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Des ordinateurs pour lutter contre le paludisme

Les parasites de la malaria sont véhiculés par la femelle des moustiques Anophèles. CDC

Deux mille usagers d'ordinateurs participent à un projet suisse visant à développer de nouvelles stratégies de luttes contre le paludisme.

L’Institut tropical de Bâle utilise le potentiel «dormant» d’ordinateurs privés pour modéliser la propagation de cette maladie qui tue plus d’un million de personnes par an.

Intitulé MalariaControl.net, ce projet est le résultat d’un partenariat – Africa@home – entre l’Institut tropical suisse (ITS), l’Université de Genève, le CERN et deux organisations non gouvernementales, la Conférence internationale des volontaires (ICV) et Informaticiens sans frontières (ISF).

Des études préliminaires ont débuté en novembre dernier à Bâle avec 40 ordinateurs servant à modéliser la propagation du paludisme en Afrique. En multipliant les simulations, les chercheurs vont mieux comprendre les effets de nouveaux traitements et pouvoir en améliorer l’efficacité.

Aider ne coûte rien

Comme le logiciel est gourmand en moyens informatiques et que les ressources des chercheurs sont limitées, l’idée consiste à utiliser le potentiel «dormant» des ordinateurs privés.

Les bénévoles peuvent télécharger gratuitement le programme qui réalise les calculs en arrière plan de leurs activités habituelles. Les résultats sont envoyés périodiquement vers un serveur de l’Université de Genève où des chercheurs les évaluent.

«Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à collaborer bénévolement. Nous sommes très satisfaits des réponses obtenues», a déclaré Nicolas Maire, chercheur à l’ITS.

Un projet de trois ans

Aujourd’hui, près de 2000 personnes participent au projet, a expliqué François Grey, au CERN. C’est plus que ce qui est prévu au niveau actuel de ce projet de trois ans.

Selon Nicolas Maire, jusqu’à 300 personnes se sont annoncées chaque jour, mais il estime que les besoins du projet vont s’accroître avec le temps. «Il y a là un énorme potentiel grâce à ce programme associé au calcul bénévole», a-t-il précisé à swissinfo.

«Il reste tant de potentiel non utilisé. Des centaines de millions d’ordinateurs sont connectés en permanence à Internet, mais la plupart sont engagés dans des tâches qui requièrent très peu de capacité de mémoire.»

S’il y a toujours un risque d’infection avec les téléchargements, François Grey souligne qu’aucun cas sérieux n’a été signalé jusqu’à présent.

De son côté Nicolas Maire précise que les chercheurs n’ont pas accès aux données personnelles des bénévoles, car c’est l’ordinateur lui-même qui est connecté au serveur de l’Université de Genève.

swissinfo

90% des victimes du paludisme se trouvent en Afrique sub-saharienne.
Chaque année, le coût de la maladie pèse de 15 milliards de francs sur le Produit intérieur brut (PIB).
Chaque année, il y a au moins 300 millions de cas de paludisme, provoquant plus d’un million de morts.

– L’Institut tropical de Bâle n’est pas le premier à recourir au potentiel des ordinateurs privés.

– La puissance de calcul constituée par un réseau d’utilisateurs privés est utilisée dans des buts divers, comme la recherche contre le cancer.

– Le projet le plus connu est le programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence), qui étudie les données collectées par le plus grand radio-téléscope au monde, à Arecibo, pour déceler une éventuelle civilisation extra-terrestre.

– Plus de 3 millions de personnes dans 226 pays participent à SETI, géré par l’Université de Berkeley aux Etats-Unis.

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