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Début d’Euro frustrant pour l’équipe de Suisse

Reuters

L'équipe de Suisse s'est inclinée en match d'ouverture de l'Euro contre la République tchèque (0-1) dans un match épique où son capitaine Alexander Frei s'est blessé. Présent au Parc Saint-Jacques, swissinfo analyse la rencontre avec l'ancien international et entraîneur Umberto Barberis.

Rien à faire pour la Suisse, la magie du Stade Saint-Jacques n’opère plus. Les esprits de l’enceinte bâloise, où elle s’était pourtant qualifiée pour l’Euro 2004 et le Mondial 2006, ne l’ont pas accompagné dans cette rencontre que tout un peuple attendait depuis près de deux ans.

Tout avait pourtant bien commencé en ce samedi. Les rues de la cité rhénane déversant sans discontinuer un flot de supporters tout de rouge et de blanc vêtus – les couleurs fétiches des deux équipes – jusque dans les travées du stade.

Même Jan Smid, ce journaliste tchèque tout étonné vendredi de ne pas voir âme qui vive dans la cité rhénane, a ouvert grand ses yeux au moment des hymnes nationaux. Il le sentait bien maintenant, le pouls de l’Euro. Dans les veines des joueurs, le sang devait circuler à toute allure.

Entrée des artistes sous les hurlements de la foule en délire. 18h tapante, le paroxysme de la tension et puis la libération au coup de sifflet de l’arbitre: l’Euro 2008… c’est parti.

A la hauteur de l’événement

Nerveux à l’idée de jouer cette rencontre d’ouverture devant leur public, les Suisses ont su élever le niveau de leur jeu dès les premières minutes. Nullement crispés par l’enjeu et l’événement, les joueurs de l’entraîneur Köbi Kuhn se sont même montrés les plus entreprenants, dominateurs même par instants.

En attaque, Alexander Frei montrait le chemin à suivre en s’offrant les premières occasions alors que derrière, Patrick Müller dirigeait la manœuvre. Le défenseur genevois, de retour de blessure et encore incertain il y a peu, parlait et conseillait ses coéquipiers. L’entente et la cohésion du groupe faisaient merveille.

Mais en face, les Tchèques ont fait bloc. Une défense de fer, un milieu de terrain fourni et la classe de leur gardien de génie Petr Cech au casque noir – qu’il porte suite à une fracture du crâne il y a deux ans – leurs permettant de tenir le choc sans trop souffrir. Devant, en attaque, le géant de la Reprezentace, Jan Koller, était tout de même un peu esseulé.

Mais la force de cette équipe reste de savoir changer de tactique très rapidement en fonction du cours des événements. La suite du match va le prouver encore une fois.

La blessure d’Alexander Frei

Premier tournant après 43 minutes de jeu. L’impensable se produit côté helvétique avec la blessure du capitaine et meilleur buteur de la sélection, Alexander Frei. Dans un choc avec le défenseur Zdenek Grygera, l’attaquant suisse se tord méchamment le genou et quitte en pleurs la pelouse. Courageux, il reviendra encourager ses coéquipiers pour la fin de match, armé de béquilles.

Une IRM passée par le joueur après le match a révélé une déchirure partielle des ligaments intérieurs du genou gauche. L’Euro d’Alexander Frei est d’ores et déjà terminé.

«Un match d’ouverture d’un Euro dans son pays peut être magnifique si on gagne et catastrophique si l’on perd», disait encore vendredi Alexander Frei. Il n’avait pas songé au pire!

Obligé de réorganiser son équipe, Köbi Kuhn faisait entrer Hakan Yakin, puis plus tard Johan Vonlanthen. De son côté, le rusé Karel Brückner tentait alors un coup de poker gagnant en invitant – à la stupéfaction générale – son attaquant vedette Jan Koller à laisser sa place au modeste Sverkos… futur et unique buteur du match.

L’analyse de Bertine Barberis

«Dans cette partie, ce sont en fait les remplaçants qui ont fait la différence. L’entraîneur Karel Brückner a osé sortir Koller pour lancer Sverkos… qui marque. Köbi Kuhn fait confiance à Yakin et à Vonlanthen et tous deux ont des balles de buts… mais ne marquent pas», analyse l’ancien international et entraîneur Umberto ‘Bertine’ Barberis

Consultant pour swissinfo durant tout l’Euro, Bertine Barberis estime que les Suisses ont bien joué, très bien même. Mais la différence s’est faite au niveau de l’efficacité.

«Cinq occasions nettes pour les Suisses et une seule pour les Tchèques pour un but très important, dit-il. Dans un Championnat d’Europe aussi relevé, c’est cela qui fait la différence. Les Tchèques ont certes plus défendu qu’attaqué mais ils ont gagné»

«Nous aurions aussi pu nous imposer. Mais il n’y a pas de justice dans le football. Je tiens à féliciter mon équipe pour sa performance et elle peut garder la tête haute pour le match de mercredi. Ce match est perdu mais pas l’Euro!»

Ce discours sera-t-il entendu par les joueurs? Réponse mercredi prochain, toujours au stade Saint-Jacques de Bâle, contre la Turquie.

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bâle

Parc St-Jacques. 39 730 spectateurs.

Arbitre: Roberto Rosetti (Italie)

But: 70e Sverkos 0-1

Suisse: Benaglio; Lichtsteiner (75e Vonlanthen), Müller, Senderos, Magnin; Behrami (83e Derdiyok), Fernandes, Inler, Barnetta; Frei (46e Yakin), Streller.

République tchèque: Cech; Grygera, Ujfalusi, Rozehnal, Jankulovski; Sionko (83e Vicek), Jarolim (87e Kovac), Galasek, Polak, Plasil; Koller (57e Sverkos).

Avertissements: 59e Magnin. 76e Vonlanthen. 93e Barnetta.

A Genève, le 2e match de la soirée (Groupe A) a vu le Portugal battre la Turquie par 2 à 0.

Avant le match, la cérémonie d’ouverture de l’Euro 2008 à Bâle a duré treize minutes. Conçue et mise en scène par le Français Martin Arnaud, elle a rassemblé sur la pelouse du stade, vingt exactement 976 figurants de 13 nationalités et âgés de 14 à 70 ans. La plupart d’entre eux étaient des gymnastes, un sport traditionnel en Suisse.

Tout au long de la cérémonie, les figurants ont porté et manipulé au-dessus de leur tête cinq tonnes de cubes, dont le dessin a été inspiré par le pixel art, permettant pas moins de 450 combinaisons de couleurs et de motifs.

On a ainsi pu reconnaître le Lac de Constance, trait d’union entre l’Autriche et la Suisse, les montagnes austro-suisses. Puis des valses viennoises se sont électrifiées progressivement, et le tic-tac de l’horlogerie helvétique s’est déployé, avec une gigantesque horloge humaine égrenant le temps sur la pelouse…

Le final a vu défiler les drapeaux des nations présentes à la phase finale de l’Euro, et surtout, les gymnastes ont conclu par une représentation gigantesque… du logo de l’UEFA, bien sûr.

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