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Comment le pays a changé en 175 ans

swisstopo.ch

Le vénérable Office fédéral de topographie entre dans l’ère numérique avec ses propres innovations. Une nouvelle application permet de voyager dans le temps à travers des cartes réputées pour leur précision et leur qualité graphique.

A l’occasion de son 175e anniversaire, l’Office fédéral de topographie (swisstopo.ch) lance une nouvelle application qui permet de visionner ses cartes anciennes, restaurées et numérisées. Présenté comme le premier de son genre au monde, l’outil permet, en choisissant un point sur la carte, de voir comment l’endroit a changé au fil des ans. Dans un premier temps, seules les 75 dernières années sont à disposition, mais dans le courant de l’année 2013, toutes les cartes seront consultables, à partir de 1838.

A l’origine de ce «Voyage dans le Temps», la loi de 2007, qui enjoint les producteurs de données cartographiques nationales de convertir leur base de données en numérique.

Toutes les personnes intéressées aux évolutions historiques et géographiques devraient trouver cette application utile, juge Martin Rickenbacher. «Nous nous attendons à une large utilisation de la part des amateurs comme des experts», a déclaré ce spécialiste de swisstopo, lors du lancement du nouvel outil.

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Qualité suisse

Mais quelle place peut prendre cette innovation cartographique en ligne quand près de la moitié de la population suisse, et 83% des moins de 30 ans, possède un smartphone qui permet de télécharger données GPS et cartes d’où que l’on se trouve ?

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Des cartes du monde par et pour tout le monde

Ce contenu a été publié sur L’Australien Simon Poole a étudié la physique à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et vit encore dans cette région. Connu en Suisse pour avoir créé et vendu plusieurs startups, il a repris la présidence de la fondation britannique OpenStreetMap en septembre 2012, lorsque son fondateur Steve Coast a rejoint la division cartes de Microsoft. swissinfo.ch:…

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«Bien sûr, il existe déjà des cartes interactives de toute l’Europe où l’on peut voir les changements des frontières sur plusieurs centaines d’années, souligne Christian Rohr, professeur d’histoire de l’environnement et du climat à l’Université de Berne. Mais l’application de swisstopo se distingue par la très haute résolution de ses cartes numérisées.»

Celles-ci proviennent de trois types de cartes historiques: une première édition à l’échelle 1:100.000 qui date de l’époque du fondateur de l’Office fédéral de topographie, le général Guillaume-Henri Dufour; les cartes Siegfried, une série constituée dès 1870 avec des échelles de 1:25.000 et 1:50.000; et l’édition la plus récente de la cartographie nationale, qui offre les trois échelles.

Dans le cadre de ses recherches sur le passé de la Suisse, le département que dirige Christian Rohr génère ses propres données climatologiques qu’il visualisera bientôt sur les cartes numérisées de swisstopo, abandonnant ainsi les cartes Google. «Cela nous permettra d’utiliser non seulement des cartes beaucoup plus précises et agréables visuellement que celles de Google, mais aussi de référencer les données historiques sur le climat en fonction de l’altitude.»

 

Valeur éducative

Christian Rohr souligne que l’outil sera particulièrement utile pour montrer à ses élèves l’impact du développement sur le paysage au fil du temps. Actuellement, il étudie par exemple avec un groupe de recherche la rivière Gürbe, dans le canton de Berne, dont la plaine inondable qui l’entoure a été largement modifiée pour les besoins de l’agriculture.

Heidi Haag, géographe à l’Association suisse de l’urbanisme, souligne également l’intérêt pédagogique de cet outil. Elle donne régulièrement des cours d’initiation à l’urbanisme pour adultes aux exigences pointues, des politiciens en particulier.

Simon Poole est un autre admirateur de l’excellence des cartes suisses. Cet entrepreneur internet préside la fondation OpenStreetMap, sorte de Wikipédia de la cartographie, qui réunit plus d’un million de contributeurs. Pour lui également, la nouvelle offre de swisstopo a d’abord une valeur éducative, particulièrement en regard des décisions-clé que les Suisses sont appelés à prendre en ce moment en matière de développement et de planification – ils votent ce week-end sur une révision de la Loi sur l’aménagement du territoire.

«Cet outil illustre bien les changements spectaculaires qui ont marqué le paysage de la Suisse, particulièrement dans les 50 dernières années, note Simon Poole. Personnellement, je me souviens tout juste du début de cette frénésie de constructions. Le site permet de montrer les changements à des enfants ou à des adultes qui n’ont pas connu ces périodes».

Pour marquer les 175 ans de la fondation du Bureau topographique fédéral à Genève par le général Guillaume-Henri Dufour, swisstopo offre en 2013 une série d’événements en plus de sa nouvelle application «Voyage dans le Temps».

Un concours ouvert toute l’année permettra aux amateurs de chasse au trésor de découvrir chaque mois une nouvelle «cache» quelque part sur le territoire. Et les gagnants participeront à la finale en janvier 2014.

swisstopo met également les connaissances géographiques des Suisses à l’épreuve, avec la plateforme interactive tiptopo.ch mêlant information, jeux et voyages virtuels à travers l’histoire du pays.

Et finalement, le 14 septembre 2013, swisstopo tiendra portes ouvertes dans ses locaux de Wabern, près de Berne.

Préparer le terrain

Tandis que Christian Rohr à Berne concentre ses recherches sur le passé climatologique de la Suisse, à Zurich, Christophe Girot travaille sur l’avenir. Dans son Laboratoire d’architecture du paysage, il tente, au moyen d’outils tridimensionnels, de voir comment la géographie du pays va évoluer.

Par exemple, l’équipe du professeur Girot utilise des outils nommés «scanners laser terrestres» pour construire, sur des cartes de swisstopo en deux dimensions, des modèles de haute définition en 3D. Ceci afin de comprendre comment le changement climatique et d’autres facteurs pourraient influencer le paysage suisse dans les années à venir.

De son côté, swisstopo s’est aussi lancé dans la technologie tridimensionnelle, en offrant des panoramas en 3D ou des «vols» virtuels qui permettent de voir une carte sous différents angles. Pour autant, Christophe Girot estime que l’Office fédéral doit aussi continuer dans sa voie traditionnelle.

«Je pense que la cartographie garde toute sa place, surtout qu’elle est de très haute qualité [en Suisse], explique-t-il. Je travaille aussi dans les pays en développement et je connais peu de pays dont les cartes atteignent ce niveau de précision. C’est un trésor incroyable. Alors, les approches en 3D, oui, mais comme complément, particulièrement dans les zones alpines».

La carte papier n’est pas morte

A quoi ressemblera swisstopo dans 175 ans? Personne ne le sait avec certitude. Pour Simon Poole, l’avenir de l’Office, c’est de se concentrer sur ce qu’il fait le mieux.

«swisstopo devrait conserver un rôle central dans l’élaboration de cartes conventionnelles sur papier, simplement parce qu’économiquement, personne d’autre ne peut le faire avec le marché qui rétrécit, juge le président d’OpenStreetMap. Ils vont aussi probablement aussi rester, avec les services cantonaux, le guichet unique pour les informations géographique sur la Suisse.

(Traduction de l’anglais: Frédéric Burnand et Marc-André Miserez)

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