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Affaire Thomson: le Bernois Edgar Brunner passe aux aveux

La justice suisse a répondu à une commission rogatoire internationale française. Keystone

En 1990, Frontier AG Bern s´engage à aider le groupe français Thomson à vendre six frégates à Taiwan. Convoqué par la justice suisse, Edgar Brunner, le patron de Frontier AG, reconnaît qu´il s´agit d´une mascarade pour détourner de l´argent.

Grâce à ses relations en Asie (elle avait vendu du lait suisse à Singapour dans les années 80), la petite société Frontier AG Berne était susceptible de décrocher un contrat en République de Chine! Pour ce service, elle devait empocher 1 pour cent de commission, soit 160 millions de francs français (38 millions de francs suisses).

Mais depuis dix ans, Thomson, malgré la vente des frégates, n’a jamais versé la commission promise. La justice suisse, qui répond à une commission rogatoire internationale française, ne souhaite donc pas inculper Edgar Brunner, aujourd’hui âgé de 76 ans, le fondateur de Frontier AG Bern.

Ce juriste à la retraite n’a finalement jamais gagné un seul centime dans cette opération. Simple intermédiaire dans ce contrat, il ne s’est pas fait prier pour tout raconter au Palais de justice de Genève: les 160 millions de francs français, loin d’être utilisés pour faciliter la vente en Asie, devaient rémunérer des personnalités françaises.

C’est Alfred Sirven, l’ancien numéro 2 de la compagnie pétrolière Elf, alors domicilié en Suisse, qui a monté toute l’opération. L’argent devait partir au Portugal, sur les comptes de la société Brunner Sociedade Civil de Administraçao Limitada, avant de disparaître dans des poches plus profondes.

Les heureux bénéficiaires? Alfred Sirven lui-même, Christine Deviers-Joncour, l’ancienne maîtresse de Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères, et l’homme d’affaires Gilbert Miara, ami de Christine Deviers-Joncour. Pourquoi le groupe Thomson envisageait-il en 1990 de rémunérer ces personnes? A moins que derrière elles, il ne se cache un ou plusieurs autres bénéficiaire(s).

Christine Deviers-Joncour, qui est inculpée depuis 1997 dans cette vente de frégates à Taiwan, jure que «Pas un sou n’était prévu pour Dumas. Il était hors de question qu’il touche même 10 balles».

Ian Hamel

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