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Des signatures pour un moratoire sur les OGM

Les OGM, comme ici le maïs transgénique américain, font peur à de nombreuses organisations suisses. Keystone Archive

Une vingtaine d'organisations d'horizons divers ont lancé mardi une initiative «pour des aliments produits sans modification génétique».

Elle vise un moratoire de cinq ans sur l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture.

L’initiative dite stop OGM demande de renoncer durant une période de cinq ans au génie génétique dans l’agriculture.

Au cours de ces cinq ans, plantes, parties de plantes ou semences OGM ne pourraient pas être plantées ou importées dans un but commercial.

L’initiative entend également interdire le recours à des animaux transgéniques dans l’agriculture.

Les initiants se veulent également positifs: «Le moratoire devrait également nous inciter à rechercher d’autres solutions et à approfondir nos connaissances sur les risques encourus», affirme devant la presse la conseillère nationale Maya Graf (Verts/BL).

«L’initiative ne concerne que la plantation à des fins commerciales», souligne encore Mme Graf, présidente du Groupe suisse de travail sur le génie génétique (GTG), l’association qui assure la coordination générale de l’initiative.

La recherche n’est pas touchée par le moratoire et restera possible dans le cadre de prescriptions strictes.

Problématique de la recherche

Les radicaux pensent cependant que cette initiative populaire aura au moins des incidences indirectes sur la recherche.

Simonetta Sommaruga, présidente de la Fondation de protection des consommateurs, admet qu’il y aura des conséquences. A ses yeux, elles seront positives.

La conseillère nationale socialiste bernoise l’a dit, mardi, sur les ondes de la Radio suisse romande: «maintenant, on donne le temps à la recherche. Celle-ci doit faire son travail en toute indépendance, pas sous la pression de l’industrie qui veut tout de suite commercialiser les produits OGM.»

Echec parlementaire non digéré

Au total, une vingtaine d’organisations soutiennent l’initiative stop OGM : toutes les associations paysannes, un large spectre d’organisations de consommateurs, de protection des animaux et de l’environnement, ainsi que des milieux d’aide au développement.

En fait, avec leur proposition, les initiants veulent réintroduire le projet qui avait été refusé par les Chambres fédérales. Le Conseil des Etats, en 2001, et le Conseil national, en 2002, avaient rejeté toute idée de moratoire.

Pour les partisans du moratoire, il s’agit «simplement» de compléter la loi sur l’application du génie génétique dans le domaine non humain, dite Gen-Lex, bientôt prête au Parlement.

Marque «Suisse Qualité»

Parmi les associations qui soutiennent le texte figure l’Union suisse des paysans (USP).

Or en octobre 2002, l’USP affirmait qu’il était plus efficace de renoncer volontairement au génie génétique que de recourir à un moratoire. Son directeur Jacques Bourgeois n’y voit aucune contradiction.

«Nous voulons, déclare Jacques Bourgeois à swissinfo, continuer de produire selon les besoins du marché, c’est-à-dire sans organismes génétiquement modifiés»,

«Ce que nous avions voulu dire à l’époque, ajoute-t-il, c’est qu’il faut renoncer aux OGM sur la base du volontariat en mettant en place une marque ‘Suisse-Qualité’.»

Au travers de cette dénomination, «l’USP souhaite faire une marque d’origine pour que les consommateurs puissent faire leur choix en toute connaissance de cause».

Des discussions sont encore en cours, mais l’Union suisse des paysans espère pouvoir l’introduire en ce début d’année encore.

Récolte rapide de signatures

Selon les initiants, 70 à 80 % des consommateurs refusent des produits génétiquement modifiés dans l’agriculture et dans l’alimentation.

Raison pour laquelle ils se disent sûrs de récolter rapidement les 120 000 signatures requises. Le délai pour le faire est officiellement fixé au 18 août 2004.

«Suite aux différentes crises (antibiotiques, nitrates, dioxine, vache folle) qui ont fortement discrédité la population agricole, nous mesurons l’urgente nécessité d’être très critique à l’égard des sollicitations du progrès», fait remarquer à l’ATS le conseiller national Fernand Cuche (Verts/NE).

Simonetta Sommaruga souligne pour sa part «qu’il faut d’abord produire ce que les consommateurs veulent et ce qu’ils veulent ce sont des produits sûrs, les plus naturels possibles.»

swissinfo, Chantal Nicolet

– Le comité d’initiative compte 21 personnes, dont une quinzaine de conseillers nationaux, issus de cinq partis différents (PS, Verts, PDC, UDC, PEV).

– En font notamment partie:
– Maya Graf (Verts/BL).
– Fernand Cuche (Verts/NE).
– Marlyse Dormond (PS/VD).
– Valérie Garbani (PS/NE).
– Odilo Schmid (PDC/VS).
– Chiara Simoneschi (PDC/TI).
– Ruedi Aeschbacher (PEV/ZH).
– Josef Kunz (UDC/LU).

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