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Au Tchad, les expatriés ont commencé à quitter le pays

Les soldats tchadiens combattent les rebelles depuis de nombreuses années. Keystone Archive

Les combats se poursuivent au Tchad après l'irruption samedi de la rébellion à N'Djamena. L'armée française a entamé l'évacuation des ressortissants étrangers.

Onze Suisses – sur les 120 immatriculés dans le pays – ont été évacués du pays durant le week-end.

Ces onze Suisses ont été acheminés à Libreville, au Gabon, et devaient être rapatriés via Paris, a indiqué le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Pour la moitié des enfants, ces ressortissants suisses qui se trouvaient à N’Djamena ont été évacués par avions de transport de l’armée française dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué Raphaël Saborit, porte-parole du DFAE.

Ils devaient quitter la capitale gabonaise dimanche soir. Selon l’armée française, deux avions de rapatriés occidentaux du Tchad en direction de Paris étaient prévus dimanche encore. Au total, l’armée française a évacué plus de 500 personnes de N’Djamena vers Libreville durant le week-end.

Une équipe du Corps suisse d’aide humanitaire s’est rendue à Libreville pour accueillir les ressortissants suisses, a précisé Raphaël Saborit.

Selon ce dernier, tous les Suisses qui désiraient être évacués du Tchad ont pu l’être. Au total, 69 ressortissants helvétiques se trouvent actuellement à N’Djamena. Ils ont rejoint trois sites sécurisés de l’armée française durant la nuit de samedi à dimanche en raison de la situation dans la capitale tchadienne.

«Ils sont en sécurité», ont précisé les responsables de la cellule de crise mise en place à Berne par le DFAE. Pour l’instant, aucune autre évacuation n’est prévue, a relevé Raphaël Saborit dimanche.

Une quarantaine de Suisses se trouvent dans le reste du pays. Ils résident dans des zones épargnées par les combats. Il s’agit avant tout de missionnaires ou des collaborateurs d’organisations non gouvernementales ou du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

La Suisse n’a pas d’ambassade à N’Djamena. Les activités de la Direction du développement et de la coopération (DDC) ont été interrompues et le bureau de coordination dans la capitale se concentre désormais sur la gestion de la crise en liens étroits avec les autorités françaises.

Affirmations contradictoires

Sur le terrain, les combats se sont poursuivis dimanche à N’Djamena, aux abords du palais présidentiel cerné par les rebelles hostiles au chef de l’Etat tchadien Idriss Déby, rapportent des témoins. Le marché de la ville et la radio nationale, notamment, ont été détruits.

Samedi, les rebelles avaient affirmé avoir pris le contrôle de la capitale tchadienne, après quelques heures de combats avec l’armée gouvernementale. Les autorités tchadiennes ont cependant nié que la capitale soit tombée.

Selon une source militaire française, environ 2000 rebelles ont pénétré dans la capitale à bord de 4X4, avec mitrailleuses et armes lourdes. De nombreux blessés sont à déplorer selon plusieurs ONG.

En outre, le ministre français de la Défense Hervé Morin a confirmé dimanche que le chef d’état-major tchadien Daoud Soumaïn avait été tué dans les combats.

Un coup de force condamné

Au sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, les dirigeants du continent ont condamné l’entrée des rebelles dans N’Djamena et menacé de les chasser de l’UA s’ils accédaient au pouvoir.

«En cas de victoire de la rébellion, nous les excommunierons de l’Union africaine», a déclaré le nouveau président en exercice de l’UA, le Tanzanien Jakaya Kikwete.

La France, ex-puissance coloniale, a également condamné le coup de force des rebelles et apporté son soutien à la médiation décidée par l’UA.

Depuis lundi dernier, une colonne rebelle a traversé le Tchad sur 800 km à partir du Soudan. Sa progression n’a pas rencontré de résistance jusqu’à vendredi vers la localité de Massaguet, à 50 km au nord-est de la capitale, où l’armée gouvernementale a vainement tenté de la bloquer.

L’Eufor-Tchad en ligne de mire

Les combats entre Tchadiens ont retardé jusqu’à mercredi au moins le déploiement imminent dans l’est du Tchad de la force européenne Eufor-Tchad, à forte composante française, censée protéger les populations civiles des débordements des violences au Darfour soudanais voisin.

Plusieurs experts, ainsi que les autorités tchadiennes, estiment que le Soudan, parrain des rebelles tchadiens, les a incités à attaquer pour perturber ce déploiement.

swissinfo et les agences

Pays faiblement peuplé (9 millions d’habitants) à cheval entre Sahara et Sahel, le Tchad est très composite sur le plan de sa population. Ancienne colonie française, ses frontières résultent de négociations entre les puissances colonisatrices de l’époque. Il est indépendant depuis 1960.

L’histoire moderne du pays – largement liée aux influences de la France et de la Libye – est marquée par les révoltes des populations du nord, majoritairement musulmanes, par des batailles sanglantes et plusieurs coups d’Etat. Le dernier en date a permis à Idriss Déby Itno de renverser Hissène Habré en 1990. Son régime autoritaire tient depuis lors.

Ce dernier accuse le Soudan voisin de soutenir ses adversaires intérieurs, en lien avec la crise au Darfour voisin, qui a provoqué l’arrivée de 235’000 réfugiés dans l’est du pays.

Le Tchad est un pays prioritaire de l’aide bilatérale suisse. Depuis 1965, la Suisse apporte son soutien dans les secteurs du développement rural, de l’accès aux soins et de l’éducation de base.

Ce programme vise aujourd’hui à renforcer les capacités des entreprises familiales agropastorales et des communautés rurales à améliorer leurs conditions de vie. Mais aussi leur espace de dialogue avec l’état et les services publics. Et ce, dans le but de créer des conditions favorables à un développement durable.

La Suisse a contribué pour 14,5 millions de francs aux efforts en faveur du Tchad l’an dernier. Une partie de cette somme – 3,5 millions – vont à l’aide humanitaire pour les camps de réfugiés.

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