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Le nouveau président des Verts reste résolument à gauche

Ueli Leuenberger, nouveau président des Verts. Keystone

Ueli Leuenberger a été élu samedi à la présidence du Parti écologiste suisse (les Verts). Pour le nouveau président, il s'agit de poursuivre la progression du parti en misant sur ses deux principaux chevaux de bataille: la défense de la nature et la justice sociale.

Réunis samedi en assemblée à Yverdon-les-Bains, les délégués des Verts suisses ont confirmé la décision prise fin février par le Bureau du parti en élisant Ueli Leuenberger à la présidence. Les Bernoises Franziska Teuscher et Aline
Trede accèdent à la vice-présidence.

L’idée d’une co-présidence avait certes été évoquée. Mais Ueli Leuenberger préfère être le seul capitaine à bord du bateau vert.

swissinfo: Pourquoi n’étiez-vous pas très chaud pour une présidence partagée?

Ueli Leuenberger: Pendant ses 25 ans d’existence, le parti n’a fonctionné que deux ans avec deux co-présidents à sa tête: le duo Patrice Mugny – Ruth Genner. Cette dernière a elle-même estimé qu’il ne s’agissait pas d’une très bonne expérience.

Il est très difficile de diriger ainsi une organisation au niveau national. Il n’y d’ailleurs pas en Suisse d’organisation importante qui soit co-présidée.

swissinfo: Ces derniers mois, le thème de la protection de l’environnement a touché le grand public. Pensez-vous que cela vous offre encore une grosse marge de progression après le résultat déjà très bon d’environ 10% des voix lors des dernières élections fédérales?

U. L. : Beaucoup de milieux parlent d’écologie, mais il s’agit maintenant de faire passer des projets précis. C’est cela qui est le plus difficile. Il y a donc énormément de choses à faire. Or des enquêtes montrent qu’une majorité de la population estime que les Verts ont un rôle important à jouer dans ce domaine.

En tant que président, je veux faire en sorte que le parti ne recule pas et même qu’il progresse à tous les niveaux: dans les communes, les cantons et, dans quatre ans, au niveau fédéral.

swissinfo: Il y a un autre parti qui parle lui aussi beaucoup d’écologie et qui progresse: c’est Ecologie libérale. Comment voyez-vous les relations avec ce mouvement situé à droite?

U. L. : Nous pouvons certainement faire des alliances avec les Verts libéraux en ce qui concerne l’environnement.

Malheureusement, les Verts libéraux n’appliquent pas les thèses du développement durable. Celui-ci correspond à trois axes: l’environnement, le social et l’économie.

Un développement le plus harmonieux possible dans notre société fait par exemple partie de ce développement durable. Or nous constatons que les Verts libéraux ont souvent un point très différent du nôtre sur les questions sociales.

swissinfo: En d’autres mots, vous restez un parti résolument situé à gauche…

U. L. : Nous restons un parti résolument vert, ce qui signifie qu’il faut défendre à la fois l’environnement et les êtres humains. Et si l’on veut faire cela, on se situe traditionnellement sur la gauche de l’échiquier politique.

swissinfo: Mis à part l’écologie, quels sont les grands autres axes de votre politique?

U. L. : Contrairement à ce qu’on a dit des Verts il y a quelques années, nous ne sommes pas un parti monothématique. L’étude de notre programme montre que nous avons des positions sur l’ensemble des questions et des problèmes concernant notre planète et notre pays.

Pour nous, il est clair que l’environnement, la cohésion sociale et la cohésion nationale sont des thèmes très importants. Lorsqu’on parle de cohésion sociale, on parle évidemment de nos assurances sociales. Et lorsqu’on parle de cohésion nationale, cela signifie la lutte contre l’exclusion, contre le racisme ou encore contre la mise à l’écart des régions périphériques.

Il y énormément de choses à faire pour que notre pays multiculturel et multilingue n’éclate pas petit-à-petit…

swissinfo, Olivier Pauchard

Ueli Leuenberger naît le 26 mars 1952 dans le canton de Berne.

Après avoir exercé plusieurs métiers (chasseur d’hôtel, cuisinier, etc.), il achève une formation de travailleur social.

Il exerce ensuite plusieurs postes à responsabilité dans le domaine social. En 1996, il crée l’Université populaire albanaise qu’il dirige jusqu’en 2002.

Il entre dans le Parti écologiste suisse en 1988. Après un passage par le législatif et l’exécutif de la ville de Genève, il est élu au législatif du canton en 2001. Il est député au Parlement fédéral depuis le 1er juin 2003.

En Suisse, la première section des Verts a été créée en 1971 dans le canton de Neuchâtel pour combattre un projet autoroutier. Puis, en 1979, les Verts font leur première apparition au Parlement fédéral.

En 1983, plusieurs groupes s’unissent au sein de la Fédération des partis écologistes suisses.

Ces dernières années, les Verts ont réussi à entrer dans plusieurs exécutifs cantonaux. Au niveau national, ils forment le 5ème parti en ordre d’importance. Pour autant, ils ne sont pas représentés au gouvernement.

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