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Construction: patrons et syndicats trouvent un accord

Le syndicaliste Andreas RIeger (à gauche) et le médiateur Jean-Luc Nordmann ont présenté l'accord à la presse. Keystone

Le conflit du travail qui secouait la construction depuis plusieurs mois se débloque. Patrons et syndicats sont parvenus mercredi à un accord sur une nouvelle convention nationale (CN) de travail.

Cette solution de compromis, qui entrera en vigueur le 1er février, concerne notamment les deux principaux points de friction: la flexibilisation du travail et les hausses de salaire.

«Il n’y que des gagnants», a déclaré Jean-Luc Nordmann, médiateur du conflit depuis la mi-novembre. «Premièrement, il est important que la paix sociale règne dans ce secteur qui occupe 80’000 salariés et un grand nombre de travailleurs temporaires; deuxièmement, cela a une influence sur la paix sociale de manière générale», a-t-il précisé à swissinfo.

«Le troisième point, c’est les accords bilatéraux avec l’Union européenne, a-t-il ajouté. La libre circulation des personnes ne peut fonctionner convenablement que si des mesures d’accompagnement empêchent le dumping salarial.»

Andreas Rieger, co-président du syndicat Unia, Kurt Regotz, président du syndicat Syna, tout comme Werner Messmer, président de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) se déclarent également satisfaits de la solution trouvée, qui met un terme à des mois de bataille.

Pas d’heures négatives

Des fuites dans la presse alémanique avaient déjà largement rapporté la teneur de l’accord. En particulier, la flexibilité des horaires de travail ne se traduira pas par des heures négatives, comme le souhaitait ardemment la SSE et auxquelles les syndicats étaient farouchement opposés. Le nombre total d’heures reste inchangé à 2112 par année.

En échange, la nouvelle règlementation intègre le jugement du tribunal arbitral d’août 2006, qui permet de moduler le calendrier de la durée du travail en fonction des intempéries, du manque de travail ou de pannes techniques.

En cas de mauvais temps, les entreprises pourront ainsi suspendre le travail pour le reprendre lorsque les conditions météo s’amélioreront. Cependant, les travailleurs devront être préalablement consultés, même si la décision finale revient aux employeurs.

Salaires minimums

En ce qui concerne les hausses salariales pour 2008 (valables dès février à partir de l’entrée en vigueur prévue de la convention), l’augmentation totale atteindra 2,35%. Soit 100 francs par mois de plus pour tous les employés, ce à quoi s’ajoute une hausse individuelle de 0,5%. Les salaires minimums seront les plus gros bénéficiaires, avec une hausse de 3%.

Les syndicats et le patronat se sont aussi déjà mis d’accord pour les hausses en 2009 afin d’éviter d’avoir à renégocier prochainement: +2%, dont les trois quarts sous forme de hausse générale. Si l’inflation dépasse les 2%, les partenaires sociaux devront toutefois renégocier. Les salaires minimums seront relevés de 2,5%.

Chaque travailleur recevra encore un montant forfaitaire de 600 francs lorsque la nouvelle CN aura force obligatoire, une déclaration qui revient au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). La chose est planifiée pour le 1er juillet 2008.

Ainsi, les salaires minimums obligatoires seront en vigueur pour toutes les entreprises de Suisse ainsi que pour tous les travailleurs temporaires ou détachés. La mesure permet d’éviter le dumping salarial.

Encore à approuver

La nouvelle convention nationale (CN) doit toutefois encore être approuvée par les délégués de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) le 24 janvier et par les assemblées des syndicats Unia et Syna deux jours plus tard. Si les bases donnent leur feu vert, elle entrera en vigueur en février prochain et sera valable près de trois ans, soit jusqu’au 31 décembre 2010.

Ce n’est pas encore chose faite: «Je suis heureux d’avoir quelques semaines pour pouvoir convaincre les délégués», a ainsi commenté Walter Messmer.

Le texte mettra un terme au vide conventionnel dans lequel se trouvent les employés du secteur principal de la construction depuis le 1er octobre, suite à la résiliation par le patronat en mai de l’ancienne CN.

Andreas Rieger de son côté a ajouté que l’extension de la libre circulation aux nouveaux pays de l’UE se présentait sous un meilleur jour. Les syndicats avaient en effet agité la menace du référendum sur ce point si une nouvelle convention nationale ne pouvait être adoptée.

swissinfo avec les agences

Le 23 mai dernier, la Société suisse des entrepreneurs avait dénoncé la convention nationale de travail avec effet pour le 1er octobre. Pour la première fois depuis 70 ans, le secteur de la construction se trouverait ainsi privé de convention collective.

Les patrons exigeaient en particulier une plus grande flexibilité dans les horaires de travail et souhaitaient l’introduction partielle d’un salaire au mérite.

De leur côté, les syndicats Unia et Syna s’opposaient aux demandes des patrons, affirmant qu’elles représentaient une détérioration des conditions de travail.

A mi-octobre, les salariés avaient fait grève sur le chantier des Nouvelles liaisons ferroviaires alpines (NLFA) ainsi que sur les chantiers des cantons des Berne, Genève et Neuchâtel. D’importantes manifestations en faveur d’une nouvelle convention ont par ailleurs eu lieu dans plusieurs villes.

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