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Climat: la Suisse n’attend pas de miracle de Copenhague

Moritz Leuenberger plaide pour une taxe mondiale sur le CO2. Keystone

La Suisse va réduire ses rejets de gaz à effet de serre de 20 voire 30% d'ici à 2020. Le gouvernement a confirmé vendredi ses objectifs en fixant le mandat donné à Moritz Leuenberger en vue de la conférence de Copenhague sur le climat. Les écologistes sont déçus.

«Il n’y aura pas de miracle à Copenhague», a déclaré le ministre de l’Environnement Moritz Leuenberger vendredi devant les médias. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un accord global contraignant soit conclu, même si Berne l’appelle de ses voeux. D’autant plus que le président américain Barack Obama n’a pas fixé de but concret pour son pays.

Il est possible que plusieurs groupes de pays s’engagent à des réductions chiffrées de leurs émissions de CO2 (20% pour la Suisse et l’UE, 40% pour la Norvège et la Suède). Mais ce sont surtout les mesures concrètes qui comptent, a souligné le conseiller fédéral.

La Suisse entend suivre l’Union européenne en visant d’ici à 2020 une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990. Elle est prête à passer à 30% si d’autres pays industrialisés font de même.

Concernant les mesures concrètes, la balle est désormais dans le camp du Parlement qui doit se prononcer sur la révision de la loi sur le CO2.

Au moins 50% d’ici à 2050

A l’horizon 2050, la Suisse s’engage pour une réduction d’au moins 50%, afin que la température moyenne de la planète ne dépasse pas de 2 degrés celle qui prévalait avant la révolution industrielle. Elle est disposée à revoir cet objectif à la hausse si des découvertes scientifiques en laissent entrevoir la possibilité. Elle exige parallèlement que des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil prennent des engagements conséquents.

D’autres pistes doivent aussi être explorées. Les participants à la Conférence chercheront ainsi des solutions permettant aux pays en développement d’obtenir de l’aide pour préserver leurs forêts. Berne souhaite aussi une réglementation des émissions des avions et des bateaux à l’échelle internationale. L’agriculture devrait aussi être prise en compte.

A l’échelle planétaire, ces mesures généreront des frais de plusieurs centaines de milliards de dollars par an. Moritz Leuenberger plaide depuis longtemps pour une taxe mondiale sur le CO2, axée sur le principe du pollueur-payeur et excluant les pays les plus pauvres. Sa proposition sera discutée à Copenhague. Il est possible qu’elle soit combinée avec d’autres propositions de financement.

Moritz Leuenberger participera aux rencontres ministérielles du 16 au 18 décembre. Son suppléant sera le directeur de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) Bruno Oberle. La délégation technique sera conduite par Thomas Kolly, chef de la division des affaires internationales à l’OFEV.

Les écologistes mécontents

Les mesures envisagées par Berne sont dénoncées par les associations écologistes suisses comme insuffisantes. Pour le WWF Suisse, «la délégation n’a qu’à rester à la maison», a déclaré vendredi dans un communiqué Patrick Hofstetter, responsable de la politique climatique au WWF Suisse.

Quant à l’Association transport et environnement (ATE), elle qualifie le mandat de négociation de «frileux», tout en relevant la nécessité d’une «taxe CO2 sur les carburants» pour lutter contre le réchauffement climatique.

swissinfo.ch et les agences

Il reste de 10 à 20 ans au monde pour inverser la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Sans quoi il deviendrait difficile aux humains de s’adapter à la déstabilisation induite du climat.

L’objectif repris pour Copenhague est de réduire les émissions de sorte que la hausse globale des températures ne dépasse pas 2°C par rapport à l’ère préindustrielle.

Le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) demande une réduction de 25% à 40% des émissions des pays industrialisés d’ici 2020 par rapport à 1990.

Il invite les pays riches à augmenter leur taux de 80% à 95% de gaz à effet de serre d’ici 2050 et les pays en développement de 50%.

Du 7 au 18 décembre à Copenhague, près de 200 pays vont tenter de s’entendre sur un accord climatique global succédant ou prolongeant le Protocole de Kyoto, qui court jusqu’à fin 2012.

La Suisse y proposera:

Un engagement de tous les grands pays émetteurs, y compris les pays émergents réduire leurs émissions selon leurs capacités.

Des réponses aux besoins d’adaptation aux conséquences du changement climatique.

La création d’une structure de financement sur la base de fonds publics et privés pour soutenir les mesures prises.

Des décisions sur les transferts de technologie vers les pays en développement.

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