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Le sort de la libre circulation reste incertain

Keystone

La reconduction de l'accord de libre circulation des personnes avec l'UE et son extension à la Roumanie et à la Bulgarie n'est de loin pas un fait acquis. Le dernier sondage réalisé avant la votation du 8 février montre que les esprits restent partagés.

Selon le sondage réalisé par l’Institut gfs.berne pour le compte de SRG SSR idée suisse, la moitié (50%) des personnes interrogées sont favorables à la reconduction et à l’extension de l’accord. Pour leur part, les opposants représentent 43% des sondés et les indécis 7%.

Les fronts n’ont en fait guère évolué depuis le premier sondage. Le camp des opposants s’est renforcé de 3% et celui des partisans de 1%. Dans un cas comme dans l’autre, force est de constater qu’aucun des deux camps n’est encore parvenu à atteindre la majorité absolue.

Un front polarisé

Le sondage montre clairement où se trouve l’opposition à l’accord de libre circulation. Sans surprise, c’est dans les rangs des sympathisants de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste), que l’on trouve la plus grande proportion d’avis négatif (84%).

Les sympathisants de gauche sont très majoritairement en faveur de l’accord, avec 80% d’avis favorables chez les Verts et 84% chez les socialistes. Parmi les sympathisants du Parti démocrate-chrétien (PDC / centre-droite) et du Parti radical (PRD / droite), le soutien est un peu plus timide, mais majoritaire avec respectivement 64% et 73%.

L’institut gfs.berne relève que la polarisation répond aussi à des critères d’habitat et de formation. Ainsi, le «oui» à la libre circulation est supérieur à la moyenne nationale dans les zones urbaines et parmi les personnes bénéficiant d’une formation élevée.

Au niveau des zones linguistiques, là non plus pas de surprises. Comme de coutume lorsqu’il est question de dossiers européens, le taux d’acceptation est plus important en Suisse romande (56%) qu’en Suisse alémanique (48%) et au Tessin (41%).

De bons arguments

Pour influencer l’opinion des citoyens, les deux camps disposent de toute une série d’arguments. L’institut gfs.berne a donc eu l’idée de les tester.

Le meilleur argument des partisans de l’accord est celui qui consiste à dire que l’économie a besoin de la libre circulation des personnes. Cette idée est partagée par 59% des sondés. Par ailleurs, les partisans sont crédibles lorsqu’ils affirment que les mesures d’accompagnement mises en place sont suffisantes pour éviter le dumping salarial; plus de la moitié (51%) des sondés sont du même avis.

Mais les opposants disposent eux aussi de bons arguments à faire valoir. En effet, comme eux, 60% des sondés sont d’avis que lier la reconduction et l’extension de l’accord dans une seule et même question est antidémocratique et 58% pensent que la libre circulation des personnes menace bel et bien le système social suisse, en particulier l’assurance-chômage.

Le résultat du sondage montre que les autres arguments lancés dans la campagne sont en revanche beaucoup moins pertinents. Par exemple, l’idée selon laquelle l’ouverture de la Suisse aux Roumains et aux Bulgares provoquerait une hausse de la criminalité n’est partagée que par 40% des personnes interrogées.

Un résultat encore incertain

Le sondage ne permet pas de dire avec certitude quel sera le résultat du vote du 8 février. Certes, les partisans de l’accord continuent de faire la course en tête, mais leur avance n’est pas suffisante pour parler d’un succès assuré.

L’institut gfs.berne relève tout d’abord que la formation de l’opinion n’est pas achevée; seulement 69% des sondés sont certains de ce qu’ils glisseront dans l’urne. Il faut donc prendre en compte le fait que 7% des personnes interrogées ne se sont pas encore forgé un avis et que 24% n’ont pas encore d’avis définitif sur la question.

Par ailleurs, les peurs liées à l’actuel climat de crise économique ne plaident pas pour la libre circulation des personnes. Là aussi, c’est un facteur à prendre en compte.

Et l’institut gfs.berne de conclure que les derniers jours de la campagne seront déterminants. Il faudra donc attendre le 8 février pour connaître le sort de la libre circulation des personnes.

swissinfo, Olivier Pauchard

En faveur de l’accord: 50% (+ 1%)
Contre l’accord: 43% (+3%)
Indécis: 7% (-4%)
Taux de participation attendu: 46%

Ce second – et dernier – sondage a été réalisé entre le 19 et le 24 janvier.

Panel. 1211 personnes formant un panel représentatif ont été interrogées par téléphone dans les trois régions linguistiques. Aucun Suisse de l’étranger n’y a participé.

La marge d’erreur est de plus ou moins 2,9%.

Paquet. L’accord de libre circulation des personnes fait partie du premier paquet d’accords bilatéraux signés entre la Suisse et l’Union européenne en 1999.

Cet accord permet à des citoyens de l’UE de s’installer librement en Suisse et réciproquement.

Conditions. Cette liberté est soumise à des conditions: pour en bénéficier, il faut être en possession d’un contrat de travail, prouver que l’on exerce une activité indépendante ou – pour les personnes sans activités – prouver que l’on dispose des moyens d’existence nécessaires.

Le 8 février, les citoyens doivent dire s’ils acceptent de reconduire cet accord et de l’étendre aux deux derniers pays entrés dans l’UE, la Roumanie et la Bulgarie. Ces deux aspects font l’objet d’une seule et même question.

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