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Aujourd’hui en Suisse

Interdire, chers abonnés, est un leitmotiv de notre époque.

Face aux dérèglements du monde, ses profondes mutations et les conflits qui en découlent, la réponse des Etats, comme des citoyens, se traduit souvent par des mesures coercitives, tant il est encore difficile d’imaginer des solutions permettant de dépasser les contradictions actuelles.

Ce fut le cas en Suisse il y a tout juste 10 ans avec l’acceptation de l’initiative anti-minarets, alors qu’une autre initiative populaire interdisant cette fois le port de la burqa sera prochainement débattue au parlement.

Bonne lecture,

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Keystone / Urs Flueeler

Il y a 10 ans, une majorité du peuple et tous les cantons acceptaient une initiative populaire qui interdisait la construction de nouveaux minarets en Suisse

Notre confrère Abdelhafidh Abdeleli revient sur cette affaire qui avait suscité des débats enflammés et un déchaînement de propos racistes (stimulés par les affiches des initiants) sous couvert d’un légitime questionnement de la montée de l’islamisme en Europe.

Alors que la France s’enflamme à nouveau sur la question du voile, les Suisses semblent plus sereins sur ces questions. Qu’en sera-t-il quand le corps électoral devra se prononcer sur l’initiative demandant  «l’interdiction de se dissimuler le visage»?

Il y a 10 ans, nous posions une autre question, toujours d’actualité: quel dialogue tenir après le vote sur les minarets, le gouvernement exigeant des «musulmans de Suisse» qu’ils désignent des représentants. Le politologue Ahmed Benani, aujourd’hui disparu, avait eu cette clairvoyante réponse: «La question de la représentativité est un faux problème. Car en Suisse, la communauté musulmane n’existe pas en tant que telle. Ceux qui parlent en son nom représentent une extrême minorité.»

Son confrère Stéphane Lathion allait dans le même sens: «Il est essentiel de séparer ce qui relève du culte musulman du reste (culturel, social ou autre). En effet, la grande majorité des musulmans de Suisse ne va pas à la mosquée et ne se reconnait pas dans les organisations existantes.»  D’où ma conclusion dans ce même article: «L’attitude du gouvernement ressemble à une forme d’injonction paradoxale que les psychiatres connaissent bien. On reproche à certains musulmans de verser dans le communautarisme, tout en exigeant de l’ensemble des personnes issues d’un pays musulman qu’elles se mettent en communauté».

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© Keystone / Ti-press

Même sans son chien, un chasseur sachant chasser devra-t-il à terme s’expatrier de Suisse? Le référendum contre la loi sur la chasse vient en effet d’aboutir avec plus de 70’000 signatures récoltées depuis début octobre.

Pour l’heure, il ne s’agit pas d’interdire la chasse. Le comité référendaire demande de rejeter la loi sur la chasse dont la révision a été ratée, selon eux. «Le nouveau Parlement pourra saisir les opportunités en lien avec la protection des espèces qui ont été ratées par la présente révision», assure Urs Leugger-Eggimann, secrétaire central de Pro Natura.

Rappelons qu’en Suisse, il est nécessaire d’obtenir une autorisation du canton pour chasser. La propriété foncière ne donne pas droit de chasser sur ses terres. Les cantons fixent des quotas de gibier, ce qui permet de réguler le nombre d’animaux sauvages. La chasse est possible dans tous les cantons, sauf à Genève, qui l’a interdite en 1973. La régulation du gibier y est confiée à des fonctionnaires. L’année dernière, les Zurichois avaient refusé à 84% une initiative populaire qui réclamait la même chose.

Osons une question: si l’on tente de se mettre à la place du gibier – nos frères en animalité –, est-il préférable d’être truffé de plomb suite au tir d’un fonctionnaire assermenté, puisqu’il est admis que le nombre des différentes espèces animales doit être régulé dans un espace comme celui de la Suisse? Ou faut-il laisser faire les chasseurs dûment contrôlés qui versent des sommes conséquentes à l’Etat pour pratiquer leur art? Le renard qui est en moi me souffle qu’il s’en fiche, l’important étant d’échapper à la mitraille.

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DFAE

L’Internet se fragmente et personne n’y apporte de correctifs. C’est l’avertissement que lance le magazine Fortune à l’occasion du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) qui s’est tenu cette semaine à Berlin.

Citant un rapport rédigé pour l’occasion, Fortune précise: «Sur les 150 contributeurs, 95% sont d’accord pour dire que les trois prochaines années seront marquées par des conflits croissants entre les règles numériques des différents pays. Seuls 4,5% estiment qu’il y a ‘suffisamment de coordination et de cohérence internationales’ pour régler le problème – ces quelques optimistes sont tous des gouvernements et de grandes entreprises de technologie, bien que l’on ne sache pas lesquels.»

Participant au forum, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a tenu à préciser: «Nous devons façonner les technologies numériques dans l’intérêt des populations et restaurer la confiance». Pour ce faire, Ignazio Cassis a défendu ce qu’il appelle une approche typiquement suisse: «Tous les acteurs et groupes d’intérêt concernés doivent se concerter pour trouver ensemble des solutions, car nous devons aussi parvenir à transformer nos discussions en décisions politiques et en résultats économiques et sociaux concrets.»

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