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A l’abri à Moscou, Pavel Borodine provoque deux magistrats genevois

La justice russe affirme que «Pavel Borodine n’a jamais eu de comptes bancaires en Suisse». Keystone / AP Photo / Ivan Sekretarev

Accusé d'avoir perçu 25 millions de dollars de pots-de-vin lors de travaux au Kremlin, le Russe Pavel Borodine porte plainte contre Bernard Bertossa et Daniel Devaud pour «violation du secret de l'instruction».

Le 10 juillet dernier, la commission rogatoire internationale signée par le juge genevois Daniel Devaud et adressée au procureur général de la fédération de Russie, détaillait par le menu les circuits et les bénéficiaires de 60 millions de dollars versés par la société Mercata, installée au Tessin, lors de travaux de réfection du Kremlin.

L’argent passait par la Suisse, l’île de Man, les Bahamas, Guernesey. Pavel Borodine, sa fille et son gendre, se taillaient la part du lion en empochant 25,6 millions de dollars. Mais cette procédure ouverte pour blanchiment d’argent et participation à une organisation criminelle n’intéresse apparemment pas la justice russe. Le magistrat Rouslan Tamaïev vient d’affirmer que «Pavel Borodine n’a jamais eu de comptes bancaires en Suisse».

C’est clair. Malgré les promesses de Vladimir Poutine, la Russie s’apprête à enterrer les scandales financiers de l’ère Eltsine. De quoi donner du mordant à l’ancien intendant du Kremlin, devenu depuis secrétaire de l’Union Russie-Biélorussie. «On m’a rapporté que M. Devaud touche d’importants pots-de-vin pour conduire ces affaires», lançait-il le 19 septembre dernier au correspondant de La Tribune de Genève à Moscou.

Nouvelle étape dans la provocation. Pavel Borodine porte cette fois plainte contre Bernard Bertossa et Daniel Devaud pour «violation du secret de l’instruction». Pour le procureur général de Genève, il s’agit bien là d’une «déclaration de guerre» de la part de personnes qui ont commis des délits en Suisse.

L’ancien proche collaborateur de Boris Eltsine fait d’ailleurs l’objet depuis janvier d’un mandat d’amener international. Il peut donc – théoriquement – être arrêté s’il pose un pied en dehors de la Russie. Vaine menace? Sans doute. Néanmoins, comme dans l’affaire Mikhaïlov, la justice genevoise a tout de même réussi à faire passer un message clair aux grands criminels: celui de regarder à deux fois avant de monter des combines sur les bords du lac Leman.

Ian Hamel

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