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A la recherche d’autres Terres

Le télescope de 3, 60 m de diamètre installé à La Silla (Chili) est désormais voué à la quête des exoplanètes. ESO

Conçu entre Genève, Berne et Saint-Michel l’Observatoire (Alpes de Haute-Provence), un nouveau détecteur ultra-précis va booster la quête des planètes extra-solaires.

Grâce à cet engin, les astronomes comptent bien découvrir des mondes qui ressemblent au nôtre.

HARPS pour «High Accuracy Radial velocity Planetary Search project». Sous ce sigle se cache rien moins de la Rolls des chasseurs d’exoplanètes, ces mondes qui gravitent autour d’étoiles autres que notre Soleil.

Dans l’immensité de l’univers, tout est mouvement. La Lune tourne autour de la Terre, qui elle-même tourne autour du Soleil, avec le cortège des huit autres planètes formant sa famille.

Mais l’astre du jour n’est pas un point fixe. Il tourne lui-même autour du centre de la galaxie et toutes les étoiles qui l’accompagnent suivent peu ou prou le même mouvement.

Or, lorsqu’une étoile est accompagnée de planètes, leur mouvement de rotation perturbe la course de l’astre dans son périple.

C’est donc en mesurant ces variations de vitesse que Michel Mayor et Didier Quéloz, de l’Observatoire de Genève, ont établi pour la première fois, en 1995, la preuve de l’existence d’une exoplanète.

Puissance maximale

Pour l’heure, cette méthode, dite des vitesses radiales, est la seule dont disposent les astronomes dans leur quête des mondes lointains.

Pour réellement voir les exoplanètes, il faudra en effet lancer dans l’espace des flottilles de télescopes montés sur satellites. Et ceux-ci ne devraient être opérationnels au mieux que dans une quinzaine d’années. Alors, en attendant, c’est sur HARPS qu’il faudra compter.

«C’est un très gros instrument, dans la ligne de ceux que l’on utilise actuellement, mais en plus puissant, et fonctionnant sous vide d’air pour minimiser l’influence des variations de pression et de température ambiantes», explique Michel Mayor.

Pour qu’il puisse déployer toute sa puissance, ce détecteur est désormais installé sur un gros télescope, de 3 mètres 60 de diamètre, qui fait partie du site de l’ESO (European Southern Observatory), sur le plateau de La Silla, au Chili.

500 nuits d’observation

«L’ESO voulait être présent dans le domaine des exoplanètes. Nous avons donc répondu à un appel d’offres, mais nous avons dû trouver le financement nous-mêmes. En contrepartie, nous avons obtenu 500 nuits de télescope au cours des cinq années à venir, ce qui est énorme», se réjouit Michel Mayor.

Le 11 février dernier, HARPS a enregistré son premier diagramme et les astronomes ne tarissent pas d’éloges sur la précision de l’engin. De quoi ravir les équipes des observatoires de Genève et de Haute-Provence, de l’Institut de physique de l’Université de Berne et de l’ESO, qui l’ont conçu.

Alors qu’une planète géante comme Jupiter induit des variations de vitesse de l’ordre de 40 km/h dans la course du Soleil à travers la galaxie, HARPS est capable de mesurer des variations de 3 km/h sur des étoiles distantes de plusieurs centaines d’années-lumière.

Des jumelles de la Terre

De cette manière, les astronomes espèrent arriver à trouver enfin des mondes de taille plus modeste que les mastodontes découverts jusqu’ici. Actuellement, en effet, aucune des 117 exoplanètes recensées depuis huit ans n’est moins massive que Saturne, la seconde géante du système solaire.

Le but ultime de cette quête est bien sûr de trouver des jumelles de la Terre, c’est-à-dire des planètes rocheuses qui gravitent à une distance de leur étoile rendant les températures propices à l’éventuelle éclosion de la vie.

Aujourd’hui, pratiquement tous les astronomes sont convaincus de l’existence de telles planètes. En 1941 déjà, le savant Auguste Piccard disait sa conviction qu’il y aurait forcément d’autres Terres dans l’univers.

swissinfo, Marc-André Miserez

– Depuis 1995, les astronomes ont découvert 117 planètes gravitant autour d’étoiles autres que le soleil.

– Jusqu’ici, la précision des instruments rendait possible uniquement la détection de planètes géantes, en principe totalement impropres à l’éclosion de la vie.

– Grâce au nouveau détecteur helvético-franco-européen HARPS, en fonction depuis le début de l’année au Chili, on va pouvoir repérer des planètes nettement moins massives. Et peut-être des jumelles de la Terre.

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