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2001 – Le temps, pourquoi et comment? Tout est relatif

Secondes, minutes, heures: un passé chargé! Keystone

Dans notre représentation du temps, il y a les données fixes, incontestables... et les autres. Après avoir évoqué le jour, l´année et le mois, coup d´oeil sur la seconde, l´heure, la semaine et le siècle.

Lorsque nous quittons les notions de jour, d’année, et, dans une moindre mesure, de mois, nous quittons le domaine de l’absolu pour celui du relatif, le domaine du ciel pour celui des hommes.

Voulez-vous par exemple connaître la définition d’une seconde? «Durée de 9.192.631.770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental du césium 133». Rien que ça.

Et quels rapports mystérieux entretiennent donc les secondes et le césium 133? Un rapport mathématique, c’est tout. Les propriétés atomiques étant immuables, elles permettent une définition précise. Plus simplement, et ce n’est pas une surprise, la seconde est la 60e partie de la minute, qui est elle-même la 60e partie de l’heure.

Il est difficile d’imaginer qu’autrefois, le découpage de la journée en heures était parfaitement inconnu. Et pourtant… Les anciens Perses avaient par exemple une vision beaucoup plus souple, voire poétique, des choses. Pour eux, la journée se divisait en cinq périodes: l’«aurore», le «temps du sacrifice», la «pleine lumière», le «lever des astres», et enfin le «temps des prières».

Il y a eu bien sûr de nombreux autres systèmes. Pour faire court, disons simplement qu’avant les Romains, la division en heures remonte sans doute aux Chaldéens. Auparavant, les Babyloniens avaient déjà divisé le jour en douze parties égales baptisées «kapzu». Pourquoi ce système construit sur le nombre douze, chiffre sacré s’il en est? Peut-être pour de simples raisons mathématiques: douze est divisible par 2, par 3, par 4… Un nombre «pratique», en quelque sorte.

En ce qui concerne la semaine, son emploi en Europe ne remonte qu’au IIIe siècle. On constate que sa durée correspond grosso modo aux phases de la lune. Et son histoire relativise passablement le point de vue chrétien à son endroit.

Version officielle: Dieu créa la Terre et les cieux en six jours, et se reposa le septième, d’où notre dimanche, octroyé généreusement à l’humanité laborieuse en 321 par un décret de Constantin.

En fait, pour comprendre la raison de ce septième jour pas tout à fait comme les autres, il faut remonter aux temps de la Babylonie triomphante, et savoir qu’en ces temps et en ces lieux éloignés, le nombre 7, tout comme ses multiples, était considéré comme néfaste.

Il ne fallait donc rien entreprendre le 7, le 14, le 21 et le 28. Un peu comme de nos jours encore, certains superstitieux restent cloîtrés chaque vendredi 13. Ce serait là l’origine du repos hebdomadaire, qui devint une coutume généralisée chez les Juifs. Pour en revenir à la notion de «semaine», celle-ci pénétra tardivement en Grèce, puis chez les Romains.

Et le siècle dans tout ça? Chez les Romains, par exemple, il n’était pas précis pour un sou, le siècle. Il y avait d’ailleurs deux types de siècles: des siècles dits «naturels», basés sur la durée de la vie humaine, et des siècles dits «civils», basés sur une période historique.

Dans un cas comme dans l’autre, les durées étaient incertaines et franchement fluctuantes. Ainsi Pline appelait-il «siècle» une période de trente ans. De son côté, Horace évaluait à cent dix ans le siècle civil.

Parlez-moi de la rigueur romaine. Aujourd’hui au moins, un siècle égale cent ans, c’est propre et mathématique! Demain: les ères…

Bernard Léchot

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