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A Zurich, dans le fief suisse des Prix Nobel

Michael Gasser, responsable des archives de la bibliothèque de l'EPFZ, lit la correspondance d'Albert Einstein aux journalistes scientifiques de passage en Suisse. swissinfo.ch

Une trentaine de journalistes scientifiques et communicants venus du monde entier se sont immergés la semaine dernière au cœur des innovations développées à l'Université et à l’École Polytechnique de Zurich. Reportage.

Saviez-vous qu’Albert Einstein était l’un des plus mauvais élèves de sa promotion zurichoise de physiciens, que la stimulation électrique du cerveau serait susceptible de rendre les gens plus honnêtesLien externe et qu’une maison en béton pouvait tout simplement être impriméeLien externe? C’est ce qu’un groupe de participants au 11e Congrès mondial des journalistes scientifiques Lien externe qui s’est tenu à Lausanne (EPFLLien externe), a découvert lors de sa visite à Zurich la semaine dernière.

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Zurich, un aimant à prix Nobel

Ce contenu a été publié sur Albert Einstein, lauréat du prix Nobel de physique en 1921Lien externe, a passé plusieurs années à Zurich. Il s’y installe une première fois en 1896 comme étudiant. En 1902, il quitte Zurich pour BerneLien externe, où il travaille au Bureau fédéral de la propriété intellectuelle, période pendant laquelle il développe sa théorie de la relativité…

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La capitale économique de la Suisse abrite deux excellentes universités de renommée mondiale. L’Ecole Polytechnique fédérale (EPFZLien externe) liste pas moins de 21 Prix NobelLien externe parmi ses chercheurs et l’Université de Zurich en compte 12. Fondée en 1833, cette dernière est par ailleurs la première université européenne créée par un État démocratique et non par une monarchie ou une Église.

Aujourd’hui encore, les deux vénérables institutions font rayonner leurs innovations dans le monde entier. «Pour contenter tout le monde, nous avons concocté un programme aussi varié que possible et centré sur les intérêts les plus brûlants des médias», souligne Marianne Lucien, responsable de la communication à l’EPFZ.

Retrouver le sommeil

Surpris par la multitude et la diversité des projets présentés, certains participants se sont confiés sur leurs préférences lors d’un sondage improvisé réalisé dans le train qui ramenait la délégation à Lausanne.

«Quand on a des enfants en bas âge – ma fille a trois ans – ou tout simplement des insomnies, c’est le rêve de pouvoir retrouver sa qualité de sommeil sans prise de médicaments», a ainsi indiqué Shireen Federico, responsable de communication de l’Observatoire de la Terre de Singapour.

Elle faisait ainsi référence à une étude présentée par le chercheur Walter Karlen, de l’équipe SleepLoopLien externe. Celle-ci se base sur une application qui connecte un ordinateur portable à un smartphone dont l’oreillette envoie des signaux acoustiques d’intensité et de fréquence adéquates à son usager sans qu’il les remarque et, ce faisant, entraîne un sommeil plus réparateur.

Alors que la journaliste argentine Valeria Roman fut surtout séduite par le projet baptisé VariLegLien externe: «Depuis trois ans, je couvre en tant que journaliste scientifique les avancées de cet exosquelette qui rend leurs jambes aux paraplégiques.»

Béton durable

La «Palme d’or» de la journaliste moscovite Julia Rudyy, va à Gnanli Landrou. Natif du Togo, ce créateur de la spin-off OxaraLien externe a développé une technologie qui consiste à utiliser les déchets d’enfouissement (matériaux d’excavation) disponibles localement pour produire un béton de terre coulée.

«Ce qui m’impressionne, c’est qu’avec son produit, ce chercheur arrive à faire d’une pierre trois coups: réduire la consommation de sable, baisser les émissions de CO2 dû à la production de ciment et offrir des logements durables à bas coût», souligne cette scientifique de formation, spécialisée en chimie des matériaux.

+ Pour en savoir plus sur la start-up suisse Oxara

Mousse d’isolation et drones

«Je viens d’envoyer les photos de cette mousse à mon père qui est ingénieur dans le bâtiment et très intéressé par ce type de nouveautés» Ekaterina Mishenko, journaliste russe

Le journaliste roumain Alex Micu, lui, s’est entiché de la découverteLien externe du chercheur Matteo Pacher grâce à laquelle l’architecture des bâtiments s’affranchit de ses limitations géométriques à l’aide de robots et d’imprimantes 3D. «On en a marre des constructions rectangulaires sans fantaisie qui envahissent nos paysages urbains. Ces techniques vont enfin permettre des lignes plus souples, variées et originales.»

D’autres encore, comme la journaliste russe Ekaterina Mishenko, ont été conquis par la mousse d’isolation ultra-légère d’Étienne Jeoffroy, créateur de FenXLien externe. Marqué par l’incendie de la tour Grenfelle de Londres en 2017, ce chercheur de 27 ans à l’époque, a élaboré un matériau hautement poreux aux excellentes propriétés thermiques et 100% recyclables produit à partir de déchets minéraux.

«Je viens d’envoyer les photos de cette mousse à mon père qui est ingénieur dans le bâtiment et très intéressé par ce type de nouveautés», témoigne Ekaterina Mishenko.

Tandis que son confrère Pablo Hernández Mares a été bluffé par le drone du doctorant Davide FalangaLien externe. «Voir comment cet engin plie tout seul ses bras d’hélice en vol pour réduire ses dimensions et entrer dans des cavités étroites est vraiment impressionnant. Et surtout très utile pour repérer les gens lors de catastrophes et les secourir», a relevé ce féru de nouvelles technologies.

Big Data et média

Une préoccupation qui fait écho au choix de la Japonaise Seiko Aoyama, productrice en sciences: «Epicentre de tremblement de terre, notre ville de Kobe possède le plus grand ordinateur du pays, le supercalculateur K, qui récolte les données. C’est pourquoi j’ai été particulièrement intéressée par la présentation du professeur Christian Hauser et son travail sur le regard de la presse sur le Big Data».

Le scientifiqueLien externe a conduit une étude de 2011 à 2018 pour comprendre comment les plus grands quotidiens suisses et américains couvrent la thématique du Big Data. Les résultats obtenus démontrent que les médias des États-Unis se concentrent plus sur l’innovation relative aux produits, tandis que ceux de la Suisse mettent davantage l’accent sur l’optimisation des produits et les développements du marketing. La Suisse semble également beaucoup plus préoccupée par les thématiques des risques et des abus de données liés au Big Data.

Comme toute l’Europe, en proie au regain des extrémismes qui accroissent les risques d’abus de données et par corollaire l’importance du travail des médias. Or «notre principal défi est le manque de temps pour les journalistes en rédaction, et la faiblesse des rémunérations chez les pigistes, qui en fait reviennent au même, car cela nous contraint à sous-enquêter par manque de temps et sous la pression du chronomètre», souligne Yves Sciama, le président de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPILien externe).

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