RaiseNow, la plateforme de paiement qui refuse ses services à l’UDC

RaiseNow, le partenaire de Twint pour les associations, a refusé à la fin de l'année passée de proposer sa solution de paiement en ligne à la section UDC de la Sarine. L'entreprise ne collabore qu'avec des partis politiques qui partagent ses valeurs. Cette stratégie dérange même des adversaires de l'UDC.
Sur son site internet, RaiseNow, partenaire de Twint pour les associations, revendique son droit de décider avec qui elle souhaite collaborer. Son logiciel qui permet de recevoir des paiements sur internet est réservé aux organisations qui partagent ses convictions environnementales ou de diversité.
« Nous n’attendons pas de toutes les organisations qu’elles partagent nos convictions, c’est pourquoi nous exerçons notre droit constitutionnel de ne travailler qu’avec des clients et des partenaires qui partagent les valeurs que nous défendons », écrit-elle dans ses directives de coopérationLien externe.
La plateforme, recommandée pas plusieurs banques suisses, a accepté de collaborer avec le Centre ou les Vert’libéraux, mais pas avec l’UDC ou l’UDF.
Discrimination dénoncée
Pour le directeur des ventes de RaiseNow, Maxime Bouckaert, c’est une question de cohérence. « On est une entreprise qui se concentre pour avoir un impact sociétal et les employés sont motivés par cet objectif », explique-t-il au micro de La Matinale lundi.
Cette argumentation ne convainc par le conseiller national UDC Nicolas Kolly. Le Fribourgeois dénonce une discrimination fondée sur les convictions politiques. « Si cette entreprise refuse de travailler avec une minorité de la population en fonction de leurs croyances religieuses ou orientation sexuelle par exemple, comme les musulmans ou les homosexuels, tout le monde trouverait cela scandaleux, à juste titre. Ce que RaiseNow fait aujourd’hui, c’est la même chose; je trouve cette situation extrêmement grave », fustige-t-il.
La Poste sommée d’intervenir
Pour Nicolas Kolly, cette différence de traitement est d’autant plus problématique que RaiseNow est détenue en partie par La Poste et donc par la Confédération, son actionnaire unique. Le Fribourgeois a interpellé le Conseil fédéral sur le sujet, mais ce dernier a répondu que la Confédération ne peut rien faireLien externe.
Cette inégalité de traitement dérange même des adversaires de l’UDC, à l’image du socialiste Baptiste Hurni. « D’un point de vue juridique, il n’y a priori pas grand-chose à redire. Mais d’un point de vue culturel, notre pays va bien, car on peut tous se parler et travailler ensemble, quel que soit le bord politique, souligne-t-il, donc je n’aime pas cette façon de procéder où l’on exclut, même s’il s’agit de l’UDC qui ne sont bien sûr pas mes plus grands amis politiques. »
Baptiste Hurni appelle La Poste, si tant est qu’elle n’a pas déjà tenté de le faire, « à rappeler les principes qui l’encadrent lorsqu’elle exerce son devoir d’actionnaire ».
Sollicité, Christian Levrat, le président de La Poste, n’a pas donné suite aux sollicitations de la RTS.

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