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Terre des Hommes victime d’un vieux scandale

Hélène Sulzer, responsable de la communication à Terre des Hommes, dément ces allégations de pédophilie. Keystone / Roger Doelly

Deux quotidiens alémaniques en faisaient un grand titre vendredi: Terre des Hommes connaît des difficultés avec l'un de ses partenaires indiens. Le choix des nouvelles stratégies fait inopinément resurgir un ancien scandale de pédophilie.

Au Mont-sur-Lausanne, la direction de Terre des Hommes se dit choquée. Non pas tant sur les faits que rapporte le correspondant en Inde de la Neue Zürcher Zeitung et du Bund, que par le «doux mélange» d’informations sur deux affaires distinctes. Les responsables de l’organisation d’aide à l’enfance démentent fermement l’intention qui leur est reprochée d’annoncer une restructuration d’activités pour camoufler une affaire de pédophilie.

Terre des Hommes n’ignore rien des actes pédophiles commis jadis par l’ancien directeur de «Terre des Hommes India». Ces faits ont été dénoncés par certaines de ses victimes une fois adultes. En 1996, une fois le scandale révélé, leur auteur a pris les devants et démissionné de l’organisation. Précision importante: «Terre des Hommes India» n’est pas une «succursale» de la Fondation basée en Suisse mais un partenaire, condition sine qua non pour qu’une institution étrangère puisse obtenir pignon sur rue en Inde.

La direction de Terre des Hommes a déposé plainte contre son ancien partenaire, très connu dans certains milieux suisses qui pendant longtemps lui ont apporté une aide soutenue. La justice indienne l’a récemment assigné à comparaître pour pédophilie, mais aussi pour malversations financières. L’affaire n’est pas close, mais aujourd’hui Terre des Hommes se retrouve non plus dans le rôle de plaignant, mais dans celui de témoin.

Entre temps, un autre contentieux a surgi entre l’organisation et le successeur du directeur indien. Celui-ci a été informé, bien à temps, que Terre des Hommes, fin 2002, allait interrompre son appui financier au programme scolaire dont il avait la responsabilité. Cette décision fait suite à une redéfinition des priorités de l’organisation qui entend se consacrer à des tâches précises comme les soins, l’aide sociale et la défense des droits des enfants.

Selon la direction de Terre des Hommes, le programme d’éducation mené depuis des années à Calcutta ne correspond plus à ces nouveaux critères, ce que le directeur indien refuse. D’où cet autre conflit, quand bien même l’organisation déclare encourager et soutenir son futur ex-partenaire dans sa recherche de nouveaux moyens de financement.

L’amalgame que dénonce Terre des Hommes entre ces deux affaires fort différentes réveille en tout cas de mauvais souvenirs chez son équipe dirigeante qui n’a pas oublié un autre drame pédophile découvert il y a quelques années en Ethiopie et dans lequel était notamment impliqué l’un de ses directeurs régionaux. Mais, à l’époque, l’absence de moyens légaux appropriés avait empêché l’organisation de mettre la justice à l’oeuvre.

Les associations qui s’occupent d’enfants savent qu’elles ne sont pas entièrement à l’abri des pédophiles. Terre des Hommes veut prévenir le mal. En janvier, elle a réuni à Zurich une quarantaine de ces associations qui se sont engagées à se communiquer toute information utile concernant les problèmes qu’elles rencontrent dans ce domaine. Elles ont également rédigé un code de conduite qui sera rendu public début septembre.

Bernard Weissbrodt



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