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Adolf Ogi lègue aussi un héritage de paix à la Genève internationale

Signature, le 28 avril 1998, de l'acte de fondation du Centre international de déminage humanitaire (CIDH) à Genève. Keystone

Les centres créés à Genève en matière de politique de sécurité, de déminage humanitaire et de contrôle démocratique des armées sont peu connus du grand public. Mais ces instruments d´une Suisse oeuvrant pour la paix sont nés de la volonté d'Adolf Og

L’ambassadeur Theodor Winkler, qui ces jours-ci à Genève prend la tête du nouveau Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, a passé plusieurs années au ministère de la Défense. Il se souvient très bien que l’une des premières décisions d’Adolf Ogi, en 1995, fut de soumettre au Conseil fédéral le projet d’un Centre de politique de sécurité.

Depuis plusieurs années existait déjà un cours organisé au sein de l’Institut universitaire des hautes études internationales. L’idée de le transformer en centre spécialisé avait immédiatement séduit Adolf Ogi. La guerre froide était finie et promouvoir des relations directes entre des diplomates et des militaires venus de tous horizons correspondait tout à fait à sa ligne de pensée.

«Il s’est véritablement enflammé pour la Genève internationale, raconte Theodor Winkler, et les projets se sont alors rapidement succédé. Il y a eu ensuite le Centre de déminage humanitaire, puis la Maison de la paix (encore à concrétiser) et enfin le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées qui sera officiellement inauguré le 27 octobre».

Et d’expliquer qu’à ses yeux «Adolf Ogi est un homme qui a compris que la Suisse a besoin d’une carte de visite de politique de sécurité active et qu’il fallait saisir chacune des chances qui s’offrait à elle de renforcer sa présence internationale. Il est profondément convaincu que la Suisse ne doit pas avoir peur du monde, mais qu’elle peut lui offrir quelque chose et contribuer sérieusement à la paix par des actes et non pas en vivant dans le camp retranché de la guerre froide».

Les trois centres qui ont ainsi vu le jour sous le «règne» d’Adolf Ogi ont parfois surpris les observateurs étrangers. L’un d’eux, paraît-il, aurait même un jour avoué sa jalousie: «on aurait dû avoir nous-mêmes ces idées, il n’y a aucune raison que la Suisse ait pu prendre ce genre d’initiative!»

La réalité, commente encore Theodor Winkler, c’est qu’Adolf Ogi a «le nez fin» et qu’il a souvent l’intuition de ce que ses interlocuteurs attendent. «Et comme il est capable de se passionner pour beaucoup de nouveautés, il a su répondre à des besoins urgents de la communauté internationale».

Même constat chez l’ambassadeur Martin Dahinden qui, lui, dirige le Centre international de déminage humanitaire. Et qui rappelle que «c’est à l’époque Ogi que la Suisse a renoncé aux mines antipersonnel». Le ministre de la Défense était très attaché aux principes humanitaires et il voulait absolument en renforcer la tradition.

Cela supposait trois sortes de décision: d’abord changer de politique de défense, ensuite appuyer le plus activement possible le processus d’Ottawa pour un monde sans mines, et enfin ne pas rester dans l’abstrait et prendre une initiative visible, utile et efficace, d’où l’idée de ce Centre qui peut compter sur l’intérêt et l’appui de la communauté internationale.

A ce propos, on notera la déclaration faite par Kofi Annan à l’annonce de la démission d’Adolf Ogi: «En tant que président, dit-il, il a apporté une contribution majeure en renforçant l’engagement international de la Suisse, en particulier avec les Nations unies et ses institutions».

Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des mérites d’Adolf Ogi, note l’un de nos interlocuteurs, que d’avoir su vivre dans les limites imposées à la Suisse par les votes négatifs sur les Casques bleus et sur l’Espace économique européen. Cela ne l’a pas empêché de réaliser des choses non seulement possibles, mais aussi novatrices.

Bernard Weissbrodt

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