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Contrefaçon horlogère: une perte de 800 millions

Un client regarde un catalogue Rolex pour savoir quelle contrefaçon il achètera… Bangkok, Thaïlande, mars 2004. Keystone

Les copies de montres coûtent 800 millions par an à l'industrie horlogère suisse. L'organisation faîtière de la branche s'inquiète de la permanence du phénomène.

Principalement mis en cause: les sites de fabrication en Asie du Sud-Est et dans le bassin méditerranéen.

800 millions… le montant est de taille. Il représente même près de 8% de la valeur totale des produits horlogers helvétiques exportés, qui s’est élevée à 10,18 milliards de francs l’année passée, en baisse de 4,4% sur un an.

«Je ne dirais pas que la situation empire, mais elle reste grave, très sérieuse», déclare à swissinfo Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération horlogère suisse (FH).

Variété des copies

Ainsi, le service anti-contrefaçon de la FH a analysé l’an dernier 1187 échantillons, saisis ou achetés dans 31 pays. Ces pièces «usurpent 60 marques différentes». Il en conclut que les faussaires ne se limitent plus aujourd’hui aux montres helvétiques les plus célèbres.

Avec toutefois une prédilection pour Rolex, Cartier, Rado et Omega… C’est en tout cas ce que déclarait en avril dernier Nicolas Hayek, président de Swatch Group, au magazine L’Hebdo.

«Ils font feu de tout bois, épluchant les magazines spécialisés et copiant tous les modèles à succès», note le rapport annuel de la FH, publié vendredi. Pour plusieurs maisons horlogères, les produits contrefaits sont actuellement plus nombreux sur le marché que les produits originaux.

A côté des copies illégales de montres et de modèles établis, la FH souligne une montée en puissance de pièces «originales», mais qui arborent une fausse indication de provenance (Suisse ou Genève, par exemple).

Fabrication tous azimuts

Les sites de fabrication sont restés globalement inchangés ces dernières années, constate encore la FH. Ils sont principalement situés en Asie du Sud-Est, avec la Chine en tête, dans le bassin méditerranéen, notamment en Turquie, ainsi qu’en Italie et en Espagne.

Et «les réseaux de fabrication se sont beaucoup étendus», rapporte la FH. «A la traditionnelle plaque tournante du Benelux s’ajoutent désormais l’Europe centrale et orientale (avec l’Autriche comme tête de pont), le Royaume-Uni et les Etats-Unis.»

La lutte de la FH

En matière de lutte anti-contrefaçons, «nous avons lancé différentes opérations dans le cadre de la FH, avec le soutien des marques. Même si, bien sûr, les marques ont leurs propres programmes», relève Jean-Daniel Pasche.

Ainsi des contacts ont été pris avec les pays où le problème est particulièrement présent. En 2003 par exemple, des discussions ont eu lieu avec les autorités brésiliennes et chinoises, afin que leurs législations puissent être améliorées sur cette question.

«Nous essayons de repérer les copies et de les détruire, afin de porter préjudice aux fabricants», ajoute le président de la FH.

Des fabricants que la FH souhaite voir poursuivis. «Ils portent préjudice aux Etats, car ils ne paient ni impôts, ni sécurité sociale, et sont susceptibles de créer du chômage», constate Jean-Daniel Pasche.

Préjudice pour les Etats, mais, au premier chef, pour les entreprises. «Elles investissent beaucoup dans la recherche, le marketing, et les contrefacteurs tirent avantage de ces investissements. Le consommateur devrait être conscient de l’importance de ces dommages, et des risques consécutifs».

Marché suisse

La vente de fausses montres n’est pas l’apanage des pays asiatiques et de l’Europe du Sud. Le formidable supermarché que représente Internet est également en cause.

Et puis, «statistiquement, un individu est arrêté tous les cinq jours à la frontière suisse avec dans ses bagages un lot de fausses montres», constate la FH.

Laquelle note par ailleurs que la disparition de Swissair et l’affaiblissement qui en a découlé de l’aéroport de Zurich-Kloten fait désormais transiter les importateurs de contrefaçons par d’autres routes, comme le Luxembourg. La plate-forme aéroportuaire alémanique reste toutefois le principal point d’entrée en Suisse.

swissinfo et les agences

En 2003, sur 1187 échantillons saisis ou achetés dans 31 pays, la FH constate l’usurpation de 60 marques différentes.
Le préjudice de 800 millions de francs annuels représente près de 8% de la valeur totale des produits horlogers helvétiques exportés (10,18 milliards de francs en 2003, en baisse de 4,4% sur un an.).

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