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Championnat d’Europe: un tremplin pour l’avenir

Partenaires à l’entraînement, opposées en cours: Lisa Urech (g) et l’Allemande Nadine Hildebrand. Keystone

Pour la délégation suisse, avec la prometteuse Lisa Urech (haies), le Championnat d’Europe d'athlétisme à Barcelone est l’occasion de faire ses preuves. Tour de piste avec Werner Günthör, ex-champion du monde de lancer du poids.

Tout d’abord, il y a eu la tessinoise Beatrice Lundmark, qui s’est qualifiée à Barcelone pour la finale du saut en hauteur. Un exploit innatendu pour cette trentenaire. Puis, c’est l’équipe du relais 4×100 mètres composée de Pascal Mancini, Aron Beyene, Reto Amaru Schenkel et Marc Schneeberger qui a supris la Suisse. Pour la 3ème fois en 20 éditions de Championnats d’Europe, le relais suisse s’offre une place en finale.

Des performances qui font rêver et oublier les heures emplies de sueur et de frustration. Car oui, «l’athlétisme est un sport brutal». Werner Günthör sait de quoi il parle. Aujourd’hui âgé de 49ans, détenteur de trois titres mondiaux, d’une médaille olympique de bronze et d’or en Championnat d’Europe, il est l’athlète suisse le plus titré de tous les temps.

La brutalité de l’athlétisme, Irène Pusterla l’a découverte lors de sa qualification pour la finale de saut en longueur, mardi à Barcelone. Malgré son fantastique record de Suisse de 6m76, avec 6m62, elle a raté sa qualification. Or, il y a près de deux semaines, la Tessinoise de 22 ans, qui s’était offert l’argent au légendaire Meta Antenen 1971 du championnat d’Europe à Helsinki, s’était encore surpassée à 6m73.

Un échec particulièrement douloureux, puisque l’ex-championne olympique d’heptathlon, la Suédoise Carolina Klüft, qui avait soufflé la dernière finale à Pusterla, ne faisait pas mieux, mais la battait d’un poil lors de sa deuxième tentative. En outre, ses 6m62 auraient suffi pour la finale de tous les précédents championnats d’Europe.

Ce sera peut-être une consolation pour Irène Pusterla de savoir que, dans son entretien avec swissinfo.ch, Werner Günthör s’est dit «particulièrement impressionné» par sa performance de Barcelone.

Alors qu’Irène Pusterla est éliminée dans la métropole catalane, la Bernoise Lisa Urech, deuxième enseigne de l’athlétisme suisse actuel, est encore en lice.

Après avoir récemment réalisé 12,84 secondes, l’athlète de 21 ans semble prête pour la finale du 100m haies, mais occupe la sixième place au niveau européen. Lisa Urech n’est qu’à 8 centièmes du record de 12,76 établi par Julie Baumann il y a 19 ans.

Un grand potentiel

«Si elle peut confirmer son record et atteindre la finale, elle peut très bien passer de la huitième place aux premiers rangs», note Werner Günthör. Car la chance joue aussi un rôle: une concurrente peut tomber ou avoir un mauvais jour.

En même temps, il met en garde contre de trop grands espoirs. Mais, compte tenu de l’amélioration de ses prestations, Urech pourrait, le jour J de la finale des Championnats d’Europe, battre son record ou même celui de Baumann.

Alors que la jeune Bernoise est en train de se préparer, Werner Günthör pense déjà à la prochaine étape. «Pour Urech, le Championnat d’Europe est important en vue d’échéances plus importantes, comme le Championnat du monde et les Jeux olympiques, où elle devra faire face à une pression encore plus forte.»

Améliorations indispensables

Pour pouvoir arriver en finale, son propre record ne suffirait probablement pas, relève l’ancien champion suisse.

Pour la sauteuse en longueur Pusterla, comme pour les meilleurs des 22 athlètes suisses présents à Barcelone, l’objectif à long terme est le Championnat d’Europe à domicile en 2014 à Zurich. Face aux critiques sur le fait que la délégation suisse à Barcelone est plus importante en quantité qu’en qualité, la fédération riposte que cette équipe forme la base de la délégation qui portera les couleurs de la Suisse au Letzigrund dans quatre ans.

Günthör salue d’une part les efforts de la fédération pour rendre l’athlétisme attrayant pour les jeunes, mais rappelle qu’«ils ne sont pas forcément motivés pour participer à une grande compétition».

Pour Werner Günthör, qui vit aujourd’hui à Erlach, sur le lac de Bienne, et travaille pour l’Office fédéral des sports à Maccolin, «les athlètes sélectionnés doivent avoir au moins la chance d’avoir un tour d’avance. C’est la seule façon de servir à la fois la fédération et les athlètes».

Seul le travail paye

Dans sa carrière, Werner Günthör a soulevé des centaines de tonnes de kilos, lancé le poids des dizaines de milliers de fois pour améliorer sa force et sa rapidité. On n’est donc pas surpris de l’entendre répéter que, pour réussir dans l’athlétisme, il faut «travailler, travailler et encore travailler. (…) Ce n’est pas toujours agréable ni facile, surtout si on doit le concilier avec une formation ou une profession.»

En outre, le niveau de ce sport est très élevé au niveau international. «Dans aucun autre sport, hormis peut-être la natation, l’athlète ne voit aussi clairement où il se situe par rapport aux meilleurs du monde.» C’est ce qui fait, selon lui, que l’athlétisme est un «sport brutal», dans lequel le talent à lui seul ne suffit pas pour réussir.

Vers les meilleurs

Lisa Urech fait partie de ces athlètes à qui Günthör n’a pas besoin d’expliquer sa conviction face au travail acharné de l’entraînement. Elle vit et s’entraîne à Berne mais, de sa propre initiative, se rend régulièrement, avec sa partenaire Nadine Hildebrand, à Stuttgart chez un entraîneur allemand pour parfaire sa rapidité et sa technique. Le duo court presque au même niveau et se stimule mutuellement.

Cette façon de travailler plaît manifestement à Werner Günthör. «Cela pourrait vraiment être le moyen de construire une équipe autour d’une athlète qui réussit», relève-t-il. Mais cette situation exige une bonne communication entre entraîneurs, car ils devraient discuter entre eux des forces, des faiblesses et des progrès.

Seule au bord du Léman

Irène Pusterla a suivi un chemin complètement opposé, mais qui n’exige pas moins de discipline : cette étudiante en psychologie de l’Université de Lausanne s’entraîne seule. Elle ne se rend que toutes les deux semaines au Tessin pour travailler sa technique avec son mentor. Comme pour Lisa Urech, «l’entraînement globalisé» a aussi conduit Pusterla vers le succès.

Renat Künzi, swissinfo.ch
(Traduction de l‘allemand: Isabelle Eichenberger)

Des locomotives genre André Bucher, Anita Weyermann, Anita Protti ou, auparavant, Werner Günthör, Markus Ryffel et Pierre Délèze ne sont plus dans la course.

Pour la première fois depuis Athènes 1982, la Suisse pourrait se retrouver sans médaille européenne.

Juste avant Barcelone, les nouvelles venues Lisa Urech et Irene Pusterla ont réussi des performances qui les placent parmi les meilleurs d’Europe (Urech) ou juste derrière (Pusterla).

Le marathonien Viktor Röthlin (35 ans), l’étoile des dernières années et médaillé d’argent aux Championnat d’Europe 2006 à Göteborg, tentera dimanche de renouer avec le succès, après une série de gros problèmes de santé.

Un autre «vieux» a créé la surprise à Barcelone: le coureur de fond bernois Christian Belz, 35 ans, a terminé 6e aux 10 ‘ 000 m. Comme Röthlin, il a subi des blessures ces dernières années.

Le championnat 2014 se tiendra à Zurich.

Né en 1961 en Suisse orientale, c’est au Championnat d’Europe 1984 à Göteborg qu’il a obtenu sa première médaille de bronze.

1986: champion d’Europe à Stuttgart.

1986 et 1987: sacré Suisse de l‘année.

1988: 3e aux JO de Séoul.

1987: champion du monde à Rome, à Tokyo en 1991 et à Stuttgart en 1993.

Meilleurs athlètes du monde des années 1987, 1989, 1991 et 1993.

Avant sa grande époque de lanceur du poids, ce géant de 2 mètres a été un très bon décathlonien.

Ses succès sportifs lui ont apporté des moments d’intense émotion «qu’aucun milliardaire ne peut s’offrir».

Il évolue toujours dans le milieu de l’athlétisme (anciens concurrents, organisateurs de meetings, managers).

Il est très fier de sa carrière car il estime qu’il n’a jamais reçu de cadeaux mais qu’il ne doit ses succès qu’à son travail.

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