Des perspectives suisses en 10 langues

Eau et environnement, deux faces d’un même combat

Pour certains, l'accès à l'eau potable devrait être reconnu comme un Droit de l'homme. Keystone Archive

Protéger l'eau et en garantir l'accès au plus grand nombre. C'est le défi sur lequel se penche le Forum mondial de l'eau, qui s'est ouvert dimanche à Kyoto.

Et, pour la Suisse, on ne peut pas parler d’eau sans parler également d’environnement.

Ce Forum donne le coup d’envoi de l’Année internationale de l’eau des Nations Unies. Il culminera les 22 et 23 mars par un sommet ministériel de deux jours.

A Kyoto, la délégation helvétique est conduite par le directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP).

Une occasion unique, pour Philippe Roch comme pour les autres représentants d’une bonne centaine de pays, de débattre de cette question vitale.

Il n’existe en effet à ce jour aucune agence internationale chargée du problème global de l’eau.

Eau, forêts et zones humides

«Nous allons à Kyoto, précise Philippe Roch, pour défendre l’idée que la lutte pour le développement et la lutte pour la défense de l’environnement doivent constituer les deux facettes d’une même action.»

Pour le directeur de l’OFEFP, il ne sert à rien de dépenser de l’argent pour amener de l’eau aux plus démunis si l’on oublie la protection des écosystèmes qui préservent cette même eau.

«A la vitesse où l’on détruit les forêts et où l’on assèche les zones humides, dit Philippe Roch, un jour, on risque d’avoir uniquement des systèmes de distribution et plus rien à distribuer.»

Il faut passer à l’action

Spécialiste de l’eau à la Direction du développement et de la coopération (DDC), Thomas Zeller estime que les discussions doivent déboucher sur du concret.

Autrement dit, elles doivent porter sur la réalisation des objectifs fixés lors des réunions précédentes.

En 2002, à l’issue du Sommet de la Terre de Johannesbourg, la communauté internationale s’est engagée à réduire de moitié (d’ici 2015) le nombre de personnes qui n’ont pas accès aux systèmes d’épuration des eaux.

«Il s’agit maintenant de passer à l’action, lance Thomas Zeller. Et de faire admettre que l’eau a aussi une dimension sociale, éthique et écologique, qui doit être prise en compte.»

Le spectre de la privatisation

De leur côté, les ONG ont peur que les multinationales se servent du Forum de Kyoto comme une plate-forme pour promouvoir l’idée controversée de la privatisation de l’eau.

«Les grosses compagnies de distribution défendent la privatisation comme la solution à la crise mondiale de l’eau», avertit Madeleine Bolliger.

Pour cette représentante de Swisscoalition, la communauté de travail des œuvres d’entraide, cette solution ne conduit qu’à la hausse des prix.

«Les multinationales, résume Madeleine Bolliger, ne s’intéressent qu’à leurs profits.»

Un nouveau Droit de l’homme

A Kyoto, les ONG se battront également pour l’introduction d’une Convention globale de l’eau.

«L’accès à l’eau potable doit être reconnu comme un Droit de l’homme», dit Madeleine Bolliger. Et de relever, au passage, le manque d’enthousiasme de la Suisse pour cette revendication précise.

«Nous avons bien essayé de pousser le gouvernement dans cette direction. Mais, ajoute Madeleine Bolliger, malgré ses promesses, la Suisse ne semble pas prête à prendre la tête de ce combat.»

Une responsabilité civile

Cela dit, une initiative helvétique est en voie de réalisation. Mais dans autre domaine.

Il y trois ans, lors du Forum de La Haye, Philippe Roch a lancé l’idée de promouvoir la responsabilité civile en matière d’eau.

«Lorsqu’une entreprise traite des produits chimiques dangereux, explique le directeur de l’OFEFP, il faut lui imposer l’obligation de s’assurer contre les dégâts potentiels à l’eau.»

Avant la signature d’un contrat, les assurances vérifieront l’état des installations. Forcément.

«L’idée fait son chemin, se réjouit Philippe Roch. Il y a quelques jours, nous avons conclu un protocole sur la responsabilité civile, qui sera signé prochainement à Kiev.»

Pour l’heure, ce texte ne concerne que l’Europe. Mais, à Kyoto, le directeur de l’OFEFP ne manquera pas d’en faire la promotion auprès des autres pays.

«Cet exemple, conclut Philippe Roch, prouve qu’une initiative peut déboucher sur une avancée, même dans structures compliquées et lentes telles que celles d’un système multilatéral.»

swissinfo, Ramsey Zarifeh et Marc-André Miserez

– Aujourd’hui, 2,4 milliards de personnes dans le monde ne sont reliées à aucun système de traitement des eaux usées. La communauté internationale s’est engagée à réduire ce nombre de moitié d’ici 2015.

– Si les tendances actuelles persistent, d’ici 2025, les deux tiers de la population mondiale pourrait vivre dans des situations de pénurie d’eau.

– Les maladies liées à l’eau tuent chaque année plus de 4 millions de personnes dans le monde.

– Près de 2,3 milliards de personnes souffrent de maladies imputables à la contamination de l’eau.

– Selon certains experts, l’eau pourrait bientôt remplacer le pétrole comme source majeure de conflits au niveau mondial.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision