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Délinquants étrangers: Couchepin entre dans le débat

Pascal Couchepin estime que les jeunes doivent assumer leurs actes. Keystone

Le ministre de l'Intérieur Pascal Couchepin se dit favorable à l'expulsion de jeunes délinquants étrangers en cas de délit grave mais pas de leur famille.

De son côté, le président de la Commission fédérale des étrangers Francis Matthey combat cette idée qui selon lui ne résoudra pas le problème de l’intégration des étrangers.

Le jeune étranger «doit assumer les conséquences de ses actes et comprendre qu’il ne vit pas dans un monde virtuel, mais dans la réalité. Une telle mesure sert aussi d’exemple aux copains», estime M. Couchepin.

Par contre, «la famille n’a pas à assumer la faute commise par un de ses enfants», ajoute-t-il dans une interview au «Matin dimanche».

Le conseiller fédéral entre ainsi dans le débat qui fait rage en Suisse depuis l’été dernier à la suite d’actes de violence et de viols collectifs commis par de jeunes étrangers.

Riposte à l’UDC

Des actes qui ont suscité des réactions très dures, à commencer par la droite dure de l’Union démocratique du centre (UDC). Son homme fort, le ministre de la Justice et de la Police Christoph Blocher, a été jusqu’à proposer d’expulser les délinquants étrangers et leur famille, ou même de retirer leur passeport suisse à ceux qui ont été naturalisés.

Pascal Couchepin estime que le parti de son collègue Blocher veut stigmatiser les étrangers. «L’UDC fait un amalgame entre violence, jeune et étranger. Si la violence est en augmentation chez les jeunes étrangers, elle progresse encore plus rapidement chez les jeunes Suisses», note-t-il ce dimanche.

Le ministre des affaires sociales trouve inquiétant que l’idéologie s’invite dans le débat: «L’UDC récupère ce thème pour sa campagne électorale». Et d’appeler les partis à trouver des solutions ensemble, en misant tant sur la répression, la prévention que l’éducation.

Pas de panique

«Arrêtons de paniquer», a mis en garde Pascal Couchepin, qui rappelle que «90% des jeunes ne connaissent pas de grave problème de violence». Il ne faut pas parler de la violence des jeunes, mais de certains jeunes.

Le problème a par ailleurs toujours existé, souligne le Valaisan, qui a lui-même vécu dans un canton «où tous les samedis de bal, des bouteilles étaient fracassées sur le crâne de l’une ou l’autre personne».

Un frein à l’intégration

De son côté, le président de la Commission fédérale des étrangers (CFE) Francis Matthey n’a pas mâché ses mots ce week-end contre les propositions de l’UDC. Certes les violences sont inadmissibles, ajoute le Neuchâtelois, «mais on les monte en épingle».

Autrement dit, le renvoi des délinquants et de leur famille ne résoudra pas le problème de l’intégration des étrangers. Et Francis Matthey de rappeler que, si les étrangers sont surreprésentés chez les délinquants, ces jeunes rencontrent aussi des difficultés bien plus importantes que les jeunes Suisses.

«Nous devons cesser de stigmatiser l’origine et tenir compte du niveau socio-économique de ces gens», a-t-il indiqué samedi. Et de conclure que les étrangers doivent faire un effort pour s’intégrer, les Suisses doivent se montrer plus ouverts.

«Si l’on veut plus de cohésion nationale, il faut plus de moyens de la part des autorités et un changement de mentalité de la part des Suisses», a conclu le président de la CFE.

swissinfo et les agences

En 2005, on a dénombré plus de 14’000 jugements contre des mineurs, selon l’Office fédéral de la statistique, contre 12’000 en 1999, lorsque cette statistique a été établie.
79,3% des jugements concernaient des adolescents et 62,7% des Suisses.
Depuis 1999, on voit augmenter les jugements d’infractions routières et d’atteintes à l’intégrité physique, au patrimoine et à la liberté.

Ce débat s’inscrit dans l’émotion suscitée par de récents actes de violence.

Début novembre à Zurich, une adolescente de 13 ans a été violée par un groupe de garçons, presque tous d’origine étrangère.

En juin, une fillette de 5 ans a été violée par deux écoliers d’origine kosovare dans un village grison.

En janvier à Monthey (Vaud), une jeune fille a été défigurée lors d’un règlement de compte entre bandes rivales.

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