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Berlin calme le jeu à la frontière germano-suisse

Les contrôles ont causé d'énormes bouchons, jusqu'en ville de Bâle. Keystone

L'Allemagne a annoncé mercredi qu’elle renonçait aux contrôles renforcés à la frontière germano-suisse.

Ce contenu a été publié le 10 mars 2004 - 19:07

Instaurée en fin de semaine dernière, cette mesure a provoqué d’énormes bouchons et un intense ballet diplomatique. Mais elle reste officiellement inexpliquée.

«Il n'y a pas eu de plaintes mais des demandes amicales, auxquelles il a été répondu tout aussi aimablement, pour la satisfaction de toutes les parties», a déclaré un porte-parole du ministère allemand des transports.

Le renforcement des contrôles, qui ont débuté vendredi, s'explique «en raison d'une évaluation de la situation», selon Rainer Lingenthal, porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Mais il a refusé de donner plus d’informations «pour des motifs de sécurité».

Les contrôles vont cependant être maintenus mais effectués avec plus de mesure, la Suisse ne faisant pas partie de l’espace Schengen, a dit mercredi le ministre allemand de l'intérieur Otto Schily à l'ambassadeur de Suisse à Berlin Werner Baumann.

En attendant, les 18'000 frontaliers qui travaillent en Suisse ainsi que les commerces allemands où la clientèle suisse a diminué ont été les premières victimes de ces contrôles accrus.

Ballet diplomatique

Cet assouplissement de la situation résulte de nombreux contacts diplomatiques entre la Suisse, Bruxelles et l’Allemagne.

L'ambassade suisse à Berlin est intervenue mardi auprès des autorités allemandes.

Mercredi matin, dans le cadre de la discussion sur le rapport de politique économique extérieure 2003, le président de la Confédération Joseph Deiss a répondu aux inquiétudes de sénateurs concernant diverses «chicanes» apparues ces derniers temps.

Contrôles douaniers tâtillons, mais aussi les droits de douane sur les produits réexportés entre la Suisse et l'Allemagne. Deux mesures sur lesquelles la Suisse n’avait d’ailleurs pas été informée.

«Inadmissible», a déclaré mardi le ministre des Finances Hans-Rudolf Merz. Il va d'ailleurs aborder la question ces prochains jours avec son homologue allemand Hans Eichel.

La Suisse hors de l’UE

Joseph Deiss n'a, pour sa part, pas voulu parler de «chicanes», pour ne pas utiliser un vocabulaire qui «puisse froisser».

Mais il n'a pas caché que les événements de ces derniers temps faisaient penser à une détérioration des relations entre la Suisse et l'Allemagne.

Ainsi pour le président de la Confédérationi, le fait de ne pas être membre de l'Union européenne (UE) ni de l'Espace économique européen (EEE) «peut exposer la Suisse à des risques, que ce soit de la volonté ou non de l’UE». Alors que les activités de cette dernière sont «très liées» à ses voisins.

Pour l'UE, il est légitime de vouloir montrer qu'il existe des différences entre membres contributeurs et non-membres. Mais cela conduit à des «situations difficiles ou gênantes», a souligné Joseph Deiss.

Celui-ci veut toutefois croire que cela n'a pas de lien avec les négociations bilatérales.

Schengen en question



Il n’empêche que les négociations entre la Suisse et l’UE sur les Accords de Schengen (entraide judiciaire) butent toujours sur des divergences en matière bancaire et financière.

Le président a rappelé que la Suisse avait fait des compromis et en attendait autant de l’Europe, qui maintient une position relativement ferme.

En attendant, l'accord de Schengen oblige depuis 1995 de contrôler tous les voyageurs aux frontières avec des pays non-membres.

«Ce que font les autorités allemandes, c'est simplement de respecter l'acquis Schengen», a déclaré mardi Pietro Petrucci, porte-parole du Commissaire européen Antonio Vitorino, responsable de la justice et des affaires intérieures.

Situation particulière

Mais dans le passé, pour des raisons pratiques, certains pays comme l'Allemagne, la France, l'Italie avaient pourtant assoupli ou simplifié leurs procédures», a poursuivi le porte-parole.

Les titulaires de passeports helvétiques sont en outre dans une situation «particulière» puisqu'ils n'ont pas besoin de visas, en vertu de l'accord de libre circulation des personnes entre la Suisse et l'Union européenne.

N’oublions toutefois pas que la Commission européenne compte proposer dans le courant de l'année une application stricte de Schengen à tous les Etats tiers.

Ce dont la Suisse risque de souffrir, à moins que les négociations n’aboutissent.

swissinfo et les agences

Faits

Les clients suisses rapportent quelque 692 millions de francs aux commerces de détail situés entre Bâle et Constance.
Ils génèrent aussi 3’380 emplois directs à plein temps, selon la Chambre économique et du commerce du Haut-Rhin Lac de Constance.

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En bref

- L'Allemagne a pris conscience des problèmes provoqués par le renforcement des contrôles à la frontière germano-suisse, des kilomètres de bouchons, de part et d'autre de la frontière.

- Pas question toutefois d'y renoncer, la Suisse ne faisant pas partie de l'espace Schengen.

- Cet accord a été signé en 1985 entre la France, la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il fait aussi partie des négocations bilatérales II.

- Mais Berlin va tenir compte des interventions helvétiques.

- Les contrôles seront menés avec davantage de mesure, afin d'assurer la fludité du trafic.

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