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D’étonnants frigos souterrains!

La glacière de Monlési, de quoi se rafraîchir en été… Keystone

Même en plein été, les Alpes n'ont pas l'exclusivité de la glace naturelle en Suisse. On en trouve aussi dans le massif du Jura, dont le sous-sol renferme des glacières.

Même en plein été, les Alpes n’ont pas l’exclusivité de la glace naturelle en Suisse. On en trouve aussi dans le massif du Jura, dont le sous-sol renferme des glacières.

L’entrée de cet endroit insolite se niche sur un plateau à 1100 mètres d’altitude, dans une forêt de sapins. Difficile d’imaginer qu’il y a de la glace à quelques mètres seulement au-dessous de nos pied alors que le mercure frise les 30 degrés en cette journée estivale.

Seul indice: on aperçoit, au fond d’un puits d’une vingtaine de mètres, un tas de neige.

Un chemin escarpé mène à l’entrée de la grotte. Pour le randonneur non accompagné, la visite s’arrête là. Mais pas pour Marc Lütscher, chercheur à l’Institut suisse de spéléologie et de karstologie (ISSKA).

Il met ses crampons et son casque muni d’une lampe frontale et plonge dans cet univers frigorifique par un passage voûté.

Formations de glace

Les visiteurs atteignent alors une langue glacière de 12 mètres d’épaisseur. Ces grottes sont appelées «glacières» afin de les différencier des fameux glaciers alpins.

La cavité de Monlési mesure 13 mètres de haut, 40 mètres de long et 20 mètres de large. Elle est presque entièrement remplie de glace.

D’étranges formations de glace émergent là où l’eau a lentement goutté à travers le calcaire. Plus loin, l’eau a fait fondre la glace, formant un espèce de moulin.

La masse de glace se compose de différentes couches. Le chercheur en a dénombré pas moins de 50 à Monlési. Marc Lütscher estime que la glace la plus ancienne date d’une centaine d’années.

Dans d’autres cavité, on a même découvert des bouts de bois incrustés dans la glace… Des bouts de bois qui dataient de plus de 1000 ans.

Changement climatique

Les glacières naturelles parviennent à fabriquer de la glace et à la conserver toute l’année, même en été. En hiver, la neige tombée s’accumule dans la cavité. Dès le mois d’avril, elle fond et se transforme alors en glace. A cela s’ajoute, l’eau d’infiltration qui se transforme aussi en glace.

Pas de danger donc pour cette curiosité naturelle lors des étés trop chauds. Par contre, si les hivers doux et secs – comme il en arrive de plus en plus souvent depuis les années 80 – persistent, «les glacières disparaîtront», prévient M. Lütscher.

Comme des frigos

La population locale connaît l’existence de ces glacières depuis des siècles. Celle de Monlési a été citée la première fois en 1545. Selon Marc Lütscher, il est vraisemblable qu’entre 1850 et 1915, les habitants de la région venaient y chercher de la glace pour la mettre dans leurs caves ou dans les laiteries.

Une légende raconte même que des blocs de glace étaient transportés du Jura jusqu’à Paris par le train. Mais il s’agit peut-être d’une rumeur, répandue par des lycéens dans les années 50.

Ils avaient cité des témoignages de l’époque dans leur travail de bac. Mais pour l’heure, personne n’a jamais pu vérifier l’existence de ce fameux trafic glacier transfrontalier…

swissinfo et les agences

La cavité de Monlési (NE) mesure 13 mètres de haut, 40 mètres de long et 20 mètres de large.
Elle contient 6000 m³ de glace.

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