Des perspectives suisses en 10 langues

Alinghi et Oracle vont s’affronter en duel

Duel entre BMW Oracle et Alinghi.

A New-York, le juge Cahn a déclaré le défi américain BMW Oracle Racing valide en vertu du «Deed of Gift», les dispositions historiques de l'America's Cup.

Un duel entre Suisses et Américains aura donc lieu à la place de la Cup traditionnelle. Alinghi doit préparer sa défense sur un catamaran et la Suisse va devenir le théâtre de rencontres intermédiaires entre les deux protagonistes.

La réponse précise à la question «Mais que se passe-t-il donc avec l’America’s Cup?» est restée tout l’hiver la prérogative exclusive de la Cour de justice de New-York.

Après de longs mois d’attente, le juge Cahn a enfin libéré la planète voile en publiant un décret qui valide la position de Challenger of record de BMW Oracle Racing.

Ce faisant, l’homme de loi confère à l’équipe américaine le droit de régater en duel contre Alinghi, à l’exclusion de tout autre challenger. Le Defender suisse rencontrera donc son challenger américain dans un match «au meilleur des trois manches», de type «Deed of Gift», en référence au document historique et testamentaire de l’America’s Cup.

En multicoques

Comme demandé par les Américains, la compétition devra être disputée sur des multicoques de 90 pieds (27 mètres). Reste à savoir quand?

A ce sujet, il semblerait que l’avantage d’Alinghi, surpris par l’obligation de naviguer en multicoque, soit de faire durer ce délai le plus longtemps possible afin de rattraper un éventuel retard technologique.

Il n’en demeure pas mois que le Deed of Gift prône un délai «d’une dizaine de mois» entre la reconnaissance de validité et la régate. Chez Alinghi, on ne souhaite pas naviguer avant «juillet 2009». Un round juridique reste envisageable.

A la régate technologique s’ajoutent des collaborations encore tenues «secrètes». Les Français, rois du multicoque, vont travailler d’arrache-pied sur l’America’s Cup.

Si BMW Oracle Racing s’est associé le concours de Franck Cammas et de l’équipe Groupama, Alinghi semble avoir fait alliance avec l’équipe Foncia, qui compte Alain Gautier et Michel Desjoyeaux dans ses rangs.

Les deux équipes doivent s’entraîner et progresser à la lumière de la compétition.

Des régates intermédiaires en Suisse



En matière de grands multicoques, il existe aujourd’hui deux circuits internationaux qui ont l’avantage d’utiliser des bateaux monotypes. Une réalité qui permet une meilleure progression des équipages.

Le premier, l’iShares Cup, se court principalement en mer sur des catamarans de 40 pieds (12, 20 mètres), les Xtreme 40. Chacune des équipes s’est déjà procuré deux bateaux. Les entraînements ont démarré à Valence depuis la fin du mois de février.

Comble de bonheur pour les fans de voile en suisse, les régates de l’iShares Cup démarrent à Lugano, du trente mai au premier juin prochain. Contactée par téléphone, des sources non-officielles chez Alinghi et Oracle confirment la présence des deux équipes sur le lac tessinois. Gageons que la presse internationale y sera aussi.

L’autre circuit s’appelle le Challenge Julius Baer. Il se court sur le lac Léman avec des catamarans de 35 pieds (10, 81 mètres). Dix bateaux, dont le catamaran Alinghi, sont engagés dans cette compétition.

En février, Nicolas Gonet, propriétaire du bateau Banque Gonet & Cie, projetait de mettre son bateau à disposition de Russell Coutts et des équipiers d’Oracle BMW Racing «à des fins uniquement sportives». Cette volonté a provoqué le formidable courroux d’Ernesto Bertarelli et des propriétaires de D35.

Le premier parce qu’il n’a pas envie de voir ses ennemis intimes s’entraîner dans son biotope et les seconds parce les objectifs du banquier Gonet sont jugés «différents de ceux de la majorité des propriétaires de D35».

Traduisez par-là, que Nicolas Gonet n’aurait que «des objectifs publicitaires sur ce circuit», ce qui contreviendrait aux objectifs communs des propriétaires.

Quinze jours et trois réunions de plus tard, les Américains ont été exclus du circuit et privé de ce fait, d’un espace d’entraînement relativement important. Fâché, le Banquier Gonet a abandonné ses projets nautiques.

Un «mercato» agité à Valence



A Valence, les bases américaines et suisses ne sont distantes que d’une petite centaine de mètres.

Elles sont le centre d’un «mercato» agité. En voisin teigneux, BMW Oracle Racing jette des pierres tout l’hiver dans les jardins d’Alinghi. La rumeur dit que «les salaires sont multipliés chez les Américains pour débaucher les meilleurs éléments suisses».

Grand prédateur, le triple vainqueur de l’America’s Cup Russell Coutts sait exactement où frapper dans cette équipe qu’il a lui-même constitué en 2002.

Mais si le skipper d’Alinghi Brad Butterworth a tenu à préciser à la mi-mars qu’il ne bougerait pas une oreille, le directeur des opérations Michel Marie et le symbolique Christian Karcher – consultant fétiche de la Télévision Suisse Romande – ont déjà revêtu le maillot américain.

Alinghi, de son côté, se remonte le moral avec le directeur sportif John Barnitt, un ancien du catamaran Stars and Stripes de 1987. Pour limiter l’hémorragie de compétences, les contacts entre les deux équipes ont été prohibés: On ne s’adresse désormais plus la parole dans les cafés valenciens.

swissinfo, Pierre-Antoine Preti/Skippers magazine

Alinghi a remporté la Coupe de l’America à sa première participation en 2003.

Le défi suisse ramenait l’Aiguière d’argent en Europe pour la 1re fois depuis plus de 150 ans.

En 2007, Alinghi a conservé son bien en s’imposant 5-2 contre Team New Zealand.

Chargé d’organiser la prochaine Coupe de l’America en 2009 à Valence, Alinghi a été attaqué en justice par les Américains d’Oracle (pour règlement inéquitable) à qui la Cour Suprême de l’Etat de New-York a donné raison une première fois en novembre 2007.

Le tribunal a trouvé une faille dans le protocole établi par les Suisses en vue de la prochaine édition de la coupe.

Au final, un duel en trois manches entre Alinghi et Oracle tiendra lieu de 33e Coupe de l’America.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision