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Des jeunes se mobilisent contre le cyber-suicide

Sur l'Internet, des sites incitent les adolescents à se suicider. Ils les aident même à trouver un partenaire candidat au co-suicide. A Genève, des jeunes de l'association Stop suicide s'en inquiètent et lancent une pétition contre cette nouvelle forme de propagande.

«L’Internet, c’est comme une autoroute: il permet de transporter aussi bien des ambulances que des criminels», lance Göran Kjellberg, pédopsychiatre à l’Unité d’étude et prévention du suicide, à Genève.

L’image est parlante. Ainsi, en matière de suicide, ce nouveau média est utile à la prévention. Par exemple, les sites de discussion offrent un contact plus simple qu’un entretien en face à face.

Mais d’autres sites morbides incitent au contraire les jeunes à en finir avec la vie. Alerté par des cas de passage à l’acte à l’étranger, Florian Irminger, coprésident de l’association Stop Suicide, a mené sa propre enquête. Il en a découvert sur des sites allemands et anglais.

Tout d’abord, on trouve des forums de discussion qui permettent notamment de trouver un partenaire avec qui franchir le pas. C’est le co-suicide, un phénomène qui serait en augmentation. En outre, un surfeur peut aussi commander les armes et des médicaments nécessaires à son triste dessein.

Du coup, l’association Stop Suicide, qui regroupe des jeunes, a lancé mardi une pétition contre ces sites. Ces adolescents souhaitent pousser le gouvernement genevois à déterminer l’ampleur de ce phénomène, et les possibilités de l’interdire. Autre but: sensibiliser la population.

Mais ces jeunes ne sont pas les seuls à s’inquiéter. C’est également le cas de Maja Perret-Catipovic, responsable de l’Unité de prévention du suicide à Genève. «Tout ce qui peut inciter au suicide, surtout dans des secteurs cachés comme l’Internet, est dangereux», confirme-t-elle.

Du coup, cette psychologue soutient les jeunes de Stop Suicide dans leur action: «S’ils estiment que ces sites sont dangereux pour leurs camarades, il faut les croire», conclut-elle.

En Suisse, le suicide est autorisé, mais le code pénal interdit l’assistance et l’incitation au suicide. Un délit qui peut aboutir à l’emprisonnement. Reste qu’il est très difficile de prouver qu’une personne a été incitée à se donner la mort…

L’Etat de Genève a conscience de ces difficultés. «Il existe déjà une cellule de lutte contre la cyberpédophilie, explique Christophe Friederich, en charge de la protection des données à Genève. Le Conseil d’Etat pourrait répéter l’expérience, s’il en a les moyens juridiques.»

Autre difficulté: les sites interdits en Europe peuvent trouver refuge sur des serveurs américains. Et restent disponibles sur l’Internet, en toute impunité.

Caroline Zuercher

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