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Les mystères du sable

Le Sphinx et une animation signée Ansorge/Delachaux pour dire le cycle du sable. SP-MHN/A. Germond

«Sable», c'est le titre de la nouvelle exposition du Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel. Géologie, zoologie, physique, humour et poésie sont au rendez-vous.

«Seul sur le sable, les yeux dans l’eau», chantait un célèbre hockeyeur canadien. Peut-être aurait-il dû braquer son regard sur le sable lui-même, il n’aurait pas été déçu. Car le sujet est vaste, comme en témoigne l’exposition présentée à Neuchâtel jusqu’au 5 janvier 2003.

A l’origine de cette exposition, deux collectionneurs vivant dans le Canton de Neuchâtel: Marco Bonifazi et Jacques Lapaire, qui possèdent chacun environ 6000 échantillons de sable, glanés autour de la planète entière. L’intégralité de leurs collections est présentée au Muséum, et des microscopes permettent d’en observer de plus près quelques joyaux.

Un solide qui se comporte en liquide

Au fait, le sable, c’est quoi? «Ce qui dépasse 2 mm est appelé gravier. Ce qui est en-dessous de 1/16e de mm est appelé argile» précise le géologue Jacques Ayer. Par la négative, la granulométrie apporte donc au sable une définition chiffrée. Mais elle ne fait pas pour autant le tour de la question.

Car le sable est une chose bizarre, un élément solide qui se comporte comme un liquide. Affublé par ailleurs de propriétés étonnantes. Pourquoi, dans un tube étranglé, le sable s’écoule-t-il régulièrement alors que ce n’est pas le cas de l’eau? Pourquoi, lorsque vous marchez sur une plage, votre pied laisse-t-il une trace sèche dans le sable humide que vous venez de fouler?

Pourquoi certains sables, dûment mélangés et secoués, s’ordonnent-ils «spontanément» en strates harmonieuses? Et cela alors que la nature, par une sorte de loi du moindre effort, a en principe tendance à préférer le désordre à l’ordre.

Ces questions-là – et plusieurs autres, l’exposition neuchâteloise y répond par des expériences rigolotes auxquelles chacun peut se prêter.

Au-delà de la science

Au-delà de l’angle géologique et physique, le Muséum neuchâtelois évoque également le sable sous l’angle de la vie, tout simplement, avec les petites bêtes qui l’ont élu pour domicile, que ce soit dans le désert (vipère, scorpion) ou sur les fonds marins (sole, limule).

Sous l’angle du temps également: c’est un gigantesque et «miraculeux» sablier qui accueille le visiteur. Et puis on découvre le cycle du sable, évoqué poétiquement au travers de la figure du Sphinx de Gizeh et d’une animation – de sable – signée Nag Ansorge et Dominique Delachaux. Un événement: Nag Ansorge n’en avait plus réalisé depuis le décès des sa femme, Gisèle Ansorge.

Il y a aussi le sable ludique (pour enfants et adultes), le sable mystique (au Tibet comme chez les Navajos), le sable des contes (le fameux marchand de sable). En dix lieux thématiques clairement définis et joliment muséographiés, l’exposition fait le tour de la question, sans oublier l’autruche…

Car le Muséum de sciences de Neuchâtel ne manque pas d’humour. En parallèle à son exposition, il a d’ailleurs convié l’artiste lucernois Wetz à créer une installation. Ainsi, les visiteurs, couchés sur des transats, entourés de plumes et d’ambiances marines, peuvent contempler le troupeau de vrais moutons suspendus au-dessus d’eux…

La Neuchâtel’s touch

Alors que le Laténium subjugue le public et que le Musée d’ethnographie le décoiffe (notamment ces jours avec l’exposition «Cannibales»), avec «Sable», le Muséum fait fort également. Volonté explicative, mais aussi esthétique et ludique, les musées neuchâtelois accumulent les expositions réussies.

«A Neuchâtel, les musées ont une liberté de création tout à fait étonnante. Il est clair que le Musée d’ethnographie a ouvert la voie, et qu’il y a une joute entre nos deux institutions», constate Christophe Dufour, directeur du Muséum. Mais cette concurrence, il s’en réjouit: «C’est un plaisir. Ce sont des amis, on fait la fête ensemble. Et c’est, vrai, c’est stimulant d’avoir des bons à côté de soi!»

swissinfo/Bernard Léchot

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