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Quand la science-fiction vole au secours de la science

Si un astronef spatio-temporel comme celui de Valérian et Laureline est encore largement hors de portée de notre technologie, la SF a néanmoins pas mal de choses à apprendre à la science "sérieuse". Jean-Claude Mézières, Dargaud éditeur

C'est une première sur le Vieux Continent, mais la pratique est courante aux Etats-Unis. L'année dernière, l'Agence spatiale européenne (ESA) demandait à quelques fins connaisseurs de la science-fiction de lui dénicher des idées nouvelles. Patrick Gyger, conservateur de la Maison d'Ailleurs à Yverdon-les-Bains, vient de rendre son rapport.

Jules Verne, Hergé, Arthur C. Clarke, George Lucas, rêveurs ou visionnaires? Bien avant de s’y lancer «pour de vrai», l’homme s’est projeté dans l’infini par l’imagination, la littérature, et plus récemment la bande dessinée et le cinéma.

Autant dire que même si le voyage par l’hyperesapce, la téléportation ou la machine à remonter le temps semblent encore hors de portée, les scientifiques ont certainement quelque chose à apprendre de l’imagination des artistes de la SF.

Les Américains, d’ailleurs, ne s’en privent pas. A l’époque où elle planchait sur sa contribution à la nouvelle Station saptiale internationale, la NASA avait commandé une vaste étude sur la manière dont la science-fiction avait traité du thème de la station orbitale, que ce soit par le texte, le film ou simplement l’image.

En Europe, par contre, la pratique est nouvelle. C’est néanmoins sans surprise que Patrick Gyger, conservateur de l’unique musée au monde consacré entièrement à la SF, a reçu l’an dernier l’invitation de l’ESA de participer au programme ITSF (Innovative technologies from science fiction for space applications). Associée également au projet, la Fondation OURS à Bâle est dédiée à une approche artistique et humaniste de la conquête spatiale.

Modernité oblige, c’est par l’internet que les deux organismes ont étendu le cercle des personnes intéressées à participer à leurs recherches. En tout, pas loin de 200 scientifiques et artistes ont collaboré au rapport que Patrick Gyger est allé déposer ce lundi 5 mars sur le bureau de David Raitt, responsable du programme ITSF.

On y recense quelque 250 idées, de la transformation de Mars en planète habitable à la transmission instantanée de données d’un point de l’espace à l’autre, en passant par de grands classiques comme le voyage longue distance en état d’hibernation.

Tout ceci est pris très au sérieux par les pontes de l’ESA. Après un premier examen, quelques-unes de ces techniques futuristes feront l’objet d’une étude de faisabilité approfondie.

Sans vouloir se prononcer formellement à ce stade, David Raitt est d’emblée séduit par l’idée de l’ascenseur spatial, sorte de long tube aboutissant à une station orbitale (qui pourrait être un astéroïde capturé et satellisé artificiellement), qui permettrait de lancer des astronefs avec une dépense d’énergie quelque 10 000 fois moindre que celle nécessaire actuellement.

Le seul problème est que les Américains sont déjà sur le coup. L’idée n’a pas échappé à la NASA et sa propre étude de faisabilité conclut à une réalisation possible à l’horizon 2050.

D’ici là, Patrick Gyger aura le temps de récolter bien d’autres idées folles en apparence, mais qui auront toujours le mérite de nous faire rêver. Car comme le souligne le conservateur de la Maison d’Ailleurs, le premier apport de la SF à la science, c’est de lui donner l’impulsion, l’envie d’aller plus loin.

Marc-André Miserez

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