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Des eaux vivantes pour multiplier les poissons

L'initiative veut améliorer le sort de rivières telles que la Broye, asséchée durant l'été 2003. Keystone

La Fédération suisse de pêche a déposé lundi plus de 160'000 signatures à l'appui de son initiative populaire «Eaux vivantes», demandant la renaturation des cours d'eau.

Les pêcheurs dénoncent le fait que 90% des cours d’eau sont endigués, ce qui menace la diversité des poissons suisses.

Lundi matin à Berne, la remise des paraphes à Chancellerie fédérale était entourée d’un lâcher de ballons marqués «signal d’alarme rouge».

«Nos poissons vont de plus en plus mal», a averti le président central de la Fédération suisse de pêche (FSP) Werner Widmer. Sur les 57 espèces que comptait la Suisse, 8 sont éteintes et 37 autres sont en danger ou menacées d’extinction.


Depuis 1980, les captures de truites ont diminué de 60%. Au pays des barrières fluviales artificielles, l’accès des poissons à leurs lieux de reproduction est souvent empêché, a critiqué le patron des pêcheurs.

Pour lui, la qualité de l’eau est généralement médiocre et favorise le développement de maladies. Et de pointer du doigt les centrales électriques qui induisent des crues artificielles.

Fonds cantonaux

L’initiative populaire des pêcheurs, soutenue aussi par le WWF, Pro Natura et la Fondation suisse Greina, vise à renverser la tendance. Elle exige l’assainissement des cours d’eaux et des zones riveraines dénaturés et la création de fonds cantonaux affectés à la renaturation.

Ses promoteurs revendiquent en outre l’extension du droit de recours des organisations de défense de l’environnement afin qu’elles puissent déposer des motions. Les Chambres fédérales sont de leur côté en passe de restreindre cet instrument.

Cours d’eau asséchés

Plus de douze ans après l’entrée en vigueur de la loi sur la protection des eaux, le bilan est très décevant, juge le comité d’initiative.

Pour le WWF, «Eaux vivantes» est un appel au devoir adressé aux autorités et exploitants de centrales hydroélectriques pour que les règlements sur les débits résiduels soient enfin modifiés.

L’assainissement des cours d’eau asséchés est en effet reporté depuis des décennies. Aucun autre habitat naturel n’a autant souffert de l’influence humaine, a renchéri Beat Jans, de Pro Natura.

Tous les grands fleuves et rivières de Suisse ont été rectifiés et endigués sur de grandes distances. Presque un cours d’eau sur cinq a même été enterré, disparaissant ainsi du paysage.

swissinfo et les agences

– Acceptée en votation à une très large majorité, la loi suisse sur la protection des eaux est en vigueur depuis 1992.

– Le texte fixe les débits résiduels des cours d’eau après leur passage dans une usine ou un barrage hydroélectrique.

– Une rivière devrait conserver assez d’eau pour que son équilibre biologique ne soit pas mis en péril.

– La loi s’applique aux nouvelles installations.

– Leurs utilisateurs ont généralement une concession de 80 ans et la loi ne peut être appliquée aux installations existantes. Juridiquement, une interdiction ou une réduction des prélèvements d’eau devrait être indemnisée.

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