait été incapable jusqu’ici de prendre une initiative sur les atrocités au Darfour et au Tchad. Un texte suffisamment fort pour être utile n’aurait en effet pas recueilli de majorité.

Lundi et mardi, le Conseil doit discuter d’une vingtaine de résolutions, dont l’examen avait été reporté au dernier jour de la seconde session ordinaire, le 6 octobre, en l’absence de consensus.

Parmi elles, deux textes sur le Darfour, l’un présenté par la Finlande au nom de l’Union européenne, l’autre par l’Algérie. Les négociations se poursuivent pour trouver un dénominateur commun.

Pour le directeur d’HRW Hillel Neuer, le bloc des pays musulmans et non-alignés impose sa loi au Conseil. Dans un rapport publié cette semaine, l’ONG évalue à seulement douze pays (les Européens, dont la Suisse, plus le Canada et le Japon) sur les 47 membres du Conseil ceux qui font preuve d’un réel engagement pour les droits de l’homme.

Le président Alfonso de Alba rejette les accusations de sélectivité, mais insiste sur le fait qu’il faut davantage de dialogue entre les groupes régionaux. Il demande aux diplomates de ne pas en rester à la logique des blocs et de faire preuve d’une plus grande flexibilité.

Divergences

L’ambassadeur reconnaît que «des divergences» sont apparues au sein des groupes de travail chargés de revoir les mandats de la quarantaine de rapporteurs spéciaux et d’élaborer le nouveau mécanisme d’examen universel des Etats.

Mais il fait valoir qu’«il est trop tôt pour tirer des conclusions». Les groupes de travail feront rapport la semaine prochaine sur l’état des discussions, mais aucune décision n’est attendue à ce stade, puisqu’ils poursuivront leurs débats en janvier.

Sous l’impulsion notamment d’un ambassadeur de Cuba, les pays non-alignés souhaiteraient supprimer les rapporteurs spéciaux par pays pour ne laisser subsister (excepté pour Israël) que les mandats par thème.

Quant à l’examen de chaque pays, ils proposent qu’il soit réalisé uniquement par les gouvernements, une règle excluant les informations des ONG qui rendrait l’exercice complètement futile.

Pas une option

«Nous devons aboutir au renforcement des procédures. Ce n’est pas une option que d’affaiblir la capacité de l’ONU à agir dans ce domaine», avertit le président du Conseil.

Alfonso de Alba. précise qu’en l’absence de consensus d’ici là, la date-limite pour une décision est fixée au 18 juin, soit dans le délai d’un an prévu par la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 15 mars 2006.

Lors de la présente session, la Haut Commissaire Louise Arbour informera de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Le Conseil discutera également du rapport, publié mardi, de la commission d’enquête sur la guerre au Liban.

swissinfo et les agences

Même si elle peut revendiquer la paternité du nouveau Conseil des Nations Unies, la Suisse n’est pas le meilleur élève de la classe en matière de droits de l’homme.
Ainsi, malgré une demande déposée il y a cinq ans au parlement, elle ne dispose toujours d’aucun organisme chargé des droits humains au plan national.
Et chaque année, elle se voit épinglée par le rapport d’Amnesty International, qui dénonce le plus souvent la manière dont elle traite les requérants d’asile.
Même le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés s’est dit «sérieusement préoccupé» par le durcissement de la loi sur l’asile que le parlement a voté en septembre 2005.

Le nouveau Conseil des Droits de l’homme est la plus haute instance des Nations Unies installée à Genève.

Berceau de la défunte Société des Nations, qui fut au sortir de la Première Guerre mondiale l’ancêtre de l’ONU, Genève est aujourd’hui la deuxième «capitale» de l’organisation planétaire.

L’Office des Nations Unies à Genève voit même se dérouler plus de conférences internationales que le siège de New York.

Genève est également le siège de sept agences des Nations Unies, soit les Hauts Commissariats aux Droits de l’homme et pour les réfugiés, les Organisations mondiales de la santé et de la propriété intellectuelle, l’Organisation internationale du travail, l’Union internationale des télécommunications et l’Organisation météorologique mondiale.

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