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Cancer du poumon: une thérapie révolutionnaire arrive à Berne

L'Hôpital de l'Ile à Berne jouit d'une réputation européenne dans le traitement du cancer. Keystone

L´Hôpital de l´Ile à Berne offrira bientôt aux patients atteints de cancer du poumon une nouvelle thérapie génique. Avec Barcelone, l´établissement suisse est le seul en Europe à participer à ce programme, conçu par un centre anti-cancer américain.

Dans une tumeur pulmonaire, on observe souvent une mutation du gène p53, responsable de la durée de vie des cellules. Toute cellule saine est en effet programmée pour mourir au bout d’un certain temps. Or, ce p53 mutant l’incite plutôt à se diviser et à croître de manière anarchique.

Cette découverte majeure a incité l’équipe du centre MD Anderson – de l’Université du Texas à Houston – à tenter de remplacer ce gène mutant par un gène sain, qui ordonne à la cellule malade de mourir. Et ça marche. Dans 20 à 50 pour cent des cas, on observe l’interruption de la croissance de la tumeur. Ce n’est pas la guérison miracle, mais tout de même un progrès significatif.

Les incertitudes restent malgré tout nombreuses, notamment quant au risque de tuer également des cellules saines en périphérie de la tumeur. Comme pour toute thérapie en phase de développement, MD Anderson s’efforce donc de multiplier les traitements pour obtenir un maximum de données et affiner ce qui doit l’être. C’est dans cette optique que le centre texan s’est adjoint la collaboration de grands hôpitaux d’autres pays.

En Europe, seuls Berne et Barcelone participent pour l’instant. L’Hôpital de l’Ile va se concentrer sur les modes d’administration du p53, dans l’espoir d’arriver un jour à un produit en intraveineuse, au lieu de l’injection directe dans la tumeur pratiquée jusqu’ici. On y traitera – dès le printemps prochain – des patients présentant un cancer à un stade avancé, sans pour autant laisser tomber les autres méthodes comme la chimiothérapie ou les rayons.

Comme le rappelle le docteur Ralph Schmid, médecin-chef de l’unité de chirurgie du thorax à l’Hôpital de l’Ile, le cancer du poumon est un mal particulièrement sournois, qui peut se développer pendant des années sans générer de symptômes. Et lorsqu’on le découvre, il est souvent trop tard. Au point que cette forme de cancer est statistiquement la plus meurtrière au monde chez les hommes et la seconde chez les femmes.

Autant dire que l’enjeu est important. Plus personne aujourd’hui ne nie l’influence du tabac sur le développement du cancer du poumon. Et en Suisse, 60 pour cent des jeunes entre 15 et 20 ans fument. Cette nouvelle thérapie représente donc un immense espoir, mais la lutte est encore longue et la «pilule anti-cancer» n’est pas pour demain.

Marc-André Miserez


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