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Comment prévenir le suicide des jeunes

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Genève accueille le premier congrès international sur la prévention du suicide des jeunes. Pas étonnant, la Suisse figure dans le peloton de tête des pays les plus touchés par ce fléau.

Des professionnels des réseaux médicaux, sociaux, politiques et éducatifs du monde entier se sont donnés rendez-vous dans la cité de Calvin. Pendant trois jours, ils vont essayer de comprendre les mécanismes du suicide des jeunes. Pour mieux pouvoir prévenir un fléau trop longtemps resté dans l’ombre.

Le suicide des jeunes touche pourtant de plein fouet les pays industrialisés. Après la Finlande, la Suisse est d’ailleurs parmi les pays les plus touchés, avec ceux d’Europe centrale et orientale.

100 à 150 morts chaque année

Pour preuve, en Suisse, le suicide est la principale cause de mortalité des jeunes de 15 à 24 ans. Qui, selon les statistiques, sont entre 100 et 150 à se donner la mort chaque année.

Mais les spécialistes de la question sont encore plus pessimistes. Ils estiment en effet que ces chiffres ne reflètent que partiellement la réalité. Selon eux, 15% à 20% des suicides seraient encore pudiquement transformés en morts naturelles.

Pire, à cela, il faut encore ajouter les tentatives de suicide. Qui, elles, sont quasiment impossibles à chiffrer. Même si, d’après certaines enquêtes non exhaustives, 5% des jeunes interrogés avouent avoir récemment tenté de se donner la mort.

Des facteurs de risques identifiés

«Malheureusement, déplore le professeur François Ladame, président du comité scientifique du congrès ‘No suicide’ et médecin responsable de l’Unité adolescents au Département Psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève, après une tentative de suicide, seul un jeune sur cinq est généralement pris en charge par un système de soin spécialisé.»

Autrement dit, pour l’heure, les jeunes à risques qui bénéficient d’un encadrement approprié restent minoritaires. Les professionnels avouent, d’ailleurs, se sentir assez démunis face au problème. Même si les facteurs de risques sont désormais identifiés.

Au nombre d’entre eux, il y a la dépression. «Malheureusement, souligne François Ladame, trop de gens sont convaincus que les jeunes ne peuvent que voir la vie en rose. Et on rechigne encore trop souvent à reconnaître les symptômes de dépression présentés par nombre de moins de 25 ans.»

Des indicateurs de détresse

L’environnement familial et la désintégration sociale sont également des facteurs de risques importants. Mais aucun d’entre eux n’est vraiment décisif.

«Avant de sombrer, explique le président du comité scientifique du congrès ‘No suicide’, les jeunes envoient généralement des signaux de détresses clairs.» Et de citer les insomnies, un manque d’intérêt pour tout, un certain repli sur soi.

Reconnaître les symptômes et être capable d’accompagner le jeune en détresse. Voilà les bases de la prévention. Des principes mis en œuvre, depuis 5 ans déjà, à Genève.

L’expérience genevoise

«Grâce au partenariat noué entre les pouvoirs publics genevois et la fondation privée Children Action, nous avons pu créer une unité d’hospitalisation et un centre de prévention spécialisé. Une première en Suisse », souligne François Ladame.

Et de préciser: «notre démarche consiste notamment à encadrer les proches de jeunes en difficulté pour créer une sorte de filet de sécurité autour d’eux; et cela jusqu’à ce qu’ils soient en mesure d’accepter eux-mêmes une aide directe.»

Difficile, pour l’heure, de mesurer vraiment les résultats de ce type de prévention. Un chose est sûre: au cours de 25 dernières années, le nombre des suicides des jeunes de 15 à 24 ans a été divisé par quatre à Genève.


Vanda Janka

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