Une bibliothèque ouverte à tous lors de l'édition 2005 des Journées littéraires de Soleure.
Keystone
La littérature suisse jouit d’une grande diversité grâce aux quatre langues nationales. Découvrez ici dix écrivaines et écrivains invités cette année au Journées littéraires de Soleure.
Les Journées littéraires de SoleureLien externe se déroulent dans cette ville chaque année depuis 1978. Elles constituent pendant quelques jours un forum où se retrouvent auteurs, éditeurs et représentants de médias. Cette année, une septantaine d’auteurs figureront au centre de l’attention du 26 au 28 mai.
Né en 1965 en Allemagne, Tim Krohn a grandi à Glaris et vit maintenant avec sa famille dans les Alpes suisses. Il est l’auteur de textes en prose, de pièces dramatiques et de pièces radiophoniques. Liés, ses romans «Quatemberkinder» (Les enfants des Quatre-Temps) et «Vrenelis Gärtli» (Le jardin de Verneli) emmènent le lecteur dans le monde archaïque des Alpes glaronaises du 19e siècle et conjuguent habilement l’allemand et le dialecte de la région. Son projet actuel est une série financée par crowdfunding où ceux qui contribuent peuvent influencer le déroulement de l’intrigue. Le premier volume est maintenant paru.
Pourquoi devrait-on vous lire?
Je ne sais pas, mais apparemment c’est comme une drogue. Parlant de mon dernier roman, Max Moor a dit à la télévision: «On meurt d’envie d’en lire plus». Les lectrices et les lecteurs n’arrêtent pas de tomber amoureux de mes personnages, allez savoir pourquoi!
Quel est, selon vous, votre meilleur livre et de quoi parle-t-il?
Évidemment, ce dernier, «Herr Brechbühl sucht eine Katze» (Monsieur Brechtbühl cherche un chat). C’est le début d’une série de romans reflétant la diversité des sentiments et des caractères humains à partir de quelques figures attachantes, renfrognées et coriaces.
Une phrase d’un de vos livres dont vous êtes particulièrement fier?
«Il avait enfilé ses moonboots (comme il était reconnaissant de ne pas avoir écouté sa mère qui voulait les donner à Caritas lorsqu’elle l’avait aidé à déménager trente ans plus tôt), s’était fait un dernier pot de café bien chaud, avait allumé une bougie et avait attendu en transpirant devant la télévision que la technologie complexe sur laquelle le système occidental s’appuyait s’effondre au changement date et entraîne avec elle l’Occident tout entier.»
Pour moi, la Suisse c’est…?
Un lieu magnifiquement grognon, borné mais plein de folie des grandeurs, de poésie et de créativité.
La littérature suisse, en une phrase?
Parfois réduite et raffinée, parfois grandiose et visionnaire – aussi variée et contradictoire que l’est notre pays.
Rolf Canal
La musicienne Bibi Vaplan s’appelle de son vrai nom Bianca Mayer, est née en 1979 en Engadine et a étudié le piano à Zurich. Elle chante en romanche. Son premier livre paru en 2016 comprend des histoires en romanche et en allemand.
Pourquoi devrait-on vous lire?
D’après ce que mes lecteurs me disent, ce livre représente un petit voyage à travers toutes les émotions, les hauts et les bas, les moments noirs et les nuances intermédiaires. Il suscite le rire, mais aussi parfois quelques larmes. C’est d’ailleurs comme cela que je l’ai voulu, une petite bombe de table comme source d’inspiration pour la vie.
De quoi parle votre livre?
Ce sont, en phrases courtes et mots vifs, de petites esquisses tirées du quotidien, des choses étranges, drôles ou qui m’ont fait réfléchir.
Une phrase de votre livre dont vous êtes particulièrement fière?
La plus profonde boue
cache
un trésor.
Pour moi, la Suisse c’est…?
Structure, magie, diversité et l’air limpide des montagnes.
La littérature suisse, en une phrase?
Je ne lis que de la science-fiction dans mon temps libre et ne peux pas répondre à cette question.
Jos Schmid
Autrice franco-coréenne née en 1992 en France, Elisa Shua Dusapin vit en Suisse romande et écrit en français. Elle a étudié à l’Institut littéraire suisse de Bienne et a remporté de nombreux prix avec son premier roman «Hiver à Sokcho» qui raconte la rencontre de deux êtres provenant de cultures radicalement différentes.
Pourquoi devrait-on vous lire?
Pour vivre une rencontre, à la frontière des deux Corées, dans l’étrange atmosphère d’une station balnéaire en plein hiver.
De quoi parle votre livre?
C’est un livre qui parle de frontières: entre les êtres, entre les langues, entre les pays; frontière entre l’image qu’on a de soi, et celle que l’on renvoie. C’est un livre qui parle d’identité.
RTS
Contenu externe
Né en 1990 à Berne et d’expression allemande, Flurin Jecker a étudié à l’Institut littéraire suisse. Il travaille comme journaliste et comme coursier à vélo. Son premier roman «Lanz» raconte les déboires d’un adolescent de 14 ans de manière authentique et impertinente, mais aussi élégante. Le ton est à peu près celui-ci: «La plupart ne sont plus vierges à 14 ans. Donc, la plupart d’entre vous ne l’êtes plus non plus parce qu’avant, on ne sait pas vraiment lire. Mais ne riez pas si je vous dis que je ne suis, pour ainsi dire, encore rien. Pas même vierge. Parce que je n’ai pas même encore embrassé une fille. Sauf ma cousine dans l’oreille quand j’avais quatre ans.»
De quoi parle votre livre?
D’un jeune qui a perdu le contact avec le vivant.
Une phrase de votre livre dont vous êtes particulièrement fier?
«Ce qui est marrant avec le blog, c’est qu’il faut toujours que je lise ce j’ai écrit pour comprendre comme je suis bête».
Pour moi, la Suisse est…?
… un peu oppressante.
La littérature suisse, en une phrase?
J’ai parfois l’impression qu’elle manque un peu de confiance en soi.
Janis Maus Marti
Écrivain et auteur dramatique d’expression allemande, Lukas Bärfuss provoque et irrite. Il aborde dans ses livres et ses pièces de théâtre des thèmes difficiles et actuels, que ce soit le rôle de l’aide au développement dans le génocide rwandais, le suicide de son frère, le stalking ou la vie sexuelle d’une jeune femme handicapée. Il est aussi connu en Suisse alémanique pour un essai furieux contre la Suisse, «Die Schweiz ist des WahnsinnsLien externe» (Le délire suisse), publié dans un grand quotidien allemand peu avant les élections fédérales de 2015.
Nous lui avons donc posé quelques questions sur la Suisse.
Comment voyez-vous la Suisse d’aujourd’hui?
Out of focus. Dans les deux sens de l’expression. Pas au centre de l’intérêt parce qu’il y a partout des problèmes plus importants et qu’elle élude les défis qui la concernent. La Suisse me paraît aussi floue, sans contours clairs, sans véritable forme, plutôt métamorphe.
Qu’est-ce qui vous frappe dans la littérature suisse actuelle?
Je ne choisis pas les livres que je lis en fonction de l’origine de l’auteur. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de littérature suisse. Il y a les littératures des différentes régions linguistiques, qui s’orientent d’après la culture dans laquelle baigne leur langue. En ce sens, je me considère comme un écrivain germanophone, et non suisse.
Quels thèmes vous préoccupent ou entendez-vous encore traiter à l’avenir?
L’amour et la mort.
Frederic Meyer
Quels auteurs suisses connaissez-vous et qu’est-ce que vous appréciez ou n’appréciez pas dans leurs textes?Votre avis nous intéresse!
Comment les maladies mentales sont-elles traitées dans votre pays?
En Suisse, de plus en plus de patients sont orientés vers des thérapies électriques ou des de la psychothérapie assistée par psychédélique. Existe-t-il des approches similaires dans votre pays?
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