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Des ONG et des entreprises au service des droits sociaux

Les entreprises - comme Migros - qui se soucient des droits sociaux des employés de leurs fournisseurs peuvent en tirer de grands bénéfices en termes d'image. Keystone Archive

Les entreprises et les Organisations non gouvernementales (ONG) suisses ont une responsabilité à l'égard des pays en développement. Selon le politologue genevois Antoine Mach, il faudrait qu'elles intensifient leur collaboration pour que les droits sociaux des populations concernées soient mieux respectés.

Dans une étude – dont les résultats ont été publiés cet été aux éditions universitaires de Fribourg – le chercheur a interrogé une quinzaine d’ONG et une dizaine d’entreprises et de multinationales helvétiques.

Antoine Mach a notamment rencontré des représentants de Migros, de Veillon et de Switcher. Autant de sociétés connues pour avoir mené des actions en vue d’améliorer les conditions de travail des employés de leurs fournisseurs.

Le politologue a également dialogué avec l’UBS, ABB et Nestlé, des multinationales qui se retrouvent fréquemment sous le feu des crtitiques des ONG pour leur manque d’engagement social.

Des intérêts communs

Son premier constat est sans surprise. Les entreprises sont généralement disposées à prendre des initiatives dans le domaine de la défense des droits humains, pour autant que leurs intérêts économiques n’en pâtissent pas.

«Aucune entreprise suisse n’est disposée à lâcher un marché rentable sous la pression des ONG, affirme Antoine Mach. En revanche, elles sont prêtes à soutenir des projets qui pourraient profiter aux deux parties.»

Malgré des points de vue très différents, ONG et multinationales peuvent et doivent développer des intérêts communs. Les unes, parce qu’elles ont besoin de financement privé pour mener leur action. Les autres parce qu’elles doivent impérativement soigner leur image.

«Aujourd’hui, rappelle Antoine Mach, les entreprises n’ont plus les moyens d’ignorer les critiques des ONG et les pressions d’une partie de l’opinion publique qui leur demande davantage d’engagement social.»

La voie du dialogue

«Certes, admet Antoine Mach, les entreprises qui s’engagent ne le font pas pour rien. En général, elles font de leur geste un argument de marketing. Mais, peu importe, s’il profite aux populations. Au lieu de condamner, les ONG devraient, au contraire, en profiter pour pousser les entreprises à en faire plus.»

Autre avantage. «Les ONG peuvent exiger plus de transparence de la part des entreprises qui intègrent la défense des droits sociaux dans leurs campagnes de communication», souligne le politologue genevois.

Pour les bénéfices des populations qu’elles entendent défendre, les ONG auraient donc tout intérêt à mieux collaborer avec les entreprises. Mais toutes ne l’entendent pas de cette oreille.

«Les ONG ont une image à cultiver, explique Antoine Mach. Et, certaines d’entre elles, pour des raisons idéologiques, persistent à dire que les multinationales sont une incarnation du mal. Malheureusement, ça ne fait pas toujours avancer les droits de l’homme.»

Un système d’évaluation

Le politologue suggère de valoriser les engagements des entreprises pour mieux les mettre en concurrence sur le terrain des droits sociaux. «Il faudrait, suggère Antoine Mach, développer un système d’évaluation qui rendrait compte de l’éthique et de la performance sociale de chacune d’entre elles.»

L’«éthicomètre» d’Antoine Mach permettrait de mesurer le niveau de responsabilité des entreprises sur la base de données économiques et sociales préalablement fixées. «Un travail de titan, admet le politologue. D’autant que la notion d’éthique diverge selon les cultures et les époques.»

Vanda Janka

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