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Pas de poursuites contre les néonazis à Brunnen

Les néonazis à Brunnen le 1er Août 2005. Keystone

La justice schwytzoise n'a rien à reprocher aux néonazis qui ont défilé le 1er Août 2005 à Brunnen. Ils avaient reçu un accord oral des autorités.

Une enquête avait été ouverte contre plusieurs extrémistes de droite qui revenaient de la traditionnelle Fête nationale du Grütli, juste en face, sur la rive uranaise du Lac des Quatre Cantons.

Lundi, la juge d’instruction Alexandra Haag confirme l’information parue dans différents médias et sur le site Internet du Parti des Suisses d’orientation nationale (PNOS, selon son sigle allemand).

Selon la magistrate, la justice du canton de Schwytz n’a rien à reprocher aux quelque 600 extrémistes de droite qui ont défilé le 1er Août dernier à Brunnen. Ils avaient en effet reçu un accord oral de la commandante de la police et d’Alois Christen, membre du gouvernement cantonal.

Les néonazis qui revenaient de la prairie du Grütli «devaient bien rejoindre la gare de Brunnen d’une façon ou d’une autre», explique la juge d’instruction.

Rebutant, mais pas punissable

Le même groupe d’extrémistes de droite avait commencé par siffler le président de la Confédération sur la prairie du Grütli lorsqu’il parlait de la nécessité d’intégrer les étrangers. Samuel Schmid s’était ensuite vu traiter, entre autres amabilités, de «cochon» et de «judas».

Ensuite, une fois la cérémonie terminée, les crânes rasés avaient défilé dans la rue principale de Brunnen, en criant des slogans comme «les étrangers dehors !»

La police locale n’était pas intervenue, pour éviter une explosion de violence. Elle avait ensuite déposé des plaintes contre plusieurs personnes.

La juge d’instruction a donc décidé de ne pas leur donner suite. Elle estime que les manifestants n’ont commis aucun acte punissable.

La police était déjà arrivée à la même conclusion en ce qui concerne les actes commis par les extrémistes sur le Grütli.

«Tout manque de respect – aussi rebutant soit-il – n’est pas punissable», avait expliqué un responsable de la police du canton d’Uri, sur le territoire duquel se trouve la prairie mythique.

Des mesures pour éviter des troubles

Pour cette année, la Société suisse d’utilité publique (SGG) – qui organise les fameuses cérémonies du Grütli – a pris les mesures qu’elle estime nécessaires pour garantir la tranquillité et la dignité de la manifestation.

Ainsi, l’accès à la prairie sera possible uniquement en bateau depuis Brunnen. Et tous ceux qui veulent s’y rendre devront être munis d’un ticket, délivré gratuitement par la SGG.

Chaque détenteur du sésame devra s’engager à respecter le règlement de la Fête. Et, en cas de doute, la police pourra procéder à des vérifications d’identité.

La sécurité sera également renforcée à Brunnen, petite ville qui se trouve juste en face du Grütli, de l’autre côté du lac des Quatre Cantons, où les extrémistes ont pris l’habitude de défiler après la Fête nationale, avec ou sans autorisation.

De leur côté, les activistes de gauche – qui aimeraient organiser une contre-manifestation à Brunnen le 1er août prochain – ont essuyé un refus catégorique des autorités locales. Mais leur demande est actuellement pendante devant le Tribunal administratif.

swissinfo et les agences

– Chaque année, une célébration de la Fête nationale est organisée dans le canton d’Uri sur la mythique colline du Grütli.

– C’est là qu’aurait été conclu le pacte de 1291 entre les représentants des cantons d’Uri, Schwyz et Unterwald qui ont posé les bases d’une alliance qui est devenue la Suisse moderne en 1848.

– Depuis une dizaine d’années, des extrémistes de droite se rendent, eux aussi, en force au Grütli pour y perturber la traditionnelle fête du 1er août.

– Après la cérémonie, les néonazis défilent, avec ou sans autorisation, dans les rues de Brunnen, de l’autre côté du Lac des Quatre Cantons, où ils prennent le train pour rentrer chez eux.

– Cette année, les organisateurs et les autorités ont pris des mesures pour les empêcher de semer le trouble.

Créé en 2000, le Parti des Suisses d’orientation nationale (PNOS) est à l’origine des contre-manifestations sur la colline Grütli et des défilés de Brunnen.
Ses membres sont régulièrement condamnés pour atteinte à la loi contre le racisme.
En 2004, le rapport sur la sécurité intérieure recensait 1000 extrémistes de droite en Suisse.

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