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Ici comme ailleurs, anticiper les raz de marée

Keystone

Anticiper des vagues géantes, comme le tsunami qui a frappé l’Asie du Sud, ne sera pas facile, avertit un expert suisse.

Willi Hager, professeur à l’EPFZ, rappelle qu’un raz de marée peut être déclenché par un tremblement de terre, mais aussi par un volcan ou un éboulement. Cela peut arriver même en Suisse.

Pour éviter qu’un raz de marée ne fasse autant de victimes à l’avenir, il faut informer la population et construire des abris dans les régions exposées, estime Willi Hager, chercheur à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Directeur du laboratoire d’hydraulique, hydrologie et glaciologie, il estime que les conséquences du tsunami du 26 décembre n’étaient pas prévisibles. «On ne peut tout simplement pas prédire l’ampleur d’une vague générée par un tremblement de terre».

«En revanche, ce que nous savons, poursuit Willi Hager, c’est qu’un séisme qui se produit près ou dans la mer est presque toujours suivi de vagues importantes. Une évidence qui a pourtant surpris beaucoup de gens il y a quelques semaines.»

Information et abris

Depuis le 26 décembre, plusieurs experts plaident pour l’installation d’un système d’alerte au tsunami dans la région de l’Océan indien pour éviter qu’une telle catastrophe se reproduise.

C’est un pas dans la bonne direction, reconnaît Willi Hager, mais d’autres méthodes de prévention sont indispensables, selon lui, pour prévenir des effets dévastateurs et meurtriers d’un tsunami.

Dans un premier temps, il faut informer les habitants des régions côtières. Le scientifique suisse estime aussi que les milieux touristiques pourraient participer à cet effort de prévention en construisant des abris dans les zones les plus exposées.

«Ces abris pourraient être les hôtels eux-mêmes, s’ils sont construits selon des normes de sécurité très élevées», propose Willi Hager.

Les barrages suisses



Les raz de marée peuvent être générés non seulement par des séismes, mais aussi par des éruptions volcaniques et des glissements de terrain.

En Suisse, un tsunami ne pourrait bien évidemment pas être déclenché par un volcan ou un séisme sous-marin. En revanche, un éboulement ou une avalanche pourrait déclencher une vague de grande ampleur dans un plan d’eau, naturel ou artificiel.

«Il n’est pas exclu qu’une avalanche ait un impact sur un barrage, par exemple», précise le chercheur de l’EPFZ.

Un tel événement ne s’est jamais produit en Suisse. En Italie, par contre, un glissement de terrain dans un lac de barrage a provoqué une gigantesque vague, il y a une quarantaine d’années, tuant 2’500 personnes.

Les recherches de Willi Hager portent précisément sur ces vagues imprévisibles et sur les méthodes de prévention. Récemment, son équipe s’est intéressée aux effets du tsunami qui s’est produit en 1958 dans la Baie de Lituya en Alaska.

La vague, générée par un glissement de terrain, était d’une telle ampleur, qu’elle avait roulé sur plus de 500 mètres, grimpant le long d’une colline de l’autre côté du fjord et arrachant tout sur son passage. Par chance, la région était inhabitée. Seul deux marins avaient été tués.

Zurich sous l’eau?

Même si un tsunami d’une telle puissance est peu probable en Suisse, il n’est pas impossible qu’une ville comme Zurich soit totalement submergée.

«Le barrage du Sihlsee près d’Einsiedeln, conçu dans les années 30, pourrait produire et envoyer une telle vague sur la ville», selon Willi Hager. «Mais, rassure-t-il, la plupart des bâtiments seraient suffisamment solides pour y résister.»

swissinfo, Scott Capper
(Traduction de l’anglais: Alexandra Richard)

– Tsunami: vague soudaine, énorme et dévastatrice provoquée par une action sismique (tremblement de terre, éruption volcanique ou énorme glissement de terrain), un cyclone, voire des armes nucléaires.

– Le 26 décembre, le tsunami a été déclenché par un séisme entre deux plaques tectoniques.

– Les tsunamis peuvent se déplacer à plus de 965km/h au point le plus profond, mais ralentir entre 48 et 64km/h à l’approche de la côte.

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