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Crash de Charm el-Cheikh: la polémique continue

Des doutes subsistent sur la compagnie égyptienne. Keystone

Ce sont de graves lacunes dans les systèmes de sécurité qui avaient amené la Suisse à interdire ses aéroports à Flash Airlines en 2002.

Mais la compagnie égyptienne rejette ces accusations. En outre, des contrôles effectués en France, en Allemagne et en Pologne en 2003 n’avaient révélé aucun défaut.

L’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) veut mettre fin à la polémique sur les causes de l’interdiction d’entrée en Suisse qui frappe Flash Airlines.

Lundi, l’OFAC a révélé quels étaient les défauts constatés en 2002 sur les deux avions de la compagnie privée égyptienne. Les autorités aériennes suisses ont choisi délibérément de divulguer partiellement ces informations, en principe confidentielles.

La Suisse a effectué deux contrôles inopinés sur les deux Boeing 737 de Flash Airlines, les 27 avril et 11 octobre 2002.

Ces inspections ont permis de déceler, dans les deux cas, des «lacunes manifestes d’entretien dans les secteurs des commandes de vol, du train d’atterrissage et du groupe motopropulseur».

Les inspecteurs ont également noté que les calculs des réserves de carburant n’étaient pas établis conformément aux normes internationales.

Ils ont aussi constaté qu’il manquait des documents pour la navigation à bord et que la signalisation des sorties de secours était partiellement hors d’usage.

L’OFAC précise toutefois que ces «graves manquements» constatés en 2002 ne présagent pas de l’état du Boeing qui s’est écrasé samedi matin en mer Rouge. Ces contrôles ne rendent compte que de l’état des avions au moment où ils ont été effectués.

Et de rappeler que pour l’heure, la cause de l’accident reste inconnue.

Autorisation refusée

A l’époque, les autorités aériennes suisses avaient donc décrété une interdiction d’atterrir à l’encontre de la compagnie. Le 16 octobre 2002, Flash Airlines a reçu la notification selon laquelle son autorisation de vol en Suisse lui était retirée.

Quelques jours plus tard, la compagnie a tenté malgré tout d’obtenir une autorisation d’atterrir en Suisse. Requête que l’OFAC a refusé n’ayant eu aucune assurance que les lacunes avaient été corrigées. L’OFAC a informé les autorités aériennes égyptiennes le 22 octobre 2002.

La Suisse a également mis à la disposition des 41 pays membres du programme européen SAFA de sécurité des aéronefs étrangers le rapport sur les inspections des avions de Flash Airlines et a averti par courrier électronique le chef du programme.

Ce qui a été confirmé par le porte-parole de la IATA, l’Association internationale pour le transport aérien, lundi soir soir lors du journal télévisé de la chaîne suisse alémanique SF DRS.

Rien d’alarmant

Les autorités françaises ont reconnu avoir été informées par la Suisse des infractions aux normes de sécurité constatées.

Mais le ministre des Transports Gilles de Robien a affirmé que les contrôles des appareils de Flash Airlines qui avaient été entrepris en 2003 n’avaient rien signalé d’alarmant.

Ce constat a également été tiré par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) française. «Dans les contrôles que nous avons faits ultérieurement (à ceux menés par l’OFAC), nous avons constaté l’amélioration de l’état technique de ces avions», a affirmé son porte-parole Michel Wachenheim.

Le PDG de la compagnie Mohamed Nour a, lui, relativisé les critiques émises par l’OFAC. Il a déclaré à l’afp que la Suisse avait interdit à Flash Airlines de survoler son territoire pour cause de manque de «documents» administratifs.

«Nous avons également un litige financier avec la compagnie des services de l’aéroport qui nous réclamait environ 30’000 francs. Je n’ai pas payé car j’estimais la somme exagérée», a affirmé M. Nour, estimant qu’il s’agissait là des vraies raisons «pour lesquelles les autorités suisses accusaient» Flash Airlines.

Flash Airlines conteste

Du côté de la compagnie égyptienne, on rejette les accusations de Berne. Selon le directeur de Flash Airlines à Charm el-Cheikh, l’avion accidenté était «sûr à 100%» et les normes de sécurité suisses sont jugées «excessives.»

A noter également que les deux avions de Flash Airlines ont également été contrôlés en France, en Allemagne et en Pologne au cours de l’année 2003 et qu’aucun de ces contrôles n’a révélé le moindre défaut.

swissinfo et les agences

– Un Boeing 737 de la compagnie charter égyptienne Flash Airlines s’est abîmé samedi matin en mer Rouge, quelques minutes après le décollage de la station balnéaire de Charm el-Cheikh.

– Au moins 133 touristes essentiellement français, dont des familles entières, ont péri dans cet accident.

– Il n’y a aucun rescapé parmi les 148 personnes à bord, selon les autorités égyptiennes qui privilégient l’hypothèse de l’accident.

– Construits en 1993, les deux avions de la compagnie avaient été interdits en Suisse en octobre 2002 pour de graves lacunes constatées au niveau de la sécurité.

– En 2003 toutefois, ils ont subi des contrôles en France, en Allemagne et en Pologne, qui n’ont pas révélé le moindre problème.

– A ce jour, 23 avions font l’objet d’une interdiction de vol en Suisse, selon les autorités fédérales.

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