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Blocher à nouveau en course pour le gouvernement

Keystone

La désignation de Christoph Blocher comme candidat à la succession du ministre Samuel Schmid par le comité directeur de la section zurichoise de l'Union démocratique du Centre (droite nationaliste) pose la question de la stratégie de l'UDC. Car si ses chances de réélection au gouvernement sont minimes, l'opération pourrait être payante au niveau électoral.

«Le Parlement peut éloigner une personne du gouvernement, mais pas de la politique», avait déclaré Christoph Blocher après que le Parlement eut refusé de le réélire à son poste de ministre. A peine un an plus tard, le tribun zurichois se remet donc en course pour briguer un nouveau siège gouvernemental.

Lundi, le comité directeur de la section zurichoise de l’UDC a choisi l’actuel vice-président de l’UDC suisse comme unique candidat à la succession du ministre de la Défense Samuel Schmid. Avec un résultat de 47 voix contre 1, la section zurichoise a clairement montré sa volonté de rechercher la confrontation avec les autres partis et, au besoin, de poursuivre sur la voie de l’opposition.

La décision de la section zurichoise doit encore être soumise à l’assemblée cantonale des délégués. Mais là aussi, les jeux semblent joués. Même s’il est resté un peu dans l’ombre depuis sa non réélection, Christoph Blocher reste le numéro un de l’UDC, tout du moins dans le canton de Zurich.

Deux candidats bernois

Lundi, d’autres sections cantonales ont également présenté leurs candidats. Dans le canton de Berne, le comité directeur a proposé les noms d’Andreas Amstutz et d’Andreas Aebi.

Député depuis 2004, Andreas Amstutz est probablement la personnalité politique qui a connu la plus forte progression dans son parti au cours des douze derniers mois. L’entrepreneur de l’Oberland bernois a défendu la ligne dure à l’intérieur de la section bernoise durant la scission de l’été dernier qui a vu certains membres de l’aile modérée abandonner l’UDC pour donner naissance au nouveau Parti bourgeois démocratique (PBD).

La désignation d’Andreas Aebi, élu député l’an dernier, est en revanche une surprise. Le maire de la petite commune d’Alchenstorf était jusqu’à présent pratiquement inconnu au niveau national. Avec ce choix, les dirigeants de la section bernoise semblent avoir fait un geste d’apaisement envers les représentants de l’aile modérée restés au sein du parti. Mais aussi un geste envers les électeurs, puisque des élections communales auront lieu le 30 novembre dans le canton de Berne.

Autres noms attendus

La section vaudoise a également décidé lundi me lancer son propre candidat. Le comité directeur cantonal a désigné Jean-Claude Mermoud, un ancien agriculteur qui dirige actuellement le ministère vaudois de l’Economie. Ce candidat dispose donc d’une bonne expérience politique, mais limitée à son canton.

Cette candidature, qui n’a guère de chances de succès, sert surtout aux sections romandes de l’UDC à réaffirmer leur volonté de jouer un rôle plus important au niveau national. Le parti reste en effet dominé par des politiciens d’Outre-Sarine.

Il est fort probable que d’autres sections cantonales lanceront aussi leurs propres candidats d’ici l’échéance du 25 novembre. Parmi les papables, on trouve le député schwyzois Pirmin Schwander, son collègue argovien Ulrich Giezendanner ou encore le chef du groupe parlementaire UDC, le Bâlois Caspar Baader.

La décision finale quant à la désignation des candidats officiels de l’UDC à la succession de Samuel Schmid revient à au groupe parlementaire. Celui-ci se réunira en extraordinaire le 27 novembre.

Jeux tactiques

D’ici là, c’est encore une fois Christoph Blocher qui attirera toute l’attention du monde politique et des médias. Sa réélection au gouvernement apparaît plus qu’improbable, mais cette candidature pourrait être avant tout tactique pour ce parti qui a toujours mis l’accent sur les résultats électoraux, n’hésitant pas à jouer sur des thématiques populistes et xénophobes.

Christoph Blocher pourrait figurer sur une double candidature officielle afin de faciliter l’élection d’un autre représentant de la ligne dure de l’UDC au gouvernement. Au cours des derniers mois, plusieurs parlementaires UDC ont manifesté une certaine insatisfaction face à la politique d’opposition mise en place après la non réélection de Christoph Blocher et verraient d’un bon œil un retour au gouvernement.

Mais il est également possible que Christoph Blocher figure seul sur le ticket officiel. Un nouveau refus de la part du Parlement permettrait alors à l’UDC de faire porter aux autres partis la responsabilité de l’exclusion de la principale force politique du pays du gouvernement.

Stratégie électorale

Bien que tout le monde ne partage pas le même avis à l’intérieur du parti, il pourrait être plus payant pour l’UDC de se présenter aux prochaines élections fédérales de 2011 comme un parti d’opposition victime d’ostracisme que comme un parti gouvernemental «moyen» représenté par un seul ministre.

«Nous nous trouvons bien dans l’opposition, avait déclaré lundi le président de l’UDC zurichoise Ueli Maurer. Et nous n’avons pas encore tiré parti de tout ce que pouvait offrir ce rôle.»

swissinfo, Armando Mombelli
(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

25 novembre: dernier délai pour la présentation des candidats par les sections cantonales.

27 novembre: séance extraordinaire du groupe parlementaire UDC qui choisira les candidats officiels du parti à la succession de Samuel Schmid.

2 décembre: auditions du ou des candidats officiels UDC par les autres groupes parlementaires («hearings»).

10 décembre: l’Assemblée fédérale élit le successeur de Samuel Schmid qui entrera en fonction le 1er janvier 2009.

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