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Ammann entre dans la légende olympique

«Harry Potter» est revenu au top après huit ans de travail intense. Keystone

Le Suisse Simon Ammann est le premier sauteur à skis de l'histoire à remporter quatre titres olympiques en individuel, après sa victoire samedi à Vancouver dans le concours sur grand tremplin des JO 2010. La presse suisse de dimanche explose de joie.

«Je ne sais pas pourquoi, depuis que je suis ici, j’ai l’impression d’avoir une force magique qui me permet de sauter loin (…). J’ai plus l’impression de faire du vol à skis que du saut à skis.»

Comme en 2002 à Salt Lake City, Ammann a réalisé le doublé avec 283,6 points devant le Polonais Adam Malysz (269,4) et l’Autrichien Gregor Schlierenzauer (262,2 pts), podium identique à celui de l’épreuve sur petit tremplin il y a une semaine.

«Simi» a assommé le concours dès la première manche avec un saut à 144 m, soit sept mètres de plus que son premier poursuivant, Malysz. Il s’est encore montré le meilleur dans la manche finale, même si focalisé sur une bonne réception, il sauté plus court, à 138 mètres.

Urs Lehmann, président de la Fédération suisse de ski, ne cache pas son bonheur de voir réussir sa recette mélangeant talents et bonnes idées: «Sans talents, on ne gagne pas. Après, tout l’entourage, des entraîneurs jusqu’à l’administration de Swiss Ski, a fait un très bon boulot. On est une belle équipe qui travaille bien, au sein de laquelle les gens sont très proches. On a eu des bonnes idées qu’on a pu réaliser. C’est comme un puzzle.»

Renforcé par la polémique des fixations

Le St-Gallois reste seul en haut de l’affiche du saut à ski, à la barbe des «aigles» autrichiens. Après avoir remporté le concours du petit tremplin il y a une semaine pour s’offrir la première médaille d’or décernée à Vancouver, il a surmonté la polémique concernant la fixation de ses skis pour voler plus loin que tous les autres, samedi sur le grand tremplin.

Polémique qui ne l’a jamais détourné de son objectif, d’autant que la Fédération internationale de ski avait confirmé vendredi que ce système avec une tige rigide était conforme au règlement.

«J’étais très nerveux, c’était vraiment atroce, a déclaré le Suisse de 28 ans. J’ai toujours cette force magique qui me fait sauter loin ici, c’est tout simplement prodigieux.» Et de préciser que « toutes ces histoires n’ont fait qu’accroître ma motivation et, surtout, ma confiance en moi. Finalement, toutes ces histoires m’ont rendu plus fort. C’était un double avantage pour moi.»

Déjà auteur du doublé à Salt Lake City en 2002, Ammann compte désormais quatre médailles d’or individuelles aux Jeux. Le Finlandais Matti Nykanen avait lui aussi obtenu quatre médailles d’or, mais l’une avait été conquise dans le saut par équipe.

«Seul dans la légende»

«Le petit sorcier devenu grand marabout», «Seul dans la légende», «Ammann saute dans l’Olympe du sport», «Simon Ammann écrit l’histoire du sport», «Le roi de Vancouver»: la presse suisse du dimanche se déchaîne de joie après la quatrième médaille d’or olympique du St-Gallois.

«Il y a du Roger Federer dans le lutin de Toggenburg, avec ce mélange improbable et désarmant de professionnalisme et de décontraction», s’exclame le correspondant de l’Agence France Presse. Ce que rejette Ammann, rappelant que Federer «a toujours été présent dans les premières places, malgré le temps qui passe, tandis que moi, je suis plus un compétiteur d’un jour».

Qui est Simon Amman? Réponse du Matin Dimanche: «Un génie, un oiseau, un peu les deux à la fois». Pourquoi le phénomène du Toggenburg est-il si fort dans une discipline où le moindre grain de sable peut se transformer en rocher? Le Matin répond encore: «Lui, parle d’un puzzle qu’il a mis plus de trois ans à reconstruire. Une période douloureuse vécue entre son premier doublé olympique de Salt Lake City (2002) et son naufrage de Turin (2006). Libre dans sa tête débarrassé de cette image de Harry Potter devenue encombrante», même s’il a encore parlé de magie, samedi au bas du tremplin.

«La double victoire de Salt Lake City était l’œuvre d’un sauteur doué, euphorique, décontracté et bien préparé. Celle de Whistler est l’œuvre d’un sauteur à ski plein de maturité, d’un mental à toute épreuve et d’une préparation minutieuse», explique la SonntagsZeitung à propos de celui qu’elle a baptisé le «roi des airs».

«Adieu l’Autriche»

Il aurait même gagné sans les fameuse fixations critiquées par les Autrichiens, estime la NZZ am Sonntag. «Amman réunit à la fois la forme, le matériel et la psyché, ce qui le rend pratiquement imbattable en ce moment», conclut l’hebdomadaire zurichois.

«Adieu l’Autriche: pourquoi sautillez-vous alors que nous, nous volons?» Fidèle à lui-même, le SonntagsBlick nargue non sans perfidie les grands perdants de ces Jeux 2010, les Autrichiens qui faisaient la loi sur les tremplins du monde entier depuis les jeux d’hiver de Turin (2006). Et explique en détail les fixations «révolutionnaires» mises au point par des ingénieurs bâlois.

swissinfo.ch

Le St-Gallois est né le 25 juin 1981. Il mesure 172 cm pour 60 kg.

Aux JO, 1er au petit tremplin en 2002 et 2010, et 1er au grand tremplin en 2002.

Aux championnats du monde, 2e en 2007 et 3e en 2009 au petit tremplin et 1er au grand tremplin en 2007.

En coupe du monde, actuel 1er, après avoir terminé 2e en 2009 et 3e en 2007.

1. Simmon Amman (Suisse) a effectué des sauts à 144 et 138 m pour un total de 283,6 points.

2. Adam Malysz (Pologne), 137 et 133,5 m; 269,4 points)

3. Gregor Schlierenzauer (Autriche), 130,5 et 136 m; 262,2 points).

Podium identique à celui de l’épreuve sur petit tremplin du12 février.

Puis 4. Andreas Kofler (Autriche) 261,2 (131,5/135)

5. Thomas Morgenstern (Autriche) 246,7 (129,5/129,5)

6. Michael Neumayer (Allemagne) 245,5 (130/130)

7. Antonin Hajek (Tchéquie) 240,6 (128/129)

8. Noriaki Kasai (Japon) 239,2 (121,5/133)

9. Robert Kranjec (Slovénie) 233,7 (118,5/135,5)

10. Wolfgang Loitzl (Autriche) 230,3 (129,5/121,5).

24. Andreas Küttel (Suisse) 204,9 (121,5/119).

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