Des perspectives suisses en 10 langues

Chine, droits humains et boom économique

Les travailleurs chinois doivent bénéficier de bonnes conditions de travail. Keystone

La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey rappelle que l'économie a beau fleurir en Chine, les droits de l'homme y sont toujours à la traîne.

S’exprimant jeudi au Swiss International Forum à Zurich, elle a toutefois souligné que le gouvernement chinois avait fait des «progrès substantiels» dans ce domaine ces dernières années.

«Mais de grands défis subsistent, particulièrement dans les domaines de la protection des minorités, la liberté religieuse et la liberté d’expression, la torture ainsi que la peine de mort», a-t-elle précisé.

Jeudi, à l’issue d’une journée de débats sur les perspectives et les défis impliqués par le commerce avec la Chine, Micheline Calmy-Rey a indiqué que là-bas, les réformateurs s’activent dans les domaines en question. «Dans le cadre de notre dialogue sur les droits de l’homme, nous nous efforçons de les soutenir», a-t-elle ajouté.

La cheffe de la diplomatie helvétique a encore déclaré aux représentants des petites et moyennes entreprises (PME) réunis à Zurich que les partenaires chinois de la Suisse se montraient «très intéressés» à faire le lien entre le développement économique et les droits de l’homme.

Conséquences massives

«En Chine, les gens sont de plus en plus conscients que l’énorme croissance économique que connaît leur pays a des conséquences tout aussi massives dans les domaines de l’écologie et du social.»

Selon Micheline Calmy-Rey, ils sont en train de réaliser qu’une telle croissance n’a de sens que si elle est accompagnée d’améliorations en matière de droits de l’homme. Et de citer en particulier la qualité des conditions de travail, la santé, l’éducation, ainsi que l’interdiction du travail forcé des enfants.

«Des améliorations dans ces domaines apporteraient plus de stabilité, de cohésion et d’harmonie, valeurs très importantes pour les Chinois» a-t-elle ajouté

Mme Calmy-Rey a aussi estimé que de nombreuses entreprises internationales et chinoises, ainsi que le gouvernement chinois lui-même, avaient intérêt à travailler sur ces thèmes. «C’est pourquoi nous allons continuer à mettre en avant notre préoccupation pour les droits de l’homme, en étroite coopération avec les entreprises suisses en Chine.»

Une grande puissance mondiale

La ministre a par ailleurs déclaré qu’on «pourrait écrire des livres entiers» sur la situation des droits de l’homme en Chine, terre de contrastes entre les régions orientales qui connaissent un développement rapide et les régions sous-développées du centre.

Elle a souligné que la Chine était beaucoup plus qu’un eldorado économique. Avec une population de 1,3 milliard de personnes, sa position stratégique et son poids militaire, c’est une grande puissance mondiale. Toute déstabilisation aurait des «conséquences politiques et économiques dramatiques» pour le monde entier.

La ministre a également cité le rôle de la Chine en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et notamment sa position sur le Soudan. «Les entreprises chinoises ont de très importantes concessions pétrolières au Soudan. Ce qui influence l’attitude de Pékin au Conseil de sécurité.»

«La position chinoise restreint la marge de manœuvre de la communauté internationale dans la région du Darfour et n’est pas sans conséquences sur la stabilité de la région.»

Chance et risques

Micheline Calmy-Rey a également averti les entrepreneurs suisses que, malgré les énormes possibilités de réaliser des affaires en Chine, des risques existent. La Chine devrait par exemple offrir une meilleure protection de la propriété intellectuelle, «problème central» dans le développement de l’économie chinoise.

Et d’ajouter que les PME suisses ont leur chance sur le marché chinois, parce que les possibilités d’investissement sont en train de s’y améliorer. Mais selon elle, tout investissement exige une préparation minutieuse, détaillée et beaucoup de patience.

swissinfo, Robert Brookes à Zurich
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

La Chine est le 12e partenaire commercial de la Suisse en termes d’import-export.
Les exportations helvétiques ont augmenté de 415 millions de francs en 1990 à 3 milliards en 2004.
Dans le même temps, les exportations chinoises ont augmenté de 412 millions à 2,8 milliards.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision