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Fontaine de la Justice à Berne

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers abonnés,

Trop souvent, le crime paye et se paye au prix fort par les personnes et les entités lésées. On peut le constater cette année en Suisse avec une augmentation vertigineuse des cyberattaques et de l’infiltration continue de la tentaculaire ’ndrangheta calabraise.

Globalisé, en adaptation constante, le crime organisé a, le plus souvent, des longueurs d’avance sur l’Etat et sa justice. On voit néanmoins en Suisse apparaitre une prise de conscience et des moyens de combattre ces phénomènes profondément corrupteurs.

Bonne lecture,

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© Keystone / Gaetan Bally

Le nombre d’attaques par rançongiciel, de tentatives de fraude et d’extorsion via le Net atteint des records en Suisse, avertit Le Temps sur la base du dernier rapport du Centre national pour la cybersécurité.

Spécialiste des nouvelles technologies de la rédaction du Temps, Anouch Seydtaghia a révélé et raconté la vague de piratage de données subie ces derniers mois par plusieurs communes lémaniques, de Rolle à Villeneuve.

Une ampleur confirmée par le rapport semestriel du Centre national pour la cybersécurité (NCSC) publié ce lundi, «un tableau cauchemardesque de la situation en Suisse», selon mon confrère. Durant les six premiers mois de l’année, le NCSC a reçu 10’234 annonces de cyberincidents, deux fois plus que l’année précédente durant la même période.

«Le nombre d’incidents impliquant un cheval de Troie qui verrouille les données (rançongiciel) est tout à fait frappant. Il a triplé, passant de 32 cas au premier semestre de 2020 à 94 cas durant la période sous revue», précise le rapport.

Si les annonces faites au NCSC témoignent d’une conscience accrue du péril par les entités concernées, les mesures de sécurité doivent impérativement être renforcées, notamment au sein des PME, plus exposées que les grandes entreprises, et des petites communes.

D’autant que les chiffres articulés par le NCSC ne sont que la pointe de l’iceberg, selon les experts interrogés par Le Temps.

  • Comment la Suisse peut-elle se défendre face aux cyberattaques? (Le Temps/abonnésLien externe)
  • Le nouveau rapportLien externe du Centre national pour la cybersécurité (NCSC) traite des principaux cyberincidents du premier semestre de 2021 en Suisse et sur le plan international.
  • À Genève, la cyberguerre plutôt que le risque nucléaire (swissinfo.ch)
  • Le télétravail, une brèche pour les cybercriminels (swissinfo.ch)
maxi procès antimafia
Lapresse Valeria Ferraro / Dans le bunker construit à Lamezia Terme pour le maxi-procès de la Ndrangheta

Dans une tribune publiée par swissinfo.ch, Rosa Maria Cappa relève la passivité de la justice helvétique à l’égard des mafias qui ont pris pied en Suisse.

Avocate spécialisée dans le crime organisé, Rosa Maria Cappa prend l’exemple de la ’ndrangheta qui s’est discrètement infiltrée dans les secteurs du bâtiment, de la restauration, des transports privés et de la vente/réparation de véhicules à moteur.

«Depuis l’époque du juge Giovanni Falcone, la Suisse a toujours exécuté les commissions rogatoires italiennes, mais a rarement mené à bien ses propres enquêtes», tance l’avocate.

Après avoir donné des exemples de cette passivité face aux cas révélés par les commissions rogatoires italiennes, Rosa Maria Cappa appelle les enquêteurs suisses à changer d’échelle en croisant les données fournies par les administrations, les attributions des marchés publics, les délits de faillite et les procédures de financement des entreprises avec les éléments révélés par la justice italienne.

  • Dans la lutte contre la mafia, les enquêtes font la différence (swissinfo.ch)
  • De la Calabre à Lausanne, comment la ‘ndrangheta déploie ses tentacules (swissinfo.ch)
Fontaine de la Justice à Berne
Keystone / Restauration de la Fontaine de la Justice à Berne

En matière de justice, les Suisses se prononcent le 26 novembre prochain sur la manière d’élire les juges fédéraux, une initiative proposant qu’ils soient tirés au sort. Une formule favorable à la représentation féminine, selon une chercheuse.

Professeure émérite à l’Université de Zurich, Margit Osterloh cite une série d’études, dont ses propres recherches, qui montrent que les candidatures de femmes et d’autres minorités sont trois fois plus nombreuses lors d’un processus par tirage au sort.

Les préjugés sont encore tenaces lors d’un recrutement ou d’une sélection à visage découvert. «Avec le tirage au sort, chacune et chacun part avec les mêmes chances et, au fil des ans, les juges fédéraux seront de plus en plus diversifiés et équilibrés», estime Margit Osterloh en donnant une série d’exemples historiques. Un point de vue que ne partage pas Karin Keller-Sutter, la ministre de la Justice qui recommande de rejeter l’initiative sur la justice.

  • «Le tirage au sort évite toute discrimination» (swissinfo.ch)
  • La Suisse se prononce sur le tirage au sort des juges (swissinfo.ch)
  • Votations fédérales du 28 novembre 2021 (swissinfo.ch)

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