Crans-Montana veut renouer avec son glorieux passé
Dans la foulée des Jeux olympiques, les meilleures skieuses de la planète ont rendez-vous ce week-end à Crans-Montana. La station valaisanne, organisatrice en 1987 de Mondiaux gravés dans la mémoire collective, affiche des ambitions retrouvées.
Crans-Montana 1987. Un lieu, une époque. Celle des Pirmin Zurbriggen, Maria Walliser, Vreni Schneider et Erika Hess, symboles de la domination sans partage du ski suisse des années 80. Quatorze médailles, huit titres Mondiaux: sur la «Nationale», seuls Marc Girardelli (combiné) et Frank Wördnl (slalom) avaient privé la Suisse d’un Grand Chelem.
Depuis quelques années, la station valaisanne, portée par l’énergie de Marius Robyr, président du comité d’organisation, déjà impliqué dans les préparatifs des Mondiaux de 1987, tente un retour au premier plan. «Après 1987, on a clairement été mauvais. Crans-Montana s’est endormie sur ses lauriers et il a fallu du temps pour qu’une véritable prise de conscience ait lieu».
En 2005, convaincues par la nécessité de relancer leur image de stations de sports d’hiver incontournables, les six communes qui forment le Haut-Plateau au-dessus de Sierre ont décidé d’investir massivement dans la rénovation d’une piste devenue obsolète. Près de 4,5 millions de francs, dont un tiers en provenance de la Fondation du Casino de Crans-Montana, ont été nécessaires pour redessiner entièrement la «Nationale».
Bataille interne
Pari gagnant, puisqu’en 2007 la Fédération internationale de ski (FIS) attribuait des épreuves de Coupe du monde à la station valaisanne. En mars 2008, près de 15’000 spectateurs, une assistance exceptionnelle pour des courses de ski alpin dames, se sont massés au pied de la «Nationale» pour assister aux succès d’Anja Paerson (super-combiné) et de Lindsay Vonn (descente).
Une réussite unanimement saluée par les skieuses, la FIS et la Fédération suisse de ski. En un week-end, Crans-Montana redevenait incontournable sur le circuit de Coupe du monde. «Tout le monde veut absolument revenir à Crans-Montana», soulignait alors Marius Robyr, qui se voyait déjà organiser des finales de Coupe du monde ou des Championnats du monde dans un futur proche.
A l’été 2008, Crans-Montana décidait donc de présenter sa candidature interne à l’organisation des Mondiaux de 2015. Mais sa rivale grisonne Saint-Moritz l’emportait haut la main devant les délégués de la Fédération suisse de ski. «Le résultat était quasiment connu à l’avance. Le poids des voix étant inégalement réparti entre la Suisse germanophone et la Suisse francophone, nous n’avions aucune chance», affirme Marius Robyr.
Ambitions intactes
Ce coup dur n’a toutefois pas porté atteinte aux ambitions du brigadier Marius Robyr, ancien président de la Patrouille des Glaciers, l’une des plus prestigieuses course de ski-alpinisme au monde: «A court terme, nous souhaitons que Crans-Montana devienne une ‘classique’ sur le calendrier de la Coupe du monde dames. A moyen terme, nous visons l’organisation de finales de Coupe du monde et à long terme, l’objectif reste toujours d’organiser des Championnats du monde».
Dans ses projets, Crans-Montana se heurte toutefois à un calendrier déjà bien chargé. Ainsi, l’an dernier, les dates proposées par la FIS n’ont pas été retenues par la station.
«Ça tombait en plein pendant les vacances du mois de février. La station atteint un pic de 40’000 à 50’000 visiteurs à cette période et il n’est pas possible de loger tous les suiveurs de la Coupe du monde. Nous devons nous profiler pour obtenir une date plus favorable dans le calendrier. Si on n’avait pas quitté la Coupe du monde durant près de dix ans, ce serait plus simple.»
Un géant nocturne?
Un autre projet est également à l’étude. Marius Robyr veut organiser un géant nocturne messieurs, à l’image du slalom de Schladming, couru en soirée et qui connaît un immense succès en Autriche. «L’éclairage de la piste de slalom coûterait environ 2 millions de francs. Il faut maintenant convaincre les autorités politiques et les partenaires de la région de financer ce projet».
Marius Robyr en est convaincu: le Valais a tous les atouts pour organiser de grands événements sportifs hivernaux. Et la «Nationale» en est la clé de voûte. «Elle convient autant pour des courses messieurs que dames. On peut la tracer de sorte à en faire une piste facile, difficile et même très exigeante. C’est une piste superbe, avec de la vitesse, des sauts et des grandes courbes.»
De quoi faire renaître l’idée de Jeux olympiques valaisans après les candidatures malheureuses de Sion 2002 et Sion 2006? «Le Valais n’a pas les moyens d’organiser tout seul des Jeux olympiques. C’est devenu un trop grand business et ce n’est plus réalisable pour un canton comme le nôtre. L’initiative doit venir directement du Conseil fédéral. Mais des Jeux plus proches de la tradition montagnarde et à taille humaine, j’y serais bien sûr favorable».
20’000 spectateurs attendus
Si le rêve olympique ressemble encore à une douce utopie, les courses de ce week-end sont elles entrées dans une phase très concrète. «C’est une organisation énorme. Plus de 380 personnes sont mobilisées. Les fortes chutes de neige de la semaine dernière ont nécessité un travail gigantesque de tous les bénévoles.»
Placées juste après les Jeux olympiques, les courses de Crans-Montana permettront aux spectateurs de venir applaudir les médaillées de Vancouver. «Il y aurait certainement eu davantage de monde si les Suissesses avaient brillé au Canada. Mais nous sentons déjà un très fort engouement et nous espérons franchir la barre des 20’000 spectateurs durant les trois jours de compétition».
Samuel Jaberg, swissinfo.ch
Située sur un plateau – le Haut-Plateau – du canton du Valais surplombant la vallée du Rhône et la ville de Sierre, la station de Crans-Montana est un ensemble composé de six communes (Icogne, Lens, Montana, Randogne, Mollens et de Chermignon).
En hiver, Crans-Montana dispose d’un domaine skiable de 140 kilomètres comportant 18 installations. Des investissements à hauteur de 25 millions de francs ont été réalisés ces dernières années pour moderniser les remontées mécaniques. La «Nationale», piste qui avait accueilli les Mondiaux de ski alpin en 1987, a été récemment rénovée pour y accueillir des épreuves de Coupe du monde.
En été, Crans-Montana accueille l’European Masters de golf, qui fait partie du Tour Européen PGA. Outre le ski et le golf, un festival de musique, le «Caprices festival», fait depuis 2004 partie des événements incontournables de la région.
Vendredi 5 mars: super-combiné (descente 10h, slalom 13h)
Samedi 6 mars: descente (10h)
Dimanche 7 mars: super-G (09h45)
Classement général
1. Lindsey Vonn USA 1311 points
2. Maria Riesch GER 1174
3. Anja Paerson SWE 886
4. Kathrin Zettel AUT 829
5. Tina Maze SLO 701
6. Fabienne Suter SUI 486
7. Kathrin Hoelzl GER 447
8. Elisabeth Goergl AUT 445
9. Ingrid Jacquemod FRA 418
10. Tanja Poutiainen FIN 417
…
19. Nadia Styger SUI 304
21. Nadja Kamer SUI 276
27. Martina Schild SUI 211
29. Fraenzi Aufdenblatten SUI 199
31. Andrea Dettling SUI 191
38. Dominique Gisin SUI 153
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