Stéphane Lambiel Champion du Monde
Stéphane Lambiel a vaincu la pression et ses adversaires à Moscou. Il devient le premier Suisse depuis 1947 à décrocher un titre planétaire.
Son programme n’a pas été parfait mais sa classe est telle qu’il a finalement survolé la compétition.
Lambiel, qui fêtera ses 20 ans le 2 avril, l’a emporté avec une marge de plus de 16 points d’avance sur le Canadien Jeffrey Buttle et près de 20 points sur l’Américain Evan Lysacek, 3e.
Alors que les observateurs ont longtemps tremblé pour le Valaisan, celui-ci a triomphé sur toute la ligne: sorti en tête des qualifications lundi, il a dominé le programme court le lendemain, puis encore le libre décisif jeudi, où son sens artistique a une nouvelle fois prévalu.
Plushenko vaincu par la douleur
Le Russe Evgueny Plushenko, champion en titre, avait jeté l’éponge peu avant le libre, vaincu par la douleur aux adducteurs qui le tenaille depuis de longs mois. L’adversaire le plus dangereux de Lambiel, sur le papier, devenait le vice-champion du monde, le Français Brian Joubert. Or, celui-ci, qui présentait son libre juste avant le Suisse, a chuté à deux reprises, ratant aussi sa première combinaison.
La voie se libérait pour Lambiel. Très tendu malgré tout, le Valaisan restait debout mais ne réussissait ni son triple axel, ni son triple lutz. Peu importe: ses deux quadruples étaient parfaits, plus rien ne pouvait lui arriver.
Comme «tombés du ciel»
«J’ai raté des sauts, mais ceux que j’ai passés étaient très ‘clean’. Mes deux quadruples sont comme tombés du ciel. Je me suis senti très fort, même si la pression était énorme. On a senti la bataille.»
Effectivement, malgré les totaux impressionnants des meilleurs, les plus hauts jamais enregistrés (262,46 points pour Lambiel par exemple, alors que le record de Plushenko est de 251,75), les premiers ont accumulé les erreurs. Outre Joubert, relégué à la 6e place, Buttle a chuté à deux reprises, ce qui ne l’a pas empêché de récolter le bronze.
Après sa production, Lambiel lui-même n’était pas certain d’avoir gagné. Mais finalement, c’est lui qui a su, et de loin, maîtriser le mieux l’environnement. «Le dernier groupe était très difficile, il faisait beaucoup trop chaud dans la patinoire», relevait Peter Grütter, entraîneur du champion.
Saison mouvementée
Après avoir échoué trois fois au pied du podium lors de précédentes grandes compétitions, Lambiel obtient ainsi la consécration plus tôt que prévu, au terme d’une saison pleine de bouleversements: changement d’entraîneur, puis retour auprès de Peter Grütter (de concert avec Cédric Monod), déménagement à Lausanne, nouveau programme…
La prophétie de Plushenko s’est ainsi réalisée. «Lambiel a le potentiel pour devenir champion du monde», avait déclaré le tsar de Saint-Pétersbourg il y a quelques semaines…
Othman fait sa place
A bonne distance de Lambiel, Jamal Othman trace aussi son sillon. Le Bernois, pour ses premiers Mondiaux, obtient la 21e place, un résultat encourageant dans la perspective des Jeux 2006 à Turin. Othman, peut-être un peu trop content d’en finir, a escamoté la dernière minute de son programme, chutant sur une séquence de petits pas et ratant un double axel.
Mais le bilan est bon, commente Jacqueline Kiefer, coach du longiligne (1m86) Bernois. «On avance petit à petit, on verra la prochaine fois…». D’ici là, il aura peut-être incorporé le triple axel à son programme.
swissinfo et les agences
– Stéphane Lambiel est né le 2 avril 1985 à Martigny (Valais). Les principaux résultats à son palmarès:
– Champion suisse junior en 1998 et 1999, Champion suisse en 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005.
– 1998/99: 2e aux Journées olympiques de la jeunesse en Slovaquie.
– 1999/2000: 3e au Grand Prix Junior de Nagano (Japon).
– 2000/01: 2e au Grand Prix Junior de Mexico City.
– 2001/02: 4e aux Championnats d’Europe de Lausanne et 15e aux Jeux Olympiques de Salt Lake City.
– 2002/03: 5e aux Championnats d’Europe de Malmö (Suède).
– 2003/04: 4e aux Championnats du monde de Dortmund et 6e aux Championnats d’Europe de Budapest.
– 2004/05: 4e aux Championnats d’Europe de Turin, Champion du Monde à Moscou.
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