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Claudia, Suissesse et Miss de beauté noire

Claudia Wambululu lors du concours de Miss Suisse. Keystone

La Suisse a failli avoir sa première Miss de beauté noire. La Zurichoise Claudia Wambululu s'est finalement classée deuxième dauphine, la semaine dernière à Zurich lors de la finale de Miss Suisse 2007.

Pas élue, la jeune femme n’en est pas moins un parfait exemple de la Suisse multiculturelle qui se moque de certains moutons!

Elle vient chercher la visiteuse à l’arrêt de bus, la grande (1m 84) et belle Claudia Wambululu, Helvéto-congo-ougandaise de 23 ans. Sa presque victoire au concours de Miss Suisse ne lui est pas montée à la tête. Son village, Rorbas, 4000 habitants, non loin de l’aéroport de Kloten mais en pleine nature, elle continue à l’adorer.

La spontanéité, la légèreté, le bonheur collent à la deuxième dauphine de Miss Suisse, qui n’en revient toujours pas de son classement. Pour le jury professionnel, elle était même première. Mais les téléspectateurs ont en décidé autrement.

Le livreur en camionnette qui demande son chemin ne sait pas qu’il parle à une presque reine. Claudia, qui ne connaît pas la rue recherchée, lâche en zurichois, mi-rires mi-juron: «O sch…[oh m…], incroyable, je devrais savoir!»

Famille d’accueil, discrétion

Claudia Wambululu reçoit chez elle, jolie vieille petite ferme où elle vit depuis l’âge de deux ans, chez ses deuxièmes parents, des parents d’accueil. Sa sœur, plus jeune d’un an, a déménagé il y a peu et deux plus grands enfants sont déjà loin.

Quand on lui demande son parcours, elle ne parle pas d’Afrique, mais énumère, en züritüütsch, le groupe de jeu pour petits, l’école enfantine, les noms des écoles locales. Pas de doute, la future star du «catwalk» (c’est son rêve) vient bien d’ici!

D’origine congolaise par son père et ougandaise par sa mère, Claudia Wambululu est née à Zurich. Elle a toujours continué à voir son papa et sa maman, s’est rendue souvent dans le pays maternel, mais ne veut pas parler des circonstances qui ont fait qu’elle ne vit pas avec eux. «C’est leur histoire, moi je suis née et j’ai grandi ici», dit-elle.

Parfaitement intégrée

«J’ai quatre parents et deux origines, je porte les deux mentalités», explique-t-elle. Ce samedi, elle est invitée à la grande fête annuelle des Ougandais, où elle rencontrera des officiels. Oui, si on le lui demandait, elle pourrait s’imaginer représenter ses pays d’origine.

Contrairement à de nombreux téléspectateurs déçus, la jeune femme ne pense pas avoir été victime d’a priori négatifs lors de la finale. «Si la Suisse n’était pas prête à avoir une Miss noire, je n’aurais pas été parmi les seize finalistes! Les gens aimaient mieux Amanda [Ammann, lauréate, ndlr], c’est tout», répète-t-elle.

Parfaitement intégrée – quoique la question soit presque saugrenue puisqu’elle est née ici –, elle a déjà eu droit à des remarques désagréables, dans le bus par exemple. «Mais pas plus que d’autres étrangers, quelle que soit la couleur de leur peau, estime-t-elle. Je ne les écoute pas.»

«Plus gentil que les moutons…»

Se disant peu intéressée à la politique, elle a quand même été surprise par les affiches de l’Union démocratique du centre (UDC/droite nationaliste), dans un premier temps, avant de hausser les épaules.

«Pour les politiciens, il est important de pouvoir susciter l’attention. Mais je trouve qu’il y a d’autres façons de donner son avis, plus gentilles peut-être…»

Son parfait français, Claudia l’a appris avec deux garçonnets dont elle a eu la garde pendant six mois, «merveilleux», au pair, à Essertines-sur-Rolle. En six mois seulement?! «J’avais un peu l’oreille grâce à mon papa, mais surtout on a les cours de français à l’école, quand même!»

Claudia Wambululu, aux origines africaines, a grandi au bord de la jolie rivière Töss: la défense de l’apprentissage des langues nationales à l’école, symbole même du multiculturalisme helvète, ne passe pas toujours là où on le pense!

swissinfo, Ariane Gigon, Rorbas près de Zurich

Agée de 23 ans, la Zurichoise Claudia Wambululu, d’origine africaine, est la première jeune femme de couleur a accéder au titre de 2e dauphine de Miss Suisse.

Le jury professionnel l’avait placée en tête mais le vote des téléspectateurs en a décidé autrement.

La jeune vendeuse, qui souhaite devenir mannequin, ne pense pas avoir été victime d’a priori négatifs. «Les téléspectateurs ont préféré Amanda, c’est tout, et c’est bien ainsi!»

Seize finalistes se disputaient la couronne.

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